Transcription du texte de la vidéo : (Voir la vidéo : http://www.bible-tutoriel.com/message/le-mystere-de-la-menorah.html) Tous droits réservés. Citation : mentionner : © Père Alain Dumont, La Bible en Tutoriel, http://www.bible-tutoriel.com/ + titre de l'article ______________________________________________________________Bonjour,
Nous voici parvenus au ch. 8 du Livre des Nombres. Alors dans le cycle de la lecture hebdomadaire de la ToRaH chez nos frères Juifs, c’est une nouvelle « Parasha », un nouvel ensemble qui s’ouvre ici. Il y en a déjà eu deux : BaMiDeBaR, Dans le Désert, qui va du ch. 1 au ch. 4, v. 20 ; La parasha NâSso, Lever, relever, qui va du ch. 4, v. 21 au ch. 7 ; et puis à présent la parasha B
eHa“aLoT
eKhâ, tiré du commandement du v. 2 qui dit :
« Fais monter », du verbe “âLâH, monter — c’est de ce verbe que vient la “oLâH, la Montée, c’est-à-dire Holocauste. C’est aussi ce verbe qu’on emploie pour dire qu’on « monte » au Temple, ou qu’on « monte » à Jérusalem. Donc vous voyez : on reste encore et toujours dans cette dynamique d’élévation qui est véritablement la marque profonde de l’auteur sacerdotal de la ToRaH !
Alors que nous dit le texte au v. 2 ? B
eHa“aLoT
eKhâ ‘èT-HaNNéRoT ‘èL-MOuL P
eNé‘ HaMM
eNORâH :
« Fais monter les lampes devant les faces de la MeNORâH = du candélabre » Ces lampes, ce sont les petites lumières à l’extrémité de chaque branche de la MeNoRaH. Mais est-ce que ça n’est que ça ? Est-ce que YHWH dit simplement à Moïse : « On n’y voit rien, va éclairer le tabernacle ! » ? Non, disent les rabbins. La lumière — non pas celle de nos lampes électriques mais celle de la flamme vacillante d’une mèche — La lumière de la MeNoRaH donc, c’est avant tout la lumière de LA VIE ! Or que symbolise la flamme vivante et vacillante, sinon cette vie des FILS d’Israël qu’il s’agit précisément de faire monter vers YHWH ? Eh oui : la ToRaH commande d’être fécond certes, mais ça ne sert à rien ; la MiTsVaH n’est pas accomplie si on ne fait pas MONTER ces lumières que sont les FILS vers YHWH, devant la face de YHWH. Voilà ce que représente en définitive la M
eNoRaH.
Je trouve ça très beau et très parlant. Nous nous plaignons de ce que nos enfants se détournent de Dieu, de la foi. Pourquoi ? Mais précisément parce que nous ne les faisons pas assez MONTER vers Dieu. Dans le meilleur des cas, on « va » à la messe régulièrement comme on « va » à l’école ou au boulot, mais on n’y MONTE pas ! On fait des prières, mais c’est pour faire descendre la réponse de DIEU, pas pour s’élever jusqu’à LUI… : on est tellement habitué garder les yeux figés sur la dimension terrestre que si DIEU veut avoir une place, c’est à LUI de descendre — ce qu’Il fait au demeurant — mais pas à nous de nous MONTER ! Ah mais ça ne marche pas comme ça ! Ça c’est la définition d’un monde parasite, un monde à la Tanguy mais pas selon YHWH. Disons les choses autrement : si YHWH fait partie de nos vies, ça ne peut pas être simplement pour nous consoler de la vallée de larmes dont nous restons prisonniers ; ça ne peut être QUE pour élever cette vie ! DIEU ne se trouve que là où s’espère une croissance intérieure, or qui espère plus croître qu’un enfant ? GRANDIR est le propre d’un enfant ! Dès lors, parler des FILS d’Israël, c’est parler des ENFANTS d’Israël qui se caractérisent par le désir premier de grandir, non pas au sens politique ou matériel du terme, mais au sens d’une croissance intérieure, au sens d’une élévation ! Cela étant, encore faut-il donner une direction à cette élévation si on veut qu’elle porte du fruit : il faut donc
faire monter les lampes devant la face de la MeNoRaH de YHWH ! Dit autrement, dans le langage du rédacteur sacerdotal : il faut faire croître nos fils en les faisant monter à la ToRaH par laquelle la lumière de la MeNoRaH irradie depuis le Tabernacle jusque dans le monde entier. Une image que reprendra le Christ en disant :
« Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée. Et l’on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau ; on la met sur le lampadaire, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison. De même, que votre lumière brille devant les hommes : alors, voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux. » (Mt 5,14-16) Mais de quel lampadaire parle Jésus ? Eh bien comme pour tout Juif, c’est la M
eNoRaH du Temple ! Pour désigner le Temple, les Juifs parlent de LA MAISON, comme par exemple le BaYT Ha-MiQ
eDaSh : la MAISON de Sainteté. Et c’est à partir du Temple, à partir de Jérusalem — la Nouvelle Jérusalem pour les chrétiens — que cette Lumière se répand sur la terre par le relais de la ToRaH !
« Que votre lumière brille aux yeux des hommes », c’est ça ! Vivez de ma Vie, vivez mes commandements et votre lumière brillera dans le monde, sachant que cette Lumière n’est pas autre que celle qui a été montée sur la M
eNoRaH de la Croix —
« Quand je serai élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes ! », disait Jésus à Nicodème au ch. 3 de l’évangile de Jean, avant que cette même Lumière ne surgisse du Tombeau dans lequel on avait voulu l’étouffer comme la VIE surgit du MiDeBaR !
Avec cette Lumière qui monte devant YHWH, devant le Père par le Christ, le MiD
eBaR refleurit parce qu’il est désormais fécondé par la Rencontre de l’Époux avec l’Épouse qui reste le motif fondamental de la Création qui trouve sa résolution dans l’Incarnation du Verbe !
« Célébrez YHWH car il est bon ! […] Lui qui change le MiDeBaR en étang, la terre aride en sources d’eau ! Il y installe les affamés, ils ensemencent des champs, ils plantent des vignes qui donnent du fruit en abondance ! » chante le Ps 107(106), v. 1.35-37) ;
« Quand sera effusé sur vous l’Esprit d’en haut, alors le MiDeBaR deviendra un verger et le verger comptera pour une forêt ! Alors dans le MiDeBaR s’établira le jugement et la justice siègera dans le verger. » annoncera Isaïe (Is 32,15-16).
Tout ça pour dire quoi ? Eh bien que la MeNoRaH n’est pas qu’un lampadaire. Elle est ce par quoi la Lumière divine illumine le monde à partir, on l’a dit, de la Jérusalem céleste :
« Et je vis un ciel nouveau et une terre nouvelle […]
Et je vis la ville, la sainte Jérusalem nouvelle qui descendait du ciel d’auprès de Dieu, prête comme une épouse parée pour son Époux. […]
Et je n’y vis pas de Sanctuaire car le Seigneur Dieu, le Tout-Puissant, est son Sanctuaire ainsi que l’Agneau. Et la ville n’a pas besoin du soleil ni de la lune pour l’éclairer, car la Gloire — la SheKhiNaH — de Dieu l’a illuminée et sa lampe, c’est l’Agneau ! » (Ap 21,1.2.2-24) Cette Jérusalem céleste, pour un Juif, c’est le “aM Israël, le peuple d’Israël ; pour un chrétien, c’est l’Église ! Et c’est bien la raison pour laquelle le peuple d’Israël ET l’Église doivent travailler la main dans la main pour que cette lumière parvienne aux nations. L’Église n’EST PAS le nouvel Israël ! Ça, vous ne le trouverez NULLE PART, ni dans le Nouveau Testament, ni dans les textes officiels de l’Église. Vous pourrez trouver ça chez certains auteurs malheureux ; mais JAMAIS l’Église n’a validé pour Elle-même une telle substitution profondément inique ! Entre l’Ancien Testament et le Nouveau Testament, le rapport n’est pas celui d’un « progrès », ce progrès qui oublie et renie systématiquement tout ce qui a pu être avant lui ! Le rapport entre l’Ancien et le Nouveau Testament est celui de la filiation, celui de la greffe, de la croissance, de la reconnaissance, ce qui n’a rien à voir ! L’Église, quand elle comprend son mystère de l’intérieur, se perçoit comme l’accomplissement parmi les nations de la vocation d’Israël qu’aucune autre nation, aucun autre peuple ne pourra jamais supplanter ! Et c’est l’effet du diable d’avoir fait s’affronter l’Église et le peuple d’Israël, tels Caïn et Abel, au lieu de s’aimer comme des frères. L’Église a bien entendu sa part de responsabilité dans ce conflit séculaire — elle le reconnaît suffisamment — mais il ne faudrait pas croire que les Juifs soient innocents. Nous avons tous à nous demander pardon les uns les autres pour travailler à ce que la ToRaH illumine le monde, chacun selon sa vocation propre, sachant que, selon l’expérience chrétienne, Celui qui fait tomber le mur entre Israël et les Nations, c’est le Christ :
« Rappelez-vous que jadis, vous, les nations dans la chair […], vous étiez sans Christ, sans droit de cité en Israël, étranger aux alliances de la Promesse, sans espérance et sans Dieu dans le monde. Mais maintenant, dans le Christ Jésus, vous qui jadis étiez loin, vous êtes devenus proches par le sang du Christ. Car c’est Lui qui est notre paix, Lui qui, de deux [peuples] en a fait un seul et a détruit le mur de la haine qui les séparait, abolissant dans sa chair [le mur] de la Torah, des commandements et des décrets, afin que les deux, il les crée en Lui comme un seul et nouvel ADaM faisant la paix, afin de ramener à la réconciliation avec Dieu les deux en un seul Corps par la croix, ayant tué la haine en Lui. Et Il est venu vous annoncer la paix, à vous qui étiez loin ; la paix aussi à ceux qui étaient proches, car c’est par Lui que les uns et les autres, nous avons accès en un seul Esprit auprès du Père. » (Eph 2,11-18) Un tel passage a dû susciter en Paul une émotion bouleversante ; Paul, ce Juif qui a vu s’accomplir en Christ ce que la ToRaH porte en elle-même depuis la naissance d’Israël, depuis sa formation dans le MiD
eBaR par l’intermédiaire de Moïse ! Donc Israël est incontournable, mais le Christ l’est encore moins qui SEUL porte par l’Église la lumière de la M
eNoRaH jusqu’aux limites du monde, une lumière dont vous et moi, avec nos frères Juifs, sommes les petites lampes qui demeurent devant la Face de Dieu, par le Christ !
Voilà pour une première dimension essentielle de la MeNoRaH. Mais peut-être qu’il y a plus, et là encore écoutons les rabbins qui s’étonnent de ce que le texte dise à propos de ‘AHaRoN : WaYa“aSs KhéN ! « Et il fait ainsi ! » Tiens ! disent les rabbins, on ne dit jamais ça d’habitude ! Quand YHWH donne un commandement, on n’imagine pas que ‘AHaRoN ne le fasse pas ! Donc pourquoi cette précision ici ? Pourtant, cette expression rappelle quelque chose… Ça rappelle les 7 jours de la Création ! Quand on lit le 1
er ch. de la Genèse, on s’aperçoit que 6 fois, le texte dit :
« Et c’est ainsi » : WaY
eHî-KhéN ! Chaque fois que DIEU crée quelque chose, on a WaY
eHî-KhéN ! SAUF pour la Lumière du premier jour… Tiens ! Il manque un KhéN ! Alors les rabbins s’interrogent : Pourquoi ? Pourquoi ce déséquilibre ? Forcément, il doit y avoir un KhéN quelque part, mais où ? Alors rappelons-nous : cette Lumière n’est pas la lumière des astres, on l’a déjà dit plusieurs fois. Ça n’est pas non plus la MeMRaH, puisque la MeMRaH, c’est YHWH Lui-même ! Cette Lumière, c’est la lumière créée qui préside à toute la Création en tant que la Création est VIVANTE et dont le secret est tout entier contenu dans la ToRaH ! Et c’est vrai ! La ToRaH est un trésor de Vie au sens où, si on se laisse illuminer par Elle, par cette Lumière du premier jour qu’elle contient, on va se sentir réellement exister, on va pouvoir aller jusqu’au bout de soi et réaliser des choses qu’on n’aurait jamais imaginées sans elle ! Ça n’a rien de magique ! C’est la Lumière de YHWH qui se déploie en nous à mesure que notre être, notre NèPhèSh s’imprègne de la ToRaH. C’est un véritable travail d’OUVERTURE, pourrait-on dire ; de RÉCEPTIVITÉ : la Lumière du premier Jour est là, sauf que pour savoir la capter, il faut se disposer à La recevoir et pour cela, OBÉIR aux MiTsVOT de la ToRaH qui n’ont pas d’autre but que de nous rendre réceptifs à cette Lumière qui est comme la semence de YHWH projetée dans les âmes pour les rendre fécondes ! Où l’on retrouve cette dimension de l’Époux divin et de l’Épouse Israël dont le plus beau fruit sera, d’un point de vue Chrétien, la naissance de la MeMRaH dans la CHAIR d’une vierge, qui donne à ce mystère des épousailles entre DIEU et sa Création sa dimension la plus concrète, la plus CHARNELLE au sens fort du mot : en Jésus, DIEU et l’homme ne se confondent pas mais se rencontrent à un degré ultime qui fait que Jésus rayonne en plénitude de cette Lumière du premier Jour : c’est ce qu’on représente habituellement par l’auréole. Parce qu’en définitive, tout est là : la clef de la liberté est là, la clef de la Vie est là, la clef de la Joie est là, etc. Dans cette RÉCEPTIVITÉ. Encore faut-il s’y disposer, essentiellement par l’HUMILITÉ qui est l’autre mot pour signifier la RÉCEPTIVITÉ de l’être qui s’ouvre à la ToRaH, ou pour le dire autrement : la FÉMINITÉ de l’être qui accepte de se laisser épouser par YHWH et de se laisser ensemencer par le trait de la Lumière du premier Jour !
Bref. Du coup, revenons à notre passage du début du ch. 8 du livre des Nombres où l’on entend enfin, disent les rabbins, résonner le fameux KhéN qui manquait dans le récit des commencements : « Vous cherchez la Lumière du premier jour ? La lumière de la Vie ? Elle est portée par la M
eNoRaH que vient allumer ‘AHaRoN au moment où le Sanctuaire entre en fonction, raison pour laquelle le Sanctuaire va rayonner cette lumière sur la terre entière ! » Et nous qui sommes chrétiens, nous savons que c’est vrai puisque cette Lumière, c’est le Christ : «
En Lui — le Verbe —
était la vie, et la vie était la lumière des hommes, et la lumière brille dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée » (Jn 1,4-5) ;
« La Lumière est venue dans le monde. […] Celui qui fait la vérité vient à la lumière. » (Jn 3,19.21) ;
« À l’aurore, Jésus se présenta de nouveau dans le Temple — ah tiens ? Et que va-t-il dire dans le Temple, précisément, et nulle part ailleurs ? — […]
Moi, je suis la lumière du monde ! Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres mais il aura la Lumière de la Vie ! » — Ah tiens ! (Jn 8,2.12) Et encore :
« Moi, [je suis la]
Lumière. Je suis venu dans le monde pour que quiconque croit en moi ne demeure pas dans les ténèbres ! » (Jn 12,46) Jésus est vraiment la Lumière mise sur le lampadaire de la Croix pour qu’en jaillisse la Vie du premier Jour redonnée aux hommes dans la Résurrection ! Reste que je ne peux comprendre ça que si je passe par ce geste humble de ‘AHaRoN qui vient allumer les lampes de la M
eNoRaH au nom du Peuple des Fils d’Israël pour que cette Lumière du Premier Jour brille depuis le MiShKâN jusqu’au milieu des nations.
« Et c’est ainsi ! » Enfin ! Et quand on se souvient que la femme, dans le foyer, est celle qui est chargée d’allumer les premières lumières du ShaBaT et que ce rôle est attaché à celui du Grand-Prêtre allumant la M
eNoRaH dans le Sanctuaire, on imagine sans peine l’émotion, la joie qui envahit chaque famille juive pratiquante à l’entrée de chaque ShaBaT ! Voilà la lumière de la MeNoRaH qui se répand dans toute la Création ! Une Création confiée en ses premiers instants à l’humilité de ‘ADaM dont la figure est comme recréée à l’intérieur du sacerdoce d’Israël par lequel le peuple tout entier MONTE vers la Face de YHWH ; ce peuple dont ‘AHaRoN, revêtu de son vêtement liturgique, est chargé sur ses épaules et sur son pectoral. Et évidemment, quand l’épître aux Hébreux parlera du Christ Grand Prêtre, Lui qui est le
« resplendissement de la Gloire » de DIEU (He 1,3), ce ne sera pas pour autre chose que pour faire resplendir cette Lumière par son sacerdoce qu’il tient de sa CHAIR, une CHAIR qui est la nôtre et qu’il porte en notre nom jusque vers le Père dans sa Résurrection et son Ascension, son Élévation, sa Montée...
Enfin bref, on pourrait en dire des tonnes, mais voyez : à partir d’un tout petit verset apparemment tellement anodin :
« Fais monter les lampes devant les faces de la MeNoRaH », éclairé par la tradition orale, on peut rejoindre les projets les plus élevés que le Père a inscrits dans la Création dès son commencement et éclairer ainsi toute la dynamique de la Rédemption, depuis l’Exode jusqu’au Christ ; non seulement comme une marche mais comme une ASCENSION qui motive tous les cœurs assoiffés, non pas à progresser mais à GRANDIR ! Voilà la tradition dont le Christ non seulement se reçoit, mais qu’il mène à son accomplissement en sa Personne !
Alors je vous laisse sur ces quelques considérations qui je l’espère vous auront un peu éclairés. Nous continuerons à parler de la MeNoRaH la prochaine fois avant de voir la suite du chapitre. Je vous remercie. ______________________________________________________________