05-11-2014

[Gn] 6 - Le sacrifice de l'Alliance

Genèse 15 par : Père Alain Dumont
Abraham offre un sacrifice à DIEU pour que soit scellée la promesse que DIEU lui a faite de lui donner la terre en héritage ainsi qu'une descendance.
Rubrique :Abraham
Duration:12 minutes 16 secondes
Transcription du texte de la vidéo :

(Voir la vidéo : http://www.bible-tutoriel.com/le-sacrifice-de-l-alliance.html )

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Pour une citation, mentionner : © Père Alain Dumont, La Bible en Tutorielhttp://www.bible-tutoriel.com/ + titre de l'article

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Bonjour,

Continuons :

DONC le Seigneur est « le bouclier d’Abram » (Gn 15,1).

Il est le DIEU qui l’a fait « sortir d’OUR des Chaldéens pour lui donner cette terre en possession » (Gn 15,7)

Il s’agit de la terre de Canaan.

Seulement voilà, il ne suffit pas de faire un serment.

Il faut SCELLER ce serment. Et c’est ce que demande Abram.

C’est vrai pour tout serment : un serment qui n’a pas été scellé est une parole en l’air.

Aujourd’hui, on scelle les serments par des documents écrits. Ce sont par exemple les TESTAMENTS, comme on est en train de lire le TESTAMENT de l’ALLIANCE du DIEU Très Haut. La Bible n’est pas qu’une bibliothèque : c’est un TESTAMENT, un ACTE NOTARIÉ. Vous voulez savoir de quoi vous êtes les héritiers ? Lisez le TESTAMENT. « Nul n’est sensé ignorer la loi », comme on dit. Eh bien : quand on a la foi, nul n’est sensé ignorer le TESTAMENT où DIEU a scellé son ALLIANCE avec celui qu’IL a élu.

Il n’est pas encore question, à l’époque d’Abram, de faire un écrit.

En revanche, à cette époque, on scelle les contrats par des SACRIFICES.

Pourquoi des sacrifices ? Parce qu’en tout cela, il est question de VIE. Et là où il est question de VIE, il est question de mort, il est question de sang. Mais on ne tue pas n’importe comment ! AUJOURD’HUI, on tue n’importe comment, dans les abattoirs. AUJOURD’HUI, les nations dans l’opulence sont dans la barbarie. Qu’est-ce que cette génisse à côté des milliards de bestioles qu’on électrifie dans les abattoirs pour jeter ensuite le surplus dans les poubelles ? Celui qui ose dire que la Bible est violente ferait bien de regarder le monde dans lequel il vit. Car la BIBLE n’est pas violente : elle circonscrit justement la violence pour qu’elle ne déborde pas. Et croyez-moi, il y a du boulot ! Aujourd’hui, on croit — surtout en Occident — qu’il suffit de ne pas voir la violence pour considérer qu’on vit en paix. Or justement : nous ne voulons plus VOIR. Nous ne voulons plus ÉCOUTER. Et dès lors, la violence déborde autour de nous de toute part, non seulement sur les animaux, mais maintenant sur nos propres enfants, nos propres familles, nos anciens et tous ceux qui, précisément, sont autant de lieux où DIEU nous appelle à nous dépasser.

Donc, OUI, l’ALLIANCE est scellée dans un SACRIFICE. Non pas les sacrifices qui sont sensés apaiser la fureur de la divinité : ça, se sont les sacrifices aztèques du Mexique, en haut des pyramides pleines qui ont beaucoup en commun avec les ziggurats mésopotamiennes. Le sacrifice d’Abram est là pour dire que l’ALLIANCE qui est scellée touche LA VIE. C’est quelque chose de viscéral. Cela touche la CHAIR.

Les ignorants diront : alors pourquoi ne pas sacrifier des enfants ? Terrible question de ceux qui ont réduit les hommes au rang des animaux. Le sacrifice humain est la pire abomination qu’on puisse accomplir ! Cela se pratique en Canaan à l’époque, mais précisément : Abram sort de cette abomination. Quand Abram tu la génisse, la chèvre, le bélier, la tourterelle et le pigeon, il le fait avec RESPECT. Il sait qu’il accomplit là un geste qui n’est pas anodin. Oui, c’est violent : mais ce n’est pas une violence aveugle. NOUS sommes dans une violence aveugle. Lui, NON. Nous avons oublié le respect de la VIE. Abram, NON. Or l’ALLIANCE qui va être scellée, TRANCHÉE — karat berith — qui va engager la VIE.

Comprenons bien : il y a là toute la question du RITE. On a fait du rite un « ensemble de règles » : Larousse : « Ensemble de règles fixant le déroulement d’un cérémonial quelconque ». Le mot terrible ici est « quelconque ». La VIE n’y est plus : c’est la définition du ritualisme et non du rite. Le rite, c’est ce qui engage la VIE. Ce qui engage la relation. Un rite est un geste qui engage ou conclut une relation. Un serrement de main engage une relation. Un repas engage une relation — sinon, c’est de la mal bouffe —. Et que je sache, quand on mange un steak, il a bien fallu qu’une génisse passe par là… qui a été tuée de manière « quelconque », sans RITE : barbarie ! Et se mettre à table sans penser à bénir Celui qui est la source de la VIE : voilà la barbarie. Nous ne voulons plus voir la VIOLENCE qui est inscrite dans notre existence. Ne voulant plus la voir, elle déborde de tous les côtés. Là où il n’y a plus d’ALLIANCE scellée, l’homme est soumis à l’esclavage de la violence qui est en lui. Le seul moyen d’en sortir, c’est de laisser DIEU nous en sortir. Alors surgit la VIE, féconde en surabondance, comme les étoiles dans le ciel.

DIEU entre en relation avec Abram. Et il y entre à travers un RITE pour bien marquer que cette relation est une relation de VIE. Une relation qui engage Abram comme un PÈRE : le père de ceux qui ont la foi, qui voient la violence qui est en eux, mais qui la déposent en DIEU pour qu’elle ne déborde pas anarchiquement sur la création et sur l’humanité.

Abram n’est pas extérieur à ce qui se passe. C’est une pratique ancestrale qui consiste à trancher les animaux en deux. Les contractants passent entre les morceaux et, par le fait même, s’assimilent aux victimes qui les représentent et dont l’immolation anticipe le sort réservé au parjures de cette alliance.

Une fois les animaux tranchés — sauf les oiseaux, comme le demande le Livre du Lévitique qui régit les sacrifices en Israël —, il se passe un événement prodigieux. Comme une recréation.

Le soleil se couche.

Abram tombe dans une torpeur… La même « torpeur » qui tombe sur Adam au moment de la création de la femme. C’est un moment où l’homme, en quelque sorte, meurt, parce que ce moment ne lui appartient pas. DIEU seul agit, parce que là surgit la VIE. Une VIE sur laquelle l’homme n’a aucune prise quant à son origine, son surgissement.

Abram est en totale obscurité. On comprend sa terreur ! C’est la mort, mais une mort où DIEU est présent. Une mort où Abram ne restera pas. Une mort de l’Homme là où DIEU seul est VIE. Une remise de soi à DIEU, source de la VIE.

Survient une annonce : DIEU va donner une descendance à Abram, mais cette descendance sera esclave dans une terre étrangère. Ils reviendront sur cette terre au bout de 400 ans seulement, date à laquelle les habitants de cette terre auront mérité de la perdre. C’est un peu compliqué, mais c’est comme ça : DIEU est aussi le DIEU des nations. À elles aussi est donné une terre, mais leur faute fait qu’ils ne peuvent la garder à perpétuité. DIEU les chassera, et ce sera pour installer un peuple de la descendance d’Abram. Non pas parce qu’il est « meilleur », mais parce que ce peuple sera chargé de porter la promesse que l’ALLIANCE va maintenant sceller.

Le soleil est couché, et un brandon de feu traverse les morceaux des victimes du sacrifice… Et l’ALLIANCE est conclue. Vous remarquez ? DIEU seul traverse. DIEU seul s’engage ! Et il fait alors une promesse : il décrit la terre sur laquelle résideront ses descendants, qui correspond à peu près à l’itinéraire qu’a parcouru Abram qui est descendu en Égypte et est remonté au-delà de Damas lorsqu’il poursuivait les rois qui s’étaient abattus sur LOT.

Rien n’est encore dit d’un fils, ou d’une naissance. Abram est toujours l’élu, l’époux de Saraï, le béni des Nations, mais il n’est toujours pas père… Le suspens est à son comble !!!