20-11-2016

[Lv] 31 - Les prêtres seront saints pour YHWH

Levitique 21:1-9 par : le père Alain Dumont
Le peuple ne saura pas se sanctifier ni s'élever vers YHWH sans que les prêtres soient exemplaires ! Noblesse oblige !
Duration:16 minutes 13 secondes
Transcription du texte de la vidéo :
(Voir la vidéo : http://www.bible-tutoriel.com/les-pretres-seront-saints-pour-yhwh.html)
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Citation : mentionner : © Père Alain Dumont, La Bible en Tutoriel, http://www.bible-tutoriel.com/ + titre de l'article
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Bonjour,

Nous progressons dans notre lecture du Lévitique, et vraiment : bravo si vous avez su arriver jusqu’à ce stade parce que vraiment très très peu de chrétiens se livrent à cet exercice, tant ce livre c’est vrai est déroutant par son caractère casuistique et apparemment tellement légaliste. Mais on a vu que derrière cette structure se cache une véritable anthropologie illuminée par le grand projet de la SAINTETÉ à travers une vision de l’homme que son ÉLÉVATION doit conduire aux Noces éternelles avec HaShèM. Ce qui fait que DANS LE CADRE de l’Alliance, on peut proprement parler d’une GRANDEUR DE L’HOMME.

Alors maintenant, quelles seront les modalités de ces Noces, sur quel au-delà vont-elles ouvrir, etc. Tout ça n’intéresse pas le Lévitique. Ce qui lui importe, c’est la vigilance qui rend disponible à cette élévation charnelle à laquelle contribue le discernement entre le pur et l’impur qui ouvre le chemin vers les Offrandes du MiShKâN. Quant aux sanctions que nous avons parcourues au ch. 20, elles ne sont pas faites en vue de pourchasser les contrevenants à la manière d’un totalitarisme ! Elles sont là pour dire le sérieux de ce travail d’élévation par lequel les Fils d’Israël sont chargés de manifester la primauté de HaShèM à la face des nations, ce qui est unique : Israël n’est pas là pour établir un empire et imposer le culte de HaShèM par la force des baïonnettes, mais pour vivre une expérience d’élévation qui fasse dire aux nations : « Je sais qu’il n’y a pas d’autre ‘ÈLoHîM sur toute la terre que HaShèM ! » Ça, c’est ce que dit le chef de l’armée syrienne, Nâ“aMâN après avoir été guéri de son infection en se plongeant 7 fois dans le Jourdain, dans le second livre des Roi au ch. 5.

Seulement voilà, pour ce faire, on l’a déjà vu maintes et maintes fois, il faut des prêtres exemplaires ! Alors on pourrait se dire : oui, mais aussi les rois ! Certes, sauf que le Lévitique ne s’occupe pas de ce rayon dans la mesure où il situe son propos AVANT l’institution de la Royauté par Samuel. Donc ce qui importe au Lévitique, c’est LE CULTE en tant qu’il signe la SAINTETÉ de tout le peuple en vue des Noces avec HaShèM : étant SAINT l’un et l’autre, une vraie rencontre peut se produire où ni le peuple ne met la main sur HaShèM pour se l’approprier, ni HaShèM ne met la main sur le peuple pour se l’approprier = donc la rencontre est saine, une rencontre à laquelle aspire HaShèM depuis la création, nous dit le livre de la Genèse, mais que le péché, le manquement d’Adam et Ève a pour ainsi dire différé. D’où l’importance des ch. 21 et 22 qui vont spécifiquement cibler la SAINTETÉ requise pour les PRÊTRES, au service de la SAINTETÉ du PEUPLE.

Alors le v. 2 du ch. 21, lu littéralement, est surprenant, puisqu’il dit : « Il — c’est-à-dire le prêtre d’après toute la tradition orale — ne se rendra pas impur pour une NèPhèSh dans ses peuples » Vous voyez à tout le moins que le travail de traducteur n’est pas toujours simple. Là, il faut s’aider de la tradition, et le Targum vient ici heureusement à notre secours. D’abord : « dans ses peuples » signifie « parmi les siens » : on retrouve plusieurs fois cette formulation dans la Bible avec toujours le même sens. Maintenant, que signifie « pour une NèPhèSh » ? Le Targum glose en précisant qu’il s’agit ici d’un mort. On avait déjà le cas en 19,28, mais je ne l’avais pas relevé pour ne pas alourdir l’étude. Jusqu’à présent, il avait été question du CONTACT avec un ANIMAL mort en dehors du contexte de l’abattage rituel. Ici, il s’agit donc d’un cadavre HUMAIN, et là, un chrétien ne peut pas ne pas évoquer ici la parabole du bon Samaritain : cet homme laissé pour mort par les brigands dont le Lévite et le Prêtre vont préférer s’écarter plutôt que de lui porter secours.

Alors redisons-le : il ne s’agit pas de contracter l’impureté comme on contracte une maladie ! Il faut vraiment qu’on sorte de ce schéma qui n’a rien à voir avec la ToRaH. L’impureté, rappelons-nous, c’est ce qui barre la route à la SAINTETÉ qui est au cœur des Offrandes du MiShKâN, du Tabernacle ; ces Offrandes par lesquelles le Fils d’Israël peut s’approcher, s’élever vers HaShèM. Donc si l’impureté est à éviter pour tout Fils d’Israël, elle l’est a fortiori pour le prêtre ! Ceci dit, redisons-le : ça ne fait pas de l’homme ou de la femme impurs des intouchables ou des pestiférés ! La pureté, c’est cet état de vigilance auquel HaShèM convoque son peuple pour qu’il ne quitte pas le chemin de la sanctification ; mais quand bien même on devient impur, eh bien : on pratiquera les rites de purification prescrits, et puis c’est tout ! On n’en fait pas une montagne. Alors parfois, l’impureté est grave, comme pour les infections cutanées du ch. 13, mais quand bien même : le Lévitique envisage nécessairement, à un moment ou à un autre, la réintégration des malades dans le peuple élu pour leur redonner accès aux Offrandes, raison pour laquelle le ch. 13 est immédiatement suivi par le ch. 14 sur la purification dès que l’infection a disparu.

Ceci dit, toucher un cadavre rendant impur pendant 7 jours comme le précisera le livre des Nombres, le prêtre ne peut donc pas sans conséquences se laisser atteindre par elle — et c’est la raison pour laquelle le prêtre de la parabole du bon Samaritain s’écarte du blessé, alors que pour le Samaritain, la question ne se pose pas. C’est là une manière puissante de manifester que le prêtre, dans la ToRaH de Moïse, est au service PREMIER de la VIE ! C’est ce qui fait que quand quelqu’un meurt, on n’appelle pas le prêtre lévitique à son chevet ! Le prêtre lévitique n’a pas pour fonction de présider des funérailles ! Son registre est encore une fois du côté de la VIE, au service des vivants de ses peuples, comme disait le v. 2. SAUF, dit le texte, pour ses plus proches parents par le sang, que sont sa mère, son fils, sa fille ou son frère. Là, le prêtre peut se rendre impur sans qu’on puisse lui reprocher de ne pas être disponible pour le service du MiShKâN, ce qui montre bien que l’impureté n’est pas un péché en soi : d’ailleurs, dans ce cas, il n’est prescrit aucune Offrande de réparation ! Il y a donc des situations concernant les proches par le sang où le prêtre peut se rendre impur tout à fait consciemment sans que nul ne puisse lui en faire reproche.

Restent tout de même deux absents dans cette liste qui ont leur importance : le père et l’épouse… Pour le premier, le Targum corrige son absence, donc il le mentionne comme faisant partie de cette liste. C’est encore là qu’on voit combien la ToRaH Orale est essentielle qui vient au secours de la ToRaH Écrite : je vous rappelle qu’on ne lit jamais la ToRaH Écrite sans l’éclairage de la ToRaH Orale dont le Targum nous offre des traces tout à fait éclairantes pour comprendre comment le Christ Jésus lit la ToRaH à son époque et à partir de quelles interprétations sera rédigé le Nouveau Testament ! Non que la ToRaH Orale vienne compléter la ToRaH Écrite, mais elle en fait émerger le SENS, toujours plus profondément, à la lumière de l’étude et de la vie concrète, CHARNELLE qui en vérifie la richesse insondable au fil des générations ! Quant au cas du décès de l’épouse pour en revenir à notre texte, ici, c’est le Talmud — toujours la Tradition Orale — qui précise que le prêtre non seulement PEUT se rendre impur mais DOIT se rendre impur ! Et encore une fois, s’il est donc rendu indisponible pour son office sacerdotal, cela ne saurait lui être compté comme un manquement.

Le v. 3 quant à lui précise la question de la sœur décédée : si elle n’est pas mariée, elle reste dans le giron du prêtre ; si elle est mariée, elle est passée dans le giron de son mari : donc elle est mise au même rang que les parents éloignés. Le v. 4, lui, est assez énigmatique : littéralement : « Le maître ne se rendra pas impur en son peuple pour le profaner. » Avec le Targum Neofiti, on peut comprendre qu’il s’agit du Grand-Prêtre qui, pour sa part, ne connaît aucune exception concernant l’impureté. Les versets 10 à 12 vont dans le même sens. Le v. 4 fait inclusion avec le v. 1 dont il reproduit les termes principaux, ce qui définit ces versets comme une petite unité littéraire codifiant l’impureté possible des prêtres, mais la déclarant impossible pour le Grand-Prêtre. En définitive donc, première chose concernant la pureté de tout prêtre : sauf pour ses plus proches parents, sa fonction se doit d’être au service ABSOLU de la VIE, ce qui suppose qu’il ne doit avoir aucun commerce avec les morts. Encore une fois, dans le cadre de l’Alliance, on ne mélange pas les deux registres puisqu’ils tirent chacun dans un sens contradictoire.

Du coup, dans le prolongement, retour aux questions de magie, de divination, voire de nécromancie avec le v. 5, avec les mêmes termes qu’au ch. 19, v. 27-28 : il est encore plus évident que des prêtres de HaShèM ne prendront pas part à de telles pratiques déjà interdites au peuple, en vertu de leur sacerdoce propre que décrit le v. 6 directement mis en relation non plus seulement avec les impuretés mais avec la SAINTETÉ ! Maintenant, ça ne doit plus nous surprendre. Et après avoir séparé le prêtre du domaine des morts, le texte l’oriente vers la VIE à TRANSMETTRE à travers l’union maritale, c’est au v. 7. Et là, les critères sont stricts : pas de femme issue de la prostitution — entendons ici : de la prostitution sacrée ! Maintenant, nous connaissons le lien entre la prostitution et les cultes rendus aux idoles. La question de la femme profanée va dans le même sens, si on se souvient du ch. 19, v. 29. Quant à la femme répudiée, au v. 7 toujours, c’est la femme qui a déjà appartenu à un autre homme. Conclusion : le prêtre ne peut épouser qu’une fille VIERGE, parce que seul cet état devient le signe des noces auxquelles HaShèM invite son peuple SAINT. Dans le même sens, la fille Vierge deviendra chez les Prophètes et dans les écrits de Sagesse le symbole du peuple auquel HaShèM veut s’unir, ce qui évidemment ne peut pas laisser insensible un chrétien au regard de la considération de Marie, la mère de Jésus. Moi, je veux bien que certaines traditions chrétiennes se battent pour prouver que Marie n’était pas nécessairement vierge — c’est leur droit —, mais les traditions catholiques et orthodoxes sont tout à fait dans le fil de la Tradition biblique quand elles affirment le contraire ! La question n’est pas de réinventer le mythe païen de la vierge mère, mais de s’inscrire dans une tradition qui porte tout le mystère du Christ dès la ToRaH Mosaïque… Et le ch. 21 est le porte-greffe sur laquelle cette tradition est écussonnée, en quelque sorte.

Les deux derniers versets de cet ensemble sont construits en parallèle avec les deux précédents. Mais regardons bien, parce qu’autant les v. 6-7 établissent une ordonnance disciplinaire concernant le prêtre lui-même, autant les v. 8-9 amènent la COMMUNAUTÉ à veiller sur la consécration de ses prêtres avec une vigilance renforcée. Le v. 8 répond au v. 6 concernant la sainteté du prêtre, une sainteté qui lui colle décidément à la peau, à la CHAIR, ce qui se comprend puisque son premier office est de faire s’approcher le peuple de HaShèM par les Offrandes et de travailler ainsi à la SAINTETÉ DU PEUPLE. Alors attention : la « nourriture de HaShèM » ne signifie pas qu’on nourrit HaShèM ! Rappelons-nous que par le feu de l’Autel, HaShèM ÉLÈVE ce qui Lui est offert pour tracer le chemin des Noces. Le v. 9 quant à lui répond au v. 7, non plus en ce qui concerne l’épouse mais la FILLE du Grand-Prêtre qui ne saurait devenir une prostituée, mais entendons pas là encore une fois non pas la prostitution en soi mais la prostitution sacrée qui consiste à s’offrir aux idoles : cette prostitution rejaillirait sur le sacerdoce paternel. Et là , c’est le rejet absolu par la crémation, nous dit-on, un feu profane cette fois qui brûle tout ce qui s’oppose à la sanctification. Alors là encore attention : ce n’est pas parce que la sanction est explicite qu’on va nécessairement l’appliquer ! C’est précisément pour ÉVITER que ce cas ne se produise qu’on en indique la sanction, si terrible qu’elle soit ! Elle est simplement là pour indiquer la gravité de la situation et marquer les esprits, et il faut reconnaître que ça fonctionne assez bien.

Alors on n’ira pas plus loin dans la lecture de ce chapitre. Prenons le temps de lire pour entrer dans l’objectif de ces quelques versets, à savoir exciter en nous le désir, la HANTISE même de la SAINTETÉ ! Ne croyons pas qu’il ne s’agisse là que de casuistique obsessionnellement moralisatrice : tout au contraire, on garde les yeux rivés sur l’horizon des Noces avec HaShèM. Un horizon d’une exigence spirituelle supérieure quant à la qualité de la vie de ceux dans les mains de qui est remise la sanctification du peuple, à savoir les prêtres. Il ne s’agit aucunement de dire qu’on est les plus forts : il s’agit de travailler sur soi au maximum pour tenir bon dans le projet de l’élection auquel HaShèM convoque son peuple en vue du Salut de toutes les nations ! Ça ne manque pas de noblesse !

Nous verrons la suite la prochaine fois. Je vous souhaite une bonne lecture. Je vous remercie.
 
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