05-11-2014

[Gn] 7 - Un fils pour Abraham

Genèse 16-17 par : Père Alain Dumont
Saraï donne sa servante Hagar à Abram pour lui donner le fils tant attendu. Guerre entre les deux femmes, mais naissance d'Ismaël. Abram devient Abraham pour marcher devant DIEU et être parfait. Correction: Concernant la ARABA, il ne s'agit pas de la "péninsule" de la Araba mais la VALLÉE de la ARABA. Pardon pour le lapsus.
Rubrique :Abraham
Duration:10 minutes 24 secondes
Transcription du texte de la vidéo :

(Voir la vidéo : http://www.bible-tutoriel.com/un-fils-pour-abraham.html )

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Pour une citation, mentionner : © Père Alain Dumont, La Bible en Tutorielhttp://www.bible-tutoriel.com/ + titre de l'article

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Bonjour,

Le chapitre 15 nous introduisait dans l’Alliance d’Abram avec le DIEU Très-Haut, avec toujours cette promesse : Regarde le Ciel et dénombre les étoiles si tu peux les dénombrer : ainsi sera ta descendance.

16

Certes. Seulement voilà, le ch.16 commence ainsi : Saraï ne lui avait pas donné d’enfant.

Et là, elle va décider de faire ce que nous faisons souvent : donner un coup de pouce à la Providence.

Elle va s’appuyer sur une ancienne tradition de Mésopotamie — vous vous rappelez qu’Abram vient de Our et qu’il transporte avec lui toute cette culture que résumait le code d’Hammourabi — qui permettait à une femme stérile (c’était toujours les femmes qui étaient stériles, jamais les hommes !) de donner à son mari une esclave comme « mère porteuse », dirait-on aujourd’hui, et de reconnaître l’enfant comme le sien. On retrouvera cela avec Rachel, la femme aimée de Jacob qui était elle-même stérile. Par pitié, pas de jugement a posteriori sur cette pratique ! À l’époque, la chose était admise, parce qu’il fallait avoir de nombreux enfants pour assurer la postérité et la sécurité des clans. Pour abandonner cette pratique, il faudra avoir une solide confiance en DIEU et en ses promesses !

Toujours est-il que le nom de cette femme est HAGAR — proche du nom des Hagrites, qui étaient des tribus arabes nomades du Nord de la péninsule arabique. La Araba, c’est l’immense vallée qui trace la faille géologique qui court du sud de la Mer Morte au golfe d’Akaba. À l’Est s’ouvre toute la péninsule Arabique. On en parle des Hagrites en 1Chr 5 comme tribus ennemies.

Bref.

Toujours est-il que c’est la solution qui, à vues humaines, paraît la meilleure. Voilà 10 ans qu’Abram est en Kanaan, il a donc 85 ans, encore bien vigoureux apparemment — rappelez-vous que nous sommes dans un récit mythique, et que de tels chiffres vous disent une chose simple : Abram est rassasié de jours, signe de sa bénédiction.

Arrive alors ce qui devait arriver : Hagar ne se sent plus, méprise sa maîtresse et plutôt que d’arranger les affaires, la fertilité de l’une met en évidence la stérilité de l’autre. Saraï se plaint à Abram, et Abram commet une erreur magistrale : il livre Hagar aux mains de Saraï !!! Et ça, à ne jamais faire !!! Rien de pire que la violence des femmes quand aucun homme n’est là pour l’endiguer ! La colère féminine est bien plus terrifiante que la colère masculine… pourquoi ? Parce que là encore, il est question de Vie, et que la Vie est anarchiquement violente. La femme porte la vie en elle, et donc une part de sa violence, qui peut être d’un courage extrême — tel que peu d’hommes en sont capables —, mais qui, lorsqu’elle est laissée à son débordement, dépasse en furie tout ce qu’on peut imaginer. Pensez aux Soldes ! (Je plaisante !)

je vous laisse imaginer les humiliations que Saraï fait subir à Hagar, tant et si bien que la seule solution est la fuite.

Or, alors qu’elle arrive à un puits dans le désert, l’Ange du Seigneur vient et lui dit de retourner sous le joug de Saraï : elle donnera la vie à un fils du nom d’Ismaël qui sera le premier d’une descendance innombrable, une peuplade d’hommes rudes, vagabonds, batailleurs : les Arabes (à ne pas confondre avec les musulmans !)

À nouveau : DIEU a parlé en un lieu, et ce lieu doit être rituellement marqué. Hagar donne un nom à ce lieu : ATTA-EL-ROÏ : Tu es un DIEU qui voit / se laisse voir… Désormais, ce puits s’appellera Lahaï-Roï : rien ne doit rester sans signification. Les lieux font partie de la structuration de la mémoire de ces peuples antiques, chose qu’aujourd’hui, on a totalement oublié, ce qui n’est pas sans conséquences.

Quoi qu’il en soit :

Hagar enfante un fils, on lui donne le nom d’ISMAËL — DIEU ENTEND.

Abram a 86 ans : l’histoire suit son cours. Mais on voit qu’elle est tout imprégnée du concret de l’humanité. Comme disait saint François de Sales, Partout où il y a de l’homme, il y a de l’hommerie.