13-05-2015

[Ex] 19 - Les trois premières frappes d'Égypte

Exode 7:14-8:15 par : Père Alain Dumont
Quand le Seigneur, comme un Père, s'engage à sauver ses enfants de l'esclavage et de la mort.
Duration:12 minutes 57 secondes
Transcription du texte de la vidéo :  
Tous droits réservés.
Citation : mentionner : © Père Alain Dumont, La Bible en Tutoriel, http://www.bible-tutoriel.com/ + titre de l'article
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Bonjour,

Nous avons vu dans la dernière vidéo comment envisager l’ensemble des frappes, des frappes de guerre, ne l’oublions pas, destinées à libérer un peuple esclave. Rappelons-nous que c’est bien la première fois dans l’histoire qu’on assiste à un tel engagement de DIEU, l’engagement d’un Père vis-à-vis de ses enfants qu’Il va s’acharner à sortir de la toile, la structure de péché qui les retient esclaves.

Donc, voyons maintenant les frappes une par une.

– 7,14-25 : Première frappe

Comme on l’a encore dit dans la précédente vidéo, Moïse vient trouver Pharaon, littéralement, sur les « lèvres du Nil ». Comme si le Nil était une « bouche », le lieu d’où germait une parole divine fondatrice… de sorte que tous les matins, Pharaon allait au bord du Nil comme à la source de toute la vie de l’Égypte. Comme on va prier le matin pour recevoir de DIEU l’inspiration du jour. N’oublions pas que, pour l’Égypte, l’harmonie du monde, des cycles de l’univers, dépend de la connexion entre Pharaon et les divinités qui protègent et qui soutiennent le pays. Déjà là, on nous prévient que ce qui va se passer va être très fort, puisqu’on va toucher aux fondements de la vie de l’Égypte, des fondements qui vont bientôt être complètement ébranlés.

Moïse le rejoint avec le fameux bâton de DIEU : donc là, plus encore qu’avec les sauriens (qui venaient du bâton de Aaron confronté au bâton des magiciens), ce sont deux puissances souveraines qui vont s’affronter. Car Pharaon lui-même a son HÉKA en main lors de son rituel matinal. Et ce matin-là, ce n’est pas le Nil qui parle, mais c’est Moïse ! Moïse qui annonce, au nom du Seigneur, la prochaine frappe : le Nil sera changé en sang !

C’est alors que AaRôN entre à nouveau en scène avec son bâton à lui, qu’il plonge dans le Nil qui s’ensanglante. C’est terrible ! On est en train de nous dire que le Nil, le fleuve primordial, source de toute la vie de l’Égypte, devient source de mort ! Jusque dans les récipients qui en contiennent l’eau !!! Qu’est-ce que c’est que ce sang ? Ça pourrait bien être le sang de tous les mâles que Pharaon a jetés dans le fleuve ! Rappelez-vous ce que DIEU dit à Caïn lorsqu’il a tué son frère au ch. 4 de la Genèse : « La voix des sangs d’Abel crie vers moi depuis le sol ! ». Ici, la voix du sang des mâles de l’Égypte crie vers le Seigneur depuis le Fleuve Primordial, le Fleuve des origines à partir duquel, dans la mythologie égyptienne, tout a été créé : l’Univers, la terre, les dieux, les hommes… tout ! Mais on peut aussi comprendre que si Pharaon, dans sa situation de médiateur entre l’Égypte et ses dieux protecteurs, est le garant de la fécondité du Nil ; et si précisément le Nil, source de vie, devient sang, source de mort, c’est donc que Pharaon est directement mis en cause dans l’institution de son pouvoir, dans le fondement même de sa royauté !

Est-ce qu’il sera capable d’entendre le Signe, qui est déjà d’une force extrême ? La frappe dure une semaine, dit le v. 25. Et comment réagit-il ? À son niveau, c’est-à-dire de pas bien haut : celui de la magie… Que font les magiciens ? On aurait attendu qu’ils essayent d’enrayer le processus, mais non : ils imitent le DIEU des Hébreux à leur insu… Ils ajoutent du sang au sang… Pas de quoi rassurer Pharaon, qui s’en retourne — il faudrait dire qui se DÉTOURNE du Signe, et refuse d’écouter Moïse, c’est-à-dire d’écouter HaShèM. Et on peut même interpréter le v. 24, comme une sorte d’œil pour œil, dent pour dent : Pharaon a voulu que les UBRUS aillent chercher la paille au loin ; eh bien : voici que les Égyptiens iront à leur tour chercher au loin ce qui ne leur est plus livré, à savoir cette fois l’eau, si précieuse dans le désert et que le patriarche Joseph, en son temps, avait si bien su dompter au profit de l’Égypte tout entière. On peut dire que c’est un premier désastre. Ce n’est malheureusement que le premier, qui semble tomber à plat. Sans effet.

– 7,26-8,11 Deuxième frappe

Vient alors la deuxième frappe. Même scénario. À nouveau, AaRôN étend son bâton, et voici que, toujours du Nil, émergent des milliards de grenouilles, littéralement, sur « toutes tes frontières », GeVouLéKha. Alors nous, on s’attache aux grenouilles, parce qu’on est comme les Égyptiens : on est faciné par le prodige, et on se dit que c’est répugnant. Alors que le mot important ici, ce n’est pas tellement les grenouilles, mais c’est la FRONTIÈRE : voilà l’Égypte fragilisée à ses frontières ! Et c’est grave, parce que ça signifie que le pays est fragilisé dans ce qui fait son intégrité ; dans ses protections mêmes. Donc voici l’Égypte à la merci des nations ennemies ! Alors les magiciens s’y remettent, et là c’est drôle ! Tout le monde se gausse : Encore une fois, ils imitent le prodige et en rajoutent : ils rajoutent des grenouilles, et on imagine Pharaon qui leur dit : « Mais qu’est-ce que vous faites !?! » Alors là, il est bien obligé de se dire que HaShèM, le DIEU inconnu jusqu’alors, est plus puissant ! Alors, avec son langage à lui, il demande à Moïse, non pas tant d’implorer HaShèM que de faire pression sur Lui. Avec la promesse d’obtempérer… Et Moïse d’insister : Le SEIGNEUR est notre ÉLoHîM ; c’est-à-dire fameux ELoHîM que Pharaon ne connaît pas, et pour cause : Il n’appartient pas au panthéon égyptien — ni à aucun autre d’ailleurs ; Cet ÉLoHîM-là échappe totalement à Pharaon ! Pire : Il agit en faveur des UBRUS, et donc contre l’Égypte ! Et puisque Pharaon ne connaît que la loi du plus fort, eh bien : c’est cette loi que HaShèM applique, et là, Pharaon va y laisser sa peau ! Et la peau de toute l’Égypte ! Quelle folie !

Enfin… Donc Moïse intercède et la frappe cesse. Sauf qu’évidemment, le fléau écarté, Pharaon appesantit son cœur une nouvelle fois… Il se dit : c’est passé, l’Égypte est toujours là, pourquoi changer ? Rien de nouveau sous le soleil : c’est exactement ce qui se passe pour nos dirigeants actuels ! Tout s’effondre, mais ils n’attendent qu’une chose, c’est que tout redevienne comme avant. Ils disent bien, quand ça s’écroule, qu’il faut « changer », « réformer », mais dès que ça s’apaise, surtout ne changeons rien ! Et surtout ne nous abaissons pas à venir prier le DIEU des juifs ou des chrétiens ! Vous pensez ! Quelle honte pour les tenants de la déesse de la raison ! Voilà… encore une fois, la Thora, c’est le manuel pour comprendre le présent, et surtout convoquer à la conversion ! Ce n’est pas un manuel d’histoire pour savoir ce qui s’est passé autrefois : c’est un récit qui nous parle d’AUJOURD’HUI ! Et qui convoque à la conversion : Il s’agit d’écouter le DIEU Sauveur… toujours la même chose !

– 8,12-15 : troisième frappe

Vient la troisième frappe. Cette fois, pas d’avertissement ! AaRôN doit reprendre son bâton et frapper, non pas tant la poussière que l’ « HUMUS » de la terre qui va se transformer en VERMINE, KeNîM en hébreux, meilleure traduction que « moustiques ». Et là, cette VERMINE se répand sur les hommes et sur les bêtes, sans que nul ne soit épargné. De ce point de vue, les films de science-fiction en 3D, ou ceux qui font resurgir des momies antiques avec tous les fléaux qui les accompagnent, n’ont rien inventé ! SI vous êtes en manque d’effets spéciaux, économisez vos sous ! Inutile d’aller au cinéma : lisez la Bible ! Tout y est ! Ici, l’HUMUS ne concerne plus l’eau, mais la terre ; et la terre dans sa capacité de germer. C’est encore Pharaon qui est atteint dans sa puissance fécondante de la terre d’Égypte.

Et là, il faut bien comprendre : Pharaon perd toute légitimité aux yeux des Égyptiens qui sont tous atteints par la vermine. Et à travers cette vermine, l’Égypte est atteinte jusque dans son CULTE, puisque pour approcher les dieux, rappelez-vous : il faut des prêtres parfaitement purs, beaux, pour ne pas souiller les divinités qu’ils approchaient. Une pureté qui concernait toute personne qui travaillait dans les temples répartis dans tout le pays. Les prêtres égyptiens se lavaient deux fois par jour et deux fois par nuit. Ils se rasaient la totalité du corps, ils étaient circoncis, s'abstenaient de toute relation sexuelle plusieurs jours avant d'entrer dans le temple, ne portaient pas de vêtement en laine ni en cuir, mais en lin ; le lin, c’est-à-dire ce textile emblématique de toute l’Antiquité égyptienne. Un tissu naturellement thermorégulateur qui savait souligner, par sa transparence, l’esthétique des corps ! Un lin d’un blanc pur et d’une résistance remarquable : l’ultime vêtement de l’éternité pour « accompagner » l’immortalité de l’âme. Fini tout ça !

Donc, devant ce fléau, il faut imaginer la frayeur qui s’abat : tout le monde fuit face à cette pustulence généralisée que les magiciens se voient incapables d’éradiquer. « C’est le doigt de DIEU ! », disent-ils ! Donc les magiciens reconnaissent là une puissance qui dépasse les dieux de l’Égypte. Mais rien n’y fait : Pharaon ne convoque même pas Moïse et Aaron. C’est le doigt d’un dieu ? Et alors ! Dans le fond, ce n’est que le doigt, pas la main ! Ça passera ! Et de fait, pas besoin de l’intervention de Moïse, semble-t-il… Le récit n’en dit pas plus.

Alors il faudra à nouveau que Moïse soit renvoyé sur les bords du Nil, au grand matin, pour apostropher Pharaon. Ce sera la 4e frappe, la première d’un nouveau cycle de trois frappes d’une autre nature, un cran plus haut.

Nous verrons cela la prochaine fois.

Je vous remercie.
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