20-11-2016

[Lv] 30 - Choisir d'obéir

Levitique 20:1-27 par : le père Alain Dumont
Pourquoi tout un chapitre est-il dévolu aux sanctions promises à ceux qui désobéiront aux commandements de l'alliance ?
Et si ces sanctions étaient là pour nous prémunir de la mort qui reste toujours aux aguets pour nous saisir ?
Duration:23 minutes 31 secondes
Transcription du texte de la vidéo :
(Voir la vidéo : http://www.bible-tutoriel.com/choisir-d-obeir.html)
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Citation : mentionner : © Père Alain Dumont, La Bible en Tutoriel, http://www.bible-tutoriel.com/ + titre de l'article
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Bonjour,

Nous ouvrons aujourd’hui un chapitre qui peut paraître pas très joyeux, puisqu’il s’agit essentiellement de sanctions. Là, les lecteurs que nous sommes sont évidemment mal à l’aise parce que reviennent à la mémoire les images d’un DIEU qui punit, un DIEU jaloux de son pouvoir qui fait peser sur les hommes le joug d’une loi implacable : « Si vous n’obéissez pas, vous irez en enfer ! » Le fameux regard inquisiteur de DIEU sous lequel, à l’âge de 11 ans, Jean-Paul Sartre décidera de ne plus jamais paraître au nom de la liberté. Et il faut bien admettre que les catéchismes de son époque n’étaient pas exempts d’excès en ce sens, pour des raisons qu’il ne nous revient pas d’analyser ici et encore moins de juger !

En ce qui nous concerne, et pour bien comprendre ce chapitre, je vous rappelle l’importance de la notion du CADRE. La vie ne peut se déployer qu’au sein d’un CADRE, un cadre où la vie se reçoit et se transmet. Dès lors, déborder du CADRE, c’est recevoir et transmettre la mort de la même manière, souvenons-nous, que les berges d’un fleuve sont le CADRE qui permet à l’eau de suivre son cours vers la mer et d’héberger la vie. Que l’eau sorte des berges et elle n’est plus qu’une masse inerte qui submerge tout et devient porteuse de mort. Au demeurant, c’est exactement comme ça que la Bible se réfère à l’eau : traverser la Mer des Roseaux, c’était traverser la mort puisque la mer est une masse d’eau sans rive en quelque sorte ; alors que se plonger dans l’eau courante d’un ruisseau ou d’une rivière, c’est être plongé dans la vie, et notamment la vie qui purifie ! Donc le Lévitique met en place le CADRE de l’élévation à travers les lois des Offrandes, l’institution des prêtres et les rites de pureté : autant de déterminations qui comprenaient elles-mêmes leurs sanctions. Et donc il est naturel que la loi de Sainteté présente les sanctions qui s’adressent à tout homme inscrit dans l’Alliance : si tu débordes du cadre, tu ne pourras pas être élevé par HaShèM ! D’une certaine manière, pour reprendre les termes du Christ : qui s’élève en sortant du cadre sera abaissé, mais qui s’abaisse en acceptant les règles du cadre — en l’occurrence le cadre du MiShKâN, du Tabernacle ; dit autrement : qui accepte d’obéir aux lois de la vie décrétées par HaShèM en vue des Noces éternelles, celui-là sera élevé ! Comment ça ? Mais par la participation aux offrandes bien entendu ! Il ne s’agit pas d’une élévation purement morale ou idéologique, pas plus d’ailleurs qu’avec le Christ !

Toujours est-il que quand le texte, on va le voir, décline les débordements possibles, son but n’est pas d’établir un catalogue de punitions mais, fort d’une histoire pleine d’expériences, le Lévitique passe en revue les situations qui, objectivement, sont incompatibles avec l’Alliance de HaShèM. C’est donc très honnêtement qu’il énonce les sanctions. Des sanctions validées par tout fils d’Israël qui accepte de répondre à la convocation de HaShèM à entrer dans cette dynamique de vie qu’est l’Alliance ! Dit encore autrement, choisir de vivre DANS le CADRE de l’Alliance en ayant foi en HaShèM s’appelle le COURAGE dont la sanction est la LIBERTÉ. SORTIR du CADRE pour n’en faire qu’à sa tête sans en référer à personne s’appelle la TÉMÉRITÉ dont la sanction est l’ESCLAVAGE. J’essaye de vous tourner ça dans tous les sens pour que vous effaciez de votre imaginaire toute idée de punition ou de châtiment comme disent les sous-titres de vos Bibles. Parler de SANCTION n’est pas parler de punition : il n’y a de punition que lorsque le cadre MANQUE ou n’a pas été validé par toutes les parties. Ça, c’est un principe de base de toute éducation, de tout gouvernement. Alors ceci dit, le cadre une fois institué, si c’est un cadre de vie, va évoluer : comme le cadre du désert va évoluer pour devenir le cadre de la Terre de la Promesse, puis le cadre de la Diaspora juive ou le cadre de l’Église chrétienne. MAIS c’est toujours le MÊME CADRE : le cadre de l’Alliance, le cadre du MiShKâN qui sait s’adapter. Un cadre qui ne s’adapte pas est un cadre de mort, un cadre qui rend esclave ceux et celles qu’il emprisonne et là : FUYEZ ! Du coup, dans la mesure où établir un CADRE comporte NÉCESSAIREMENT la mise en place des sanctions qui veillent à répondre à tout débordement mortifère, eh bien il était nécessaire que le ch. 20 du Lévitique liste ces sanctions Au moins, on sait à quoi s’en tenir et ça aide à mobiliser ENSEMBLE le vrai courage. Ce sont des sanctions structurantes, à l’instar des interdits. C’est assez puissant tout ça.

Ceci dit, littérairement parlant, les sanctions du ch. 20, aussi abruptes soient-elles, font toutes référence au ch. 18, ce qui positionne le ch. 19 au CENTRE et donc en fait le point focal de ces trois chapitres. Sans eux, il paraîtrait assez gentillet et pourrait passer complètement inaperçu, alors même que cet encadrement par les ch. 18 et 20 manifeste précisément l’inverse : le ch. 19 est même le plus important de TOUT LE LIVRE : celui qui dit le SENS DE LA JUSTICE. Du coup, il déborde sur les ch. qui l’entourent puisque tous les décrets qui sont de part et d’autre demeurent énigmatiques, voire même assez discutables s’ils sont lus sans la lumière du ch. 19.

Bref. Une fois ces préliminaires rappelés — et c’était essentiel — reprenons la lecture, et donc on va faire des allers-retours, il faut s’accrocher un petit peu. Les v. 2 à 5 reprennent l’interdit des sacrifices d’enfants qu’on a entendu en Lv 18,21, mais en ajoutant donc une sanction de mort pour les contrevenants. Pour la première fois apparaît la LAPIDATION comme mode d’application des peines. Et là, il ne s’agit pas simplement de punir un forfait au nom des valeurs parce que précisément, les nations concevaient tout à fait en ce temps-là qu’on sacrifie un enfant en situation de crise ! Il s’agit de s’inscrire dans la dynamique de l’Alliance, qui est censée faire un peu avancer la conscience de l’humanité c’est vrai. Or cette dynamique de l’Alliance est celle du SERVITEUR IMPITOYABLE de la parabole de Jésus : « Moi, dit HaShèM, j’ai racheté tes fils de la mort et toi, tu les vendrais en les immolant aux idoles ? — on se rappelle que MoLèKh est moins le nom d’un dieu que la pratique des sacrifices humains en elle-même — Eh bien : que la mort que tu invoques sur ton enfant et qui contredit l’Alliance à laquelle tu t’es pourtant attaché : que cette mort, donc, retombe sur toi ! » Et ça n’est pas un éclair qui tombe du ciel : c’est LE PEUPLE de l’Alliance qui exécute la lapidation de sorte, dit le v. 4, que ne s’installe pas l’OMERTA ! De toute façon, HaShèM, Lui, voit la faute qu’il dénonce comme une tromperie de l’Alliance : voilà un thème qui fera fortune chez des prophètes comme Osée : sacrifier un enfant à MoLèKh, c’est se PROSTITUER dans le cadre d’une Alliance qui, elle, vise aux NOCES d’Israël et de HaShèM. Et de fait, en dehors de cette perspective des noces, pourquoi la prostitution serait-elle condamnable ? Dans la culture païenne, elle pouvait être sacrée sans problème, et aujourd’hui, si elle génère du profit, c’est qu’elle est bonne, non ? Hors du cadre de l’Alliance, la prostitution est une “bonne” chose … En revanche, dans le cadre de l’Alliance et dans la pensée analogique qui lui est inhérente, dans le cadre de la SAINTETÉ qui mène à une rencontre nuptiale par le chemin de la vie, immoler sa progéniture, c’est valider un culte diamétralement opposé à celui de HaShèM, c’est lui préférer la prostitution et c’est donc s’exposer aux sanctions de l’Alliance par le retranchement du peuple. On ne dit pas que le clan qui pratique l’omerta est voué à l’extermination, mais à tout le moins, par omission, il se met lui-même sur la touche du cadre de l’Alliance. Et pratiquer la nécromancie, poursuit le v. 6 ; cette nécromancie dont il a été question par ailleurs au ch. 19, v. 31, c’est aller dans le même sens ! Là, on ne donne plus la mort mais on JOUE avec les morts… Or à nouveau, si la sainteté, c’est le choix inconditionnel de la VIE dans le cadre des Noces promises avec HaShèM, jouer avec les morts, c’est cracher à la figure de HaShèM de sorte que la sanction est tout bonnement que HaShèM détourne sa Face. Voyez ? Le cadre de la sainteté est serré, parce que c’est la VIE qui est en jeu, ce que réaffirme le v. 7 : « Vous vous sanctifierez et vous serez saints car Moi, HaShèM, [Je suis] votre ‘ÈLoHîM. »

Quand on a compris que le thème sous-jacent est celui des Noces auxquelles prépare la convocation à la SAINTETÉ, les v. 10 à 21 à leur tour ne présentent pas de difficulté. D’une part, ils reprennent en partie la séquence du ch. 18, v. 6 à 23 sous le fil conducteur de l’union maritale qui interdit les unions entre individus marqués par ce lien de près ou de loin. D’autre part, la liste des manquements est classée selon la nature de la sanction. Mais avant de voir cet ensemble, remarquons qu’il est posés comme au début du ch. 19 sous le sceau de la bénédiction de la mère et du pères, quand bien même la formulation est négative puisqu’il est dit : « Tu ne maudiras pas » ; ce père et cette mère qui restent comme les intermédiaires premiers des dons de HaShèM, pour ainsi dire. Et puis c’est psychologiquement assez bien vu : la psychanalyse entre autres a suffisamment montré qu’une vie dissolue trouve racine dans un rapport blessé au père et à la mère que l’enfant tente de résoudre en se mettant hors cadre ! Et pour aller aussi loin que possible, les Noces de l’Agneau auxquelles le Christ convoque ses disciples ne peuvent elles-mêmes être envisagées que dans un rapport de glorification du Père éternel, sans quoi Jésus nous entraînerait dans une secte dont il ne serait qu’un gourou comme les autres ! C’est parce qu’Il est lui-même dans une glorification du Père de tous les instants, comme le montre remarquablement le ch. 17 de l’évangile selon saint Jean, que Jésus peut nous entraîner dans la lumière des Noces éternelles ! Perdons ce rapport au Père et toutes les raisons qui légitiment la fidélité dans le mariage chrétien volent en éclat ! Preuve en est la campagne à grand renforts de publicité de Gleeden en 2013 : « être fidèle à deux hommes à la fois, c’est être deux fois plus fidèle !!! » Mais oui : dans un monde où le profit est devenue la pensée analogique à laquelle se réfère ce qui est “bien”, allez protester contre de tels slogans ! On vous bannira, comme toute société bannit ceux qui n’entrent pas dans son cadre de référence, dans la pensée analogique qui la fédère et lui donne sa raison d’être ! Vous voyez ? Il ne s’agit pas seulement de parler de valeurs, il s’agit de savoir dire ce qui les fonde et là, c’est tout autre chose ! « Je crois en l’homme », disent-ils. Certes, mais c’est quoi, l’homme ? C’est précisément ce à quoi tente de répondre la Bible, non à coup de slogans, mais à travers une longue et patiente histoire où se dévoile peu à peu un grand mystère d’ÉLÉVATION, et là, c’est tout autre chose que de manier des idées de hauts-fonctionnaires qui se considèrent comme les nouveaux dieux dont l’ONU est constitué en Panthéon Mondial. Comme quoi le récit de la Tour de Babel n’est pas qu’une petite historiette ringarde ! Et le Lévitique brasse tout ça ! Ce qui compte, c’est de permettre à l’homme de s’élever, d’aller au-delà de la simple jouissance primaire, de se constituer comme un peuple dont tous sont les membres et répondent à une convocation qui vient du Créateur en Personne et dont la ToRaH manifeste ici le cadre vital ! On peut le rejeter ; on peut déclarer que ce Dieu est à bannir des consciences, mais il ne faudra pas venir se plaindre des conséquences.

Bref, ceci dit, lisons la suite du chapitre. Dans les v. 10 à 21, il n’est plus question de prostitution mais d’adultère. On retrouve aux v. 13, 15 et 16 la question de la sodomie et de la zoophilie du ch. 18, v. 22 et 23. On n’y revient pas : simplement, ici, les sanctions sont claires et c’est la mort. L’expression : « Leur sang est sur eux » signifie qu’ils sont seuls responsables de la sentence : ceux qui l’exécutent n’en seront pas éclaboussés, c’est-à-dire qu’ils ne seront pas impurs. Alors au milieu de tout ça, on voit qu’il y a deux sanctions majeures : la mise à mort et le retranchement — ce que les chrétiens appellent l’excommunication — au sens où les contrevenants ne bénéficient plus des bénédictions de l’élection. Ils ne sont pas mis à mort mais remis à eux-mêmes, ce qui n’est pas tellement plus enviable. À noter la sanction du v. 14, qui reprend le v. 17 du ch. 18, est très rare : la peine du feu… Et pas n’importe quel feu : il s’agit de cet endroit où l’on brûle ce qui ne peut ni être offert, ni être mangé, donc ce qui ne peut être élevé en aucun cas… donc c’est un feu tout ce qu’il y a de plus profane et purement destructeur. Alors pourquoi une telle sentence ? Parce que l’homme qui épouses la fille et sa mère ensemble brouille complètement les liens intergénérationnels. Dans une société qui ne voit que les profits comme norme légale, ça ne pose aucune difficulté dans la mesure, comme ils disent, où les individus sont consentants. Mais dans l’Alliance où précisément, tout se fonde sur la bénédiction, la glorification du père et de la mère, le fait de ramener la mère et la fille au même plan de génération en épousant le même homme, c’est plus qu’un inceste, c’est plus qu’une prostitution, plus même qu’une abomination de sodomie ; c’est une ZiMMaH, un terme qui traduit une pensée délibérée le plus souvent négative, un AFFRONT directement proféré contre HaShèM et son dessein dont il ne saurait être question de laisser la moindre trace ! Alors encore une fois, ne nous disons pas : « Quelle violence ! » Dire ce qui va se passer si l’un quelconque des Fils d’Israël franchit cette frontière ne signifie pas que la chose ait été faite ! D’ailleurs on ne parle jamais de telles événements dans la Bible. Mais la dureté de la sanction est là pour révéler l’ignominie de l’acte au regard de l’anthropologie qui habite la ToRaH, une anthropologie d’élévation, de dépassement de la personne et du peuple auquel elle appartient. C’est sûr que dans une anthropologie qui ne fait de l’homme qu’une ressource pour des profits, qu’un type couche avec une mère et sa fille fait plutôt rigoler : on l’envisage comme une prouesse ! Sauf que cette anthropologie ignore l’histoire : elle vit dans l’instant du plaisir saisi à la volée, mais après ? Après : rien, comme ils disent pour se rassurer. Eh oui : rien, parce que plus rien n’a de sens ! Or c’est précisément le présent autant que l’avenir qui préoccupe la Bible et lui permet, à la lumière de l’Alliance, de traverser une histoire qui, elle, a du sens… Quant à l’expression : « il portera sa faute », “âWoN, elle signifie qu’il ne peut jamais s’agir, dans ces différents cas, d’un manquement involontaire qui pourrait être racheté par une Offrande pour les manquements. À tout le moins, il faudra une Offrande pour les délits. Je vous reporte à la vidéo sur le ch. 4 où cette question a été traitée.

Les v. 22 à 27 forment quant à eux une longue exhortation finale. D’abord une opposition franche entre Israël et les nations, aux v. 23 et 24. L’opposition, à bien regarder, ne porte pas tant sur l’agir en lui-même que sur le choix du commandement auquel obéir. Si HaShèM a pris les nations en dégoût, c’est parce que leurs commandements sont en porte-à-faux avec ceux de HaShèM. C’est très intéressant, parce que ça dit une réalité anthropologique assez basique : je n’agis QUE par rapport à un commandement qui m’a été impéré, ou auquel j’adhère ; ce qui veut dire que mon agir, mon action si vous préférez, dit le commandement auquel j’obéis, et donc la souveraineté à laquelle je me soumets. Nos hauts fonctionnaires pourront toujours brailler qu’ils agissent librement : en réalité, c’est toujours en référence à une loi, à un commandement du système auquel ils ont choisi de s’assujettir. Et c’est CE CHOIX qui pose la différence. Et évidemment, cette distinction vaut pour les chrétiens : leur agir, et non leurs discours, témoignent de ce / ou de celui à qui ils ont choisi de faire allégeance et dont ils sont, par le fait même, les témoins. Quant à la promesse de la première partie du v. 24, c’est la bénédiction faite à Abraham en Gn 12 : au milieu de tous ces préceptes, on n’oublie donc pas la lignée fondamentale de la ToRaH : la Terre reste promise, et elle le restera non comme un héritage statique mais comme un héritage dynamique ! Même installé sur cette Terre, y subsister dépendra des commandements auxquels Israël choisira d’obéir, entre ceux des nations et ceux de HaShèM ! D’où la suite du v. 24 à 26 : ce n’est pas Israël qui se donne à lui même les règles de sa subsistance, mais bien HaShèM ; règles par lesquelles il a CRÉÉ Israël, puisque le verbe BaDaL est le verbe par lequel DIEU a créé le monde en SÉPARANT les éléments : la terre, la mer, les eaux d’en bas et les eaux d’en Haut, etc. La SAINTETÉ procède de cette SÉPARATION créatrice, une séparation que le peuple est convoqué à assumer pour se DIFFÉRENCIER des nations. Vous voyez qu’on n’a pas oublié le thème principal de tous ces chapitres.

Alors pour terminer, le v. 27 revient à la question des nécromants et des devins qu’on a vu au v. 6 du même chapitre : la sentence fait quant à elle inclusion avec le v. 2 concernant la lapidation, ce qui signifie bien, là encore, qu’il s’agit de se tourner vers d’autres puissances spirituelle que HaShèM, ce qui est aussi grave que la pratique des sacrifice humains, à savoir le jeu avec la mort ; le jeu avec les morts ! Ce qui veut dire que les ensembles 1 à 8 et 22 à 27 sont parallèles. Du coup, cela nous oblige à chercher le centre de ce chapitre qui s’avère être constitué des v. 15 et 16 : la différenciation entre l’homme, la femme et la bête. Ce qui veut dire que l’homme et la femme dans le cadre de l’Alliance ne sauraient réduire leur animalité à une simple bestialité ; pas plus qu’ils ne sauraient ajuster leur vie sur un rapport avec les morts. Ils sont donc irréductiblement convoqués, en tant que fils et fille d’Israël, à la sainteté qui seule, redisons-le, rend libre pour pouvoir s’attacher à HaShèM dans une relation nuptiale et devenir pleinement soi en s’élevant vers HaShèM. Hors de cette trajectoire ascensionnelle, l’homme est saisi dans le mouvement inverse et choit inexorablement dans la bestialité la plus obscène qui soit. Et pour ne pas y basculer, il faut choisir de s’élever : c’est comme la bicyclette : faut pédaler pour ne pas tomber, l’état statique n’existe pas en matière de vélo. Ça ne surprend personne concernant les vélos, pourquoi devrions-nous l’être concernant la vocation de l’homme ?

Donc voilà : le cadre est net, concret, CHARNEL. Il ne suffit pas d’appeler à la SAINTETÉ : il faut encore STRUCTURER le CADRE par des interdits qui permettent d’éviter les pièges et de se mettre au service exclusif de la VIE. Quand les prophètes rappelleront Israël à l’ordre pour que la Terre ne soit pas perdue malgré les dangers qui se profileront plus tard, ils ne feront pas référence à autre chose qu’à ces chapitres du Lévitique ! Ou peut-être à l’inverse : si le Lévitique a été écrit en Exil, c’est sur la prédication prophétique qu’il base son discours, donc ce qu’il énonce s’est forcément passé à un moment ou à un autre, d’une manière ou d’une autre, ce qui renforce la pertinence, la perspicacité du livre du Lévitique… Donc par quelque bout qu’on le prenne, ce ch. 20 se présente comme essentiel ! Si on devait résumer, l’appel qui retentit pourrait s’énoncer de la manière suivante : Soyez Saints comme Je suis Saint : vous n’êtes pas des bêtes, vous êtes, en OBÉISSANT à cette ToRaH de Sainteté et seulement par elle, les rois de la Création ! En dehors d’elle, vous en serez les destructeurs !

Ceci dit, cette sainteté ne saurait subsister par ailleurs sans celle des prêtres qui en sont les gardiens ; c’est ce que nous verrons la prochaine fois avec les ch. 21 et 22. Je vous souhaite une bonne lecture de ce ch. 20 du livre du lévitique. Je vous remercie. 
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