17-05-2015

[Ex] 23 - Annonce de la 10e frappe

Exode 11:1-10 par : le père Alain Dumont
Comme si la Torah hésitait encore à faire intervenir la 10e frappe, tellement elle est terrible... Il n'est plus temps de se convertir pour Pharaon.
Duration:6 minutes 51 secondes
Transcription du texte de la vidéo :  
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Citation : mentionner : © Père Alain Dumont, La Bible en Tutoriel, http://www.bible-tutoriel.com/ + titre de l'article
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 Bonjour,

Après avoir fait le point sur les enjeux des récits tels que nous les rapporte la Torah, il nous faut attaquer la difficile lecture de la 10e frappe sur l’Égypte avant que puissent enfin sortir les fils d’Israël.

Nous sommes au ch. 11, un chapitre très court qui constitue d’abord L’ANNONCE de la dernière frappe. Si le récit prend le temps d’annoncer l’événement, c’est qu’il faut ÉCOUTER cette annonce très attentivement. D’abord, notez qu’on n’a pas dit que Moïse était sorti de chez Pharaon : donc tout ce qui est ici raconté se passe dans l’espace du palais royal. Ce n’est qu’au v. 8 qu’on nous dira que Moïse sort, la « NARINE FULMINANTE », comme un taureau en colère prêt à charger ! L’Hébreu est toujours très concret lorsqu’il parle des sentiments.

Dans une sorte de motion intérieure, HaShèM donne une mission à Moïse auprès du peuple pour lui parler « à l’oreille ». Cela ne veut pas dire qu’il doit chuchoter, mais c’est une injonction à PRÊTER L’OREILLE à ce qui va être dit. L’oreille est l’organe de l’écoute, et ce qui vérifie la véritable écoute n’est autre que l’obéissance. C’est particulièrement net en latin par exemple : audio = écouter : obœdio = obéir, qui a donné obédience, c’est-à-dire l’obéissance à une autorité.

Bref. Surgit alors le v. 2 qui nous met un peu mal à l’aise… « Que chacun demande à son voisin des objets d’argent ou d’or »… sans plus d’explication, si ce n’est au nom de la reconnaissance de la grandeur de Moïse : « L’homme qu’était Moïse était très grand aux yeux des serviteurs de Pharaon et aux yeux du peuple. ». Une grandeur qui n’est pas celle d’un magicien — auquel cas on ne parlerait pas de grandeur mais de puissance —. Cette grandeur désigne sa position de GRAND en Égypte. Grandeur à laquelle répond parfaitement le titre de Grand Administrateur d’un sanctuaire prestigieux aux yeux de toute la population, comme l’était celui de Joseph-Aménophis. Et à bien lire, Moïse est « très grand » aux yeux de TOUTE l’Égypte SAUF… aux yeux de Pharaon, qui « ne veut rien savoir de Joseph », comme le disait si fortement l’introduction du livre. Dès lors, à travers cette motion, HaShèM signifie à Moïse que Pharaon est désormais absolument seul dans son endurcissement. Et donc il porte la responsabilité pleine et entière de ce que toute l’Égypte, par sa seule faute, va subir !

Donc revenons maintenant au fait que le peuple trouve grâce aux yeux des Égyptiens au point de « leur demander des objets d’or et d’argent ». Cela s’entend tout simplement d’une restitution de ce qui leur a été spolié. Il suffit de repenser à ce qui s’est passé avant et pendant la deuxième guerre mondiale ! Les juifs n’ayant pas droit de cité, on les a dépouillés de leurs biens sans état d’âme ; et après la guerre, il a fallu rendre, une restitution qui n’est d’ailleurs pas encore pas terminée. Et on ne nous parle pas d’autre chose ici : à part Pharaon, nul ne considère plus les Fils d’Israël comme esclaves, et on leur restitue leurs biens.

Après ça, retour à la réponse de Moïse à Pharaon au v. 4, dans la suite de la fin du ch. 10. On retrouve le thème de la nuit : « Au milieu de la nuit, Je vais sortir », dit HaShèM. Toujours le thème du Salut qui surgit au milieu des ténèbres. Désormais c’est le grand jeu : HaShèM n’envoie plus seulement de la grêle ou des sauterelles : il sort EN PERSONNE ! Notez ici qu’on ne parle d’aucun ange exterminateur. Et là, on est choqué, parce que cette sortie signe la mort de tous les mâles premiers-nés de l’Égypte ! Sauf qu’à bien lire, HaShèM ne dit pas qu’il va « tuer » les premiers-nés de l’Égypte, mais qu’ils mourront du seul fait de sa sortie à travers le pays. Rappelez-vous ce qu’il dira à Moïse sur le Mont Sinaï : « Nul ne peut voir ma Face et vivre ! ». C’est ce qui va se passer… DIEU va se manifester aux mâles premiers-nés, c’est-à-dire ceux qui, dès l’époque de l’Égypte, étaient voués aux dieux, et en particulier à AMÔN-RÊ ; qu’il s’agisse des premiers-nés des hommes ou du bétail. L’enjeu est donc bien la débâcle de la théogonie égyptienne, comme le dira Ex 12,12 : « Cette nuit-là, je jugerai tous les dieux de l’Égypte, moi, HaShèM». D’une certaine manière, en se présentant à tous ceux qui ont été voués aux dieux de l’Égypte, voilà que le vrai DIEU se manifeste, et ils en meurent ; et dans la mesure où ces premiers-nés sont les garants de la pérennité de l’Égypte face à AMÔN-RÊ, leur mort signe la fin irrémédiable de cette civilisation qui refuse, à travers Pharaon, qu’émerge d’elle un peuple porteur d’une élection que l’Égypte s’était appropriée.

Terminons ce passage charnière en remarquant que la « fulmination de narines » de Moïse est aussi celle du SEIGNEUR dans la mesure où tant de violence aurait pu être évitée si Pharaon ne s’était pas obstiné. Mais que voulez-vous, quand vous décidez de devenir le bras armé du mal, il faut s’attendre à ce que ce mal vous mette sous son emprise et reflue sur vous au moment où le COMBLE du mal a été signé. Ce moment est arrivé, et Pharaon ne pourra s’en prendre qu’à lui-même, puisqu’il refuse définitivement que HaShèM lui fasse miséricorde.

Voilà. Je vous laisse lire ce chapitre, et nous verrons le suivant la prochaine fois.

Je vous remercie.

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