09-07-2017

[Nb] 5 - La descendance de ‘AHaRoN et de Moïse

Numbers 3:1 par : le père Alain Dumont
Le Livre des Nombres — comme l’ensemble de la ToRaH d’ailleurs — n’a pas pour but de raconter l’histoire mais de FONDER l’histoire.
Duration:10 minutes 15 secondes
Transcription du texte de la vidéo :
(Voir la vidéo : http://www.bible-tutoriel.com/message/nb-5-la-descendance-de-aharon-et-de-moise.html)
Tous droits réservés.
Citation : mentionner : © Père Alain Dumont, La Bible en Tutoriel, http://www.bible-tutoriel.com/ + titre de l'article
______________________________________________________________

Bonjour,

Après avoir mis en place non pas tant un recensement en soi mais l’esprit du recensement des clans d’Israël avec les deux premiers chapitres du Livre des Nombres, le Livre du MiDeBaR, on se souvient que plusieurs fois déjà YHWH a précisé qu’il ne fallait pas recenser la famille de Lévi. Eh bien les ch. 3 et 4 vont nous expliquer pourquoi et en même temps nous éclairer sur la place vraiment singulière de cette famille. Alors ici, plusieurs axes de lecture permettent de mieux comprendre ce qui est noté dans ces chapitres : d’abord, se souvenir que cet écrit est un écrit datant de l’Exil, et c’est vrai que c’est en grande partie grâce aux LéVîiM — dont le scribe Esdras est l’éponyme — que la ToRaH va pouvoir retrouver ses lettres de noblesse à Jérusalem suite au retour d’une partie des exilés, si minime soit-elle. Ensuite, ne jamais oublier que même si cet écrit est tardif rédactionnellement parlant, il ne part pas de rien. Ça n’est pas la tribu de Lévy qui un jour au VIe s. décide de se mettre en avant pour se prévaloir d’une vocation de leader au sein du peuple : dès Moïse, cette tribu a un rôle à part dans l’histoire d’Israël et de ce point de vue, je trouve personnellement très éclairant tout ce que le professeur Joseph Davidovits propose concernant les Fils de HéVy dans la continuité et la tradition de Joseph-Aménophis. Je vous renvoie à tout ce qu’on en a déjà dit à l’occasion des premières vidéos sur Moïse.

Alors encore une fois, il faut suivre le texte de près. Remarquons d’abord ceci : d’habitude, Moïse est toujours cité avant ‘AHaRoN, or au v. 1, l’ordre habituel est inversé : « Voici la semence de ‘AHaRoN et de Moïse ». Mais par la suite, jusqu’au v. 10, on ne parle que de la semence de ‘AHaRoN. Là, il faut bien reconnaître qu’il y a une difficulté : on ne sait rien d’une descendance de Moïse ! Alors d’accord, il a épousé TsiPoRaH dont il a eu deux fils : GeRShoM et ‘éLi“éZèR. Le ch. 12 parlera d’ailleurs d’une épouse de Moïse, mais on a du mal à voir de qui il s’agit ; on y reviendra. Ceci dit, les fils de Moïse n’ont pas de rôle particulier dans la suite et leur descendance se fond dans la masse. Autant dire donc que Moïse n’a pas de descendance, ce qui n’est pas étonnant ! Moïse reste de FONDATEUR du peuple, un fondateur mythique attaché EXCLUSIVEMENT au MiDeBaR SiNaY. Il est celui par qui la ToRaH est venue ensemencer ce MiDeBaR à partir de quoi tout a pu commencer et tout reste fondé jusqu’à aujourd’hui. Par la suite, quand bien même il n’est pas entré sur la Terre de la promesse, Moïse ne s’est pas retiré ! Il n’a pas disparu ! Il est même PLUS PRÉSENT en s’étant arrêté en amont du Jourdain que s’il l’avait franchi avec le peuple ! Moïse est cette racine indéracinable pour ainsi dire de l’histoire d’Israël : il pourra se passer ce qu’on veut, l’histoire pourra voir la dispersion des Fils d’Israël dans le monde entier ; elle essayera même de les rayer du monde des hommes, mais ce sera peine perdue parce que L’HISTOIRE NE POURRA JAMAIS EFFACER Moïse, puisque Moïse est en amont de l’histoire !

Imaginons que ses fils aient tenu un rôle dans la suite, ce rôle n’aurait pu être qu’attaché à une revendication statutaire : « Nous sommes de la descendance de Moïse ! » Du coup, ça aurait donné naissance à une lignée privilégiée qui serait devenue quoi ? Une famille royale ? Sauf qu’ils étaient de la descendance de Lévi par leur père, donc impossible : la royauté n’est pas la vocation des Fils de Lévî ! Ils n’auraient pas pu non plus être une descendance sacerdotale, puisque cette vocation est dévolue à la descendance de son frère ‘AHaRoN. Reste alors une sorte de dynastie prophétique gardienne de l’esprit de son père ? Sauf que la prophétie n’est jamais héréditaire en Israël, à la différence de la royauté et du sacerdoce. Et même si par impossible ils avaient eu un rôle, quel qu’il soit : s’ils avaient nécessairement dérapé d’une manière ou d’une autre à un moment ou l’autre de l’histoire, ça aurait forcément rejailli sur la figure de Moïse et là, c’est toute la réception de la ToRaH par l’ensemble du peuple qui aurait été mise en cause ! Alors déjà que la suite ne sera pas si simple, avec la sécession de 10 tribus contre 2 à la mort de Salomon qui mettra en cause l’autorité de Moïse attachée au Temple de Jérusalem. Imaginez le tohu-bohu si une descendance du fondateur avait en plus tenté de faire valoir ses droits par motif d’héritage !

Donc autant dire qu’en soi, Moïse n’A PAS de descendance. Il reste, comme on vient de le dire, affilié au désert, au MiDeBaR et c’est très bien ainsi, parce que c’est précisément ce qui va faire la force inépuisable de la ToRaH pour porter l’aventure de ce peuple au-delà du Jourdain, à condition évidemment de faire mémoire incessante de ce MiDeBaR originel ! D’inscrire cette mémoire dans sa chair pour rester en capacité, où qu’il soit, de faire jaillir la Vie là où tout semble a priori tellement aride qu’aucune nation ne saurait en faire émerger quoi que ce soit. Or cette mémoire, c’est Moïse, c’est l’Exode à partir de la Pâque jusqu’au don de la ToRaH ! Moïse dont on apprendra bientôt qu’il n’entrera même pas en Terre Promise, non par punition, mais pour qu’il demeure pour Israël cette référence antécédente à tout jamais imprescriptible, jusqu’au jour de la Délivrance Finale ! « L’heure viendra, dit le Midrash Rabba sur le Deutéronome, où Moïse fera son entrée, avec le prophète Élie, en Terre Promise, quand les temps seront accomplis ; ainsi avons-nous la certitude que Moïse reste, auprès de nous, notre libérateur pour les temps futurs » (Deut. Rabba, III). Voilà : tout est dit.

Alors pourquoi je vous dis tout ça ? Parce que ce n’est pas sans rejaillir sur la figure du Christ Jésus au moment même où la ToRaH va devoir prendre un nouvel essor et passer aux Nations ! Dans le fond, dans une vision chrétienne, Jésus prend le relai de Moïse et fait son entrée avec le prophète Élie — c’est-à-dire Jean le Baptiste — en Terre Promise, mais à son tour n’en dépasse pas les frontières et n’a pas lui non plus de descendance ! Pour exactement les MÊMES raisons qu’on vient d’évoquer pour Moïse : du coup, Jésus restant en amont de l’évangélisation des nations, il se présente comme la racine indéracinable du christianisme ! Les nations pourront toujours poursuivre les chrétiens, où qu’ils soient, mais elles ne mettront jamais la main sur Jésus ! Alors depuis surtout le XVIIIe siècle, les nations tentent de démontrer que Jésus n’a jamais existé, pour justement annuler la racine qui porte le christianisme ! Ce qui veut dire qu’elles ont bien compris que c’est là leur seule chance d’éradiquer la foi ! Sauf qu’elles ne peuvent le faire qu’à la condition de proposer une autre racine en suppléance, ce dont elles sont incapables parce que ce genre d’implantation, pour ainsi dire, ne se décrète pas dans les bureaux d’une administration qui, de plus, n’y croit pas une seule seconde pour elle-même ! Pour qu’une telle racine s’implante, il faut qu’elle soit portée par une figure de proue en qui les peuples puissent ancrer leur propre histoire, à qui ils puissent attacher leur mémoire et là, c’est juste le grand vide !!! Ne fait pas prendre de tels tournants à l’histoire qui veut…

Enfin bref. tout ça pour dire que sans en avoir l’air, le premier verset du ch. 3 du Livre des Nombres est déjà très riche d’enseignements ! Moïse, donc, s’efface derrière ‘AHaRoN et sa descendance, mais quelque part aussi s’attache à cette descendance. De sorte que Moïse revêt bel et bien la figure de PATRIARCHE : à ce stade, il prend le relai des pères Abraham, Isaac et Jacob, tout comme Jésus prendra le relai de Moïse, sans qu’aucune de ces figures inauguratrices ne disparaisse pour autant ! Pas plus que Moïse n’est un nouvel Abraham Jésus n’est un nouveau Moïse. Moïse donne son envol proprement historique au peuple d’Israël au milieu des nations, et Jésus donnera son envol non moins historique à l’évangélisation des nations pour les rassembler dans la Jérusalem Céleste lorsque les temps seront accomplis. Mais rappelons-nous que les premiers à entrer seront les Fils d’Israël, avant que la multitude des nations ne les suive. C’est au ch. 7 de l’Apocalypse. Nous verrons la suite la prochaine fois. Je vous remercie ! 
______________________________________________________________