01-10-2017

[Nb] 27 - Donner au peuple les moyens d'être fidèle

Numbers 15:17-41 par : le père Alain Dumont
Le peuple n’était manifestement pas prêt à entrer en KaNa“aN. Il faut donc consolider ce qui ne l’était pas encore assez, bien recadrer les affaires pour éviter les débordements des générations à venir. Apprendre ce que « recevoir » la terre en héritage signifie ; et donner aux Fils d’Israël le moyen de ne jamais oublier la primauté des MiTsWoT — des commandements — grâce aux franges du vêtement de prière…
Duration:23 minutes 46 secondes
Transcription du texte de la vidéo :
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Citation : mentionner : © Père Alain Dumont, La Bible en Tutoriel, http://www.bible-tutoriel.com/ + titre de l'article
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Bonjour,

Nous poursuivons notre route avec le livre des Nombres et nous terminons aujourd’hui notre lecture du ch. 15. Les v.  17 à 21 nous parlent d’un prélèvement sur le pain, ou plus exactement sur les moutures du pain. Donc sur chaque mouture, une part équivalant à un pain était réservée, normalement pour être donné au Sanctuaire. La tradition précisera avec sagesse que cette prescription ne pouvait concerner que ceux qui étaient proches de Jérusalem, mais il n’empêche : cette mise en réserve donne son prix au pain, d’une certaine manière, et le fait participer à la sainteté qui reste encore et toujours la finalité de toute MiTsVaH. Vous voyez : quand on fait ce genre d’effort de ne pas tout consommer mais d’abandonner une part du produit de la terre, ça s’appelle passer de l’appropriation à la PROPRIÉTÉ ! Eh oui : prenons un exemple simple : une maîtresse de maison apporte un plat : si je mange tout, je m’approprie le plat ! Si j’accepte d’abandonner une part à la maîtresse de maison pour qu’elle puisse elle aussi en manger, ce qu’il y a dans mon assiette est ma propriété, mais je ne me la suis pas appropriée. Dit autrement, celui qui s’approprie un bien refuse toujours de le partager, alors que celui qui est légitimement propriétaire d’un bien sait toujours dire de qui il l’a reçu et surtout sait lui en être reconnaissant. C’est la même dynamique ici : abandonner une part du produit de la terre à YHWH, c’est marquer qu’on a bien conscience de recevoir DE LUI le pain comme un DON de sorte que la part qui me revient peut être légitimement regardée comme ma PROPRIÉTÉ. Eh bien : un tel passage de l’appropriation à la propriété n’est rien d’autre qu’un pas vers la socialisation : il ne s’agit plus seulement de s’emparer des affaires comme si Israël était son seul maître, mais de les RECEVOIR, de les recevoir comme un DON et ça, ça change tout ! Encore une fois, si YHWH donne, alors on ne prend pas, on REÇOIT et c’est la RÉCEPTION qui fait la PROPRIÉTÉ. C’est assez étrange, mais à tout le moins, ça donne à penser : ce qui est « à soi », est-on capable de dire DE QUI on l’a REÇU ? Quand on se pose la question, c’est sûr qu’on n’use plus des biens de la même manière, et on ne mange plus le pain de la même manière. Il y a une paix et une liberté qui s’installent que l’appropriation ou la consommation sont incapables d’engendrer…

Ceci dit, cette précision est importante à ce stade du récit dans la mesure où, quand les Fils d’Israël seront sur la Terre, la manne — le pain du ciel — disparaîtra ! La manne, on est obligé de la recevoir comme un don ; et le seul fait que personne ne puisse la stocker est un rempart contre l’appropriation. Mais quand le pain devient le fruit de mon travail, comment garder la conscience que, malgré tout, je le REÇOIS ? Eh bien en en offrant une part, pas nécessairement gigantesque mais une part tout de même ! Et c’est un des aspects essentiels de la liturgie de l’offrande des dons qui introduit chacune de nos Eucharisties chrétiennes : savoir offrir au Père, par le Christ, une part du fruit de la terre et du travail des hommes, c’est travailler à ne pas s’approprier les biens de cette terre ; à savoir d’où ils nous ont été donnés et nous interdire de les transformer en simples objets de consommation. Ça va très loin ! C’est de l’anthropologie de base, un art dont la Bible est passée maître !

Alors poursuivons le texte : les v. 22 à 31 quant à eux nous font renouer avec la casuistique des Offrandes pour les manquements involontaires qui pourraient avoir lieu une fois arrivés en KaNa“aN. D’abord le manquement de toute la Communauté, ce qui nous renvoie au Livre du Lévitique au ch. 4. Alors de quel manquement il pourrait s’agir ? On ne voit guère que l’idolâtrie, c’est-à-dire une offrande faite par inadvertance à une autre divinité que YHWH — et dieu sait que la terre de KaNa“aN abritait de nombreuses idoles. Là encore, on est vraiment dans la dynamique d’une vie qui n’est plus celle du désert, où YHWH était seul présent pour guider son peuple. Toute la difficulté, c’est qu’une fois qu’on est arrivé, quand on est installé et qu’on n’a plus besoin d’être guidé sur un chemin de survie, on oublie vite celui qui a été présent et actif pour ouvrir le chemin ! Dit autrement, YHWH a été bien efficace pendant la marche dans la MiDeBaR et heureusement qu’Il a été là, mais une fois qu’on est installé… Il n’est plus seul sur le marché du spirituel si vous me permettez l’expression ! Dès lors, il n’est pas impossible de poser des actes cultuels idolâtres par inadvertance ! Ceci dit, ça n’est pas forcément de l’ordre de l’apostasie : dès qu’on s’en est aperçu, on revient vite pour retrouver la pureté de la ToRaH et rester dans l’élan d’élévation, dans l’élan de la sainteté. Idem pour une personne du peuple, ou encore un étranger vivant au milieu du peuple. Maintenant, quand une NèPhèSh — une âme ou une personne — commettra un manquement « à main levée », c’est-à-dire en conscience, au su et au vu de tous dit le v. 30, là, c’est plus grave : la main levée signe ostensiblement que cette personne NE VEUT PLUS faire partie de la communauté de YHWH : raison pour laquelle on la met dehors ! Par ailleurs, sans que ce soit explicitement dit, quand la Communauté elle-même commettra un manquement « à main levée », eh bien elle sera passible de retranchement de la terre et ce sera l’Exil ! C’est exactement ce qui est en train de se passer après le refus ostensible d’entrer en KaNa“aN, raison pour laquelle sans doute il n’est pas nécessaire de le rappeler ici comme un cas de jurisprudence : pour le coup, c’est un fait : la Communauté a manqué délibérément au commandement de YHWH, donc elle vit dans la chair le retranchement qui la renvoie en exil dans le MiDeBaR pour une génération. Quand on se rappelle que ce texte est rédigé précisément à l’époque de l’Exil à Babylone, le récit de l’exil dans le désert dans la ToRaH prend évidemment tout son sens : pourquoi YHWH a-t-Il permis l’Exil ? Parce que nous avons agi comme nos pères au moment d’entrer en KaNa“aN, et il est normal que nous connaissions les mêmes conséquences !

Les versets suivants quant à eux, jusqu’au v. 36, n’y vont pas par 4 chemins ! On trouve un homme qui ramasse du bois le jour du ShaBaT, et hop : on le lapide ! Wouaille ! Ça ne plaisante pas ! Au demeurant, c’est la première fois qu’on nous raconte que quelqu’un viole le ShaBaT… or on se souvient que Ex 31 avait dit explicitement : « Vous ferez le ShaBaT car c’est pour vous un sacrement ! Celui qui le profanera sera mis à mort ! » (Ex 31,14). Et la sentence avait été réaffirmée au ch. 35. Alors on se dit : « C’est du despotisme ! La Bible est une incitation à la violence ! » Oui, bien sûr… comme si nos sociétés libérées de la religion étaient exemptes de toute incitation à la violence… Tu parles ! Tentez seulement de sortir des sentiers battus par le système financier et vous allez voir ! Mais bon. À tout le moins, observons que cette sentence, toute violente qu’elle soit, est INTERNE au peuple, ce qui signifie qu’on ne dit pas qu’il faille exterminer ceux qui ne sont pas d’accord avec la ToRaH ou les soumettre comme des esclaves façon Coran ! Ça n’est pas l’étranger qui pose problème, mais le Fils d’Israël lui-même ; ce qui veut dire qu’il y a là l’exigence d’un travail du peuple SUR LUI-MÊME et sur ceux qui le composent = Premier point. Deuxièmement, rappelons-nous que la visée de ce peuple, la raison même de son élection est inscrite dans le ShaBaT à l’image des prémices de pain dont on vient de parler : le ShaBaT, c’est en quelque sorte cette réserve de TEMPS pour YHWH qui va faire que l’homme ne va pas s’approprier le temps mais le RECEVOIR comme un cadeau. Dit autrement, grâce au ShaBaT, l’homme est comme propriétaire du temps des 6 autres jours de la semaine ! Refuser de vivre le ShaBaT, c’est s’approprier le temps, c’est le revendiquer pour soi et c’est quelque part se l’attribuer en opposition avec YHWH ! C’est une révolte ! Troisièmement : c’est vrai que la sentence paraît complètement disproportionnée avec le méfait. D’ailleurs elle ne le paraît pas seulement, elle EST disproportionnée, mais c’est à dessein ! Rappelons-nous un passage fameux de l’Évangile où Jésus dit : « Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens : Tu ne commettras pas de meurtre, et si quelqu’un commet un meurtre, il devra passer en jugement. Eh bien ! moi, je vous dis : Tout homme qui se met en colère contre son frère devra passer en jugement. Si quelqu’un insulte son frère, il devra passer devant le tribunal. Si quelqu’un le traite de fou, il sera passible de la géhenne de feu. » (Mt 5,21-22) Étrange, non ? Plus le préjudice est faible, plus la sentence est forte ! Pourquoi ? Parce que c’est le principe de la couronne de protection : si tu veux ne pas commettre de meurtre, commence par ne pas te mettre en colère ; mieux : n’insulte pas ; mieux encore, ne le traite même pas de fou ! Vous voyez ? On pose des couronnes de protection pour que le pire n’arrive pas ! Maintenant, SACHANT CELA, si tu traites malgré tout ton frère de fou, c’est que déjà tu as forgé dans ton cœur le projet de le tuer, donc la sentence est d’emblée la plus sévère parce qu’en plus, ton acte est prémédité ! Je vous assure que quand on y réfléchit, on s’habitue à ne pas laisser tomber la vigilance, et les fruits de cette vigilance sont bien plus nombreux que le seul fait de ne pas tuer l’autre, ne serait-ce qu’en termes de paix, de travail sur soi, donc de croissance ! Une société où on s’interdit de se traiter de fous — non pas seulement extérieurement mais intérieurement — sera de beaucoup plus haute tenue qu’une société qui s’autorise tous les mépris, parce que le fait est que quand l’envie de meurtre survient, comme il n’y a eu aucune barrière en amont, la pulsion est reine !

Donc ici, pour en revenir à notre lecture, certes le fait de ramasser du bois, en dehors de la ToRaH, n’a pas de quoi casser trois pattes à un canard ! Seulement voilà : cet homme fait partie du peuple de l’Alliance, de l’élection ! Qui plus est, le peuple vient de vivre un des plus grands drames de son existence depuis la libération d’Égypte précisément pour avoir désobéi à YHWH en refusant d’entrer en Terre de la Promesse, et voilà que cet homme en rajoute une couche : il SAIT que le travail profane est prohibé PAR YHWH pendant le ShaBaT, or il DÉCIDE de ramasser du bois CE JOUR-LÀ, à main levée pour reprendre l’expression du v. 30. Donc il le fait en connaissance de cause, et si rien ne lui est dit, qu’est-ce qui empêchera l’ensemble du peuple de faire pareil ? Ç’en sera fini du ShaBaT, fini de l’Élection vécue non pas comme une simple idée politico-religieuse mais comme un MODE D’ÊTRE ; finie l’Élection vécue comme un chemin de croissance intérieure emprunté génération après génération ! On pourrait dire la même chose concernant le dimanche chrétien : on commence par le relativiser, on continue de travailler comme les 6 autres jours ; on en vient à réclamer de travailler pour ne pas s’ennuyer le dimanche — véridique, je l’ai entendu ! —, on continue un peu à pratiquer à Noël et aux Rameaux, parce que tout de même on n’est pas des sauvages… sauf que la génération d’après, elle, n’ayant inscrit aucune pratique dans sa chair, devient ignorante jusqu’au nom de Jésus au point que les professeurs d’histoire sont obligés de raconter la Bible à leurs étudiants d’université pour qu’ils comprennent quelque chose à leurs propres racines… Sauf que c’est reçu de l’extérieur, comme on étudie la Grèce Antique : c’est dinausaurien ! Un autre temps ! À reclure au Musée et aux archives ! Et l’Élection que porte le peuple chrétien pour être la lumière du monde ? Pfuit ! Envolé ! Fini ! Nada ! Et il reste quoi ? Le développement personnel, les tablettes et le rêve de se construire une petite maison avec son jardin et un poisson rouge… Et après ? Ben rien ! Pourquoi ? Parce que la société tout entière, administrée par des hauts fonctionnaires anonymes ne peut rien proposer en exemple, et surtout pas eux ! Abrutis par des émissions radiophoniques quotidiennes qui visent à conserver le système — allez écouter les émissions de radio des années 60 à heure de grande écoute, où on invitait des philosophes, des peintres, où on avait « le Grand Échiquier » de Jacques Chancelles, de ces émissions dont on ressortait grandis, avec le désir d’être meilleur… Et on n’avait pas honte, quand on s’appelait Madeleine Renaud, de réciter paisiblement devant la caméra un passage de Paul Claudel en hommage à la vierge Marie. Enfin bref, je m’emballe. Mais c’est pour que vous sentiez que si cet homme ramasse du bois alors même qu’il SAIT que YHWH a EXPLICITEMENT prescrit à ce qu’il ne soit fait AUCUN travail ce jour-là, c’est que son intention est de creuser encore plus profond le refus d’Israël d’entrer en Terre Promise ! Il valide personnellement et ostensiblement cette trahison de l’Alliance ! Alors ? Alors la sentence, au regard des enjeux, est sans appel. Et c’est raconté pour que ce soit reçu dans la CHAIR ! Tant mieux si ça vous révolte : encore une fois, c’est fait pour ! Parce que les générations qui entendront le récit de cet épisode y réfléchiront à deux fois avant de se laisser aller à relativiser le commandement du ShaBaT ; ils le porteront dans la CHAIR, et l’Élection, trois mille ans plus tard, sera toujours là alors même que les nations plus permissives n’auront fait que passer avant de s’évanouir dans le néant.

Enfin voilà. Au moins, les enjeux sont clairs, et je vous rappelle qu’il s’agit là d’un travail SUR SOI, d’une exigence pour Israël qui ne se contente pas de « punir » un des siens mais qui veut se donner les moyens d’une fidélité sans faille, autant que faire se peut !

Le chapitre se termine par un passage qui nous paraît à première vue futile, mais qui est en fait un moment capital puisqu’il touche une des prescriptions les plus importantes de la vie juive : les TsîTsiT, les franges, ou les tresses qui pendent aux pans des habits, aujourd’hui le TaLîT. Alors pour vous y retrouver, il y a en fait deux vêtements qui portent ce nom : le TaLîT GaDoL, le « grand talit » qui est le voile dont on s’enveloppe pour prier et le TaLîT KaTaN, le « petit talit » qui est un rectangle de tissu porté sous le vêtement. C’est à partir de ce TaLîT KaTaN qu’on voit pendre les TsîTsiOT — pluriel de TsîTsiT — des Juifs orthodoxes, mais les deux comportent ces franges aux quatre coins. Toujours est-il que dans toute la Bible, on ne trouve mentionnées le TsîTsiT qu’ici et dans le livre d’Éz, ch. 8 v. 3 ; sauf que là, c’est pour désigner les tresses de la tête par lesquelles le prophète est saisi par YHWH pour l’emmener en esprit jusqu’à Jérusalem. Bref. En tout cas, on ne parle nulle part ailleurs de TsîTsiT. Mais il n’empêche : on a là une vraie MiTsWaH, un vrai commandement qui peut sembler dérisoire, mais en réalité qui est donnée pour rappeler aux Fils d’Israël que leur mission en ce monde est d’accomplir TOUTES les MiTsWoT de la ToRaH, au nombre de 613 disent les rabbins, sans jamais oublier de rattacher ces MiTsWoT aux offrandes du MiShKaN.

TsîTs, en hébreu, signifie « regarder » ; donc le TsîTsiT, c’est ce qu’il faut voir, dit le v. 39, pour faire mémoire de tous les commandements. Alors la tradition veut qu’initialement, le TsîTsiT ait été composé de 4 fils blancs et un fil couleur azur — TeKhéLèT — qui est une des couleurs de la tenture du MiShKâN, ce qui veut dire qu’en regardant ces TsîTsiOT, le Fils d’Israël fait mémoire du lien qui l’attache à YHWH par le MiShKâN ! Sa prière n’a pas de vertu par elle-même mais PAR les offrandes du MiShKâN, pas plus si vous voulez que la prière du chrétien n’a de valeur sans l’offrande Eucharistique qui nous rappelle que toute prière n’est élevée vers le Père QUE PAR le Fils qui donne sa vie en offrande. Et jusqu’à aujourd’hui, ce sens du TsîTsiT comme attaché au MiShKâN demeure, quand bien même le MiShKâN n’ait appartenu qu’au temps de Moïse. Dit autrement, que le Temple de Jérusalem soit debout ou pas, ce qui importe encore une fois, c’est qu’en regardant le TsîTsiT, le fidèle attache sa prière aux sacrifices DU MiShKâN, quelle que soit la génération à laquelle il appartient. C’est cette vertu du MÉMORIAL qui a valu à ces tresses de devenir tellement essentielles puisqu’elles travaillent à garder sous les yeux le devoir d’exercer les commandements qui rendent pur, c’est-à-dire apte à se laisser entraîner dans l’élévation qu’opèrent les offrandes dès la fondation du culte par Moïse. Alors le TsîTsiT peut paraît dérisoire, mais c’est loin de l’être : c’est là une pratique toute simple, tellement simple que précisément, tout juif peut la mettre en place, qu’il soit pauvre ou riche ! C’est un garde-fou en quelque sorte, très CHARNEL, qui prend en compte que les yeux de l’homme ont vite fait de jouer la girouette, de « délirer » dit le v. 39, par un regard qui se porte si facilement à la prostitution… On sait bien que le regard des hommes a cette tendance de repérer toute femme attirante, ce qui est beaucoup moins le cas pour les femmes dont le regard n’a pas a priori cette tendance furtive à chasser le beau mâle. C’est peut-être la raison toute simple pour laquelle les femmes ne sont pas tenues par le commandement des TsîTsiT, entre autres !

Toujours est-il que ce qui est dit dans ce passage sur les TsîTsiT vient comme résumer l’ensemble de ce qui vient de se passer depuis l’épisode des explorateurs au ch. 13. Dans le fond, dit cette conclusion des v. 37 à 41, la force des MiTsVOT, c’est qu’elles protègent le peuple juif quand bien même sa vie ne tiendrait plus qu’à un fil : celui des TsîTsiT. Bien que privé de la terre, parce que le TsîTsiT renvoie au MiShKâN, alors le peuple est sauvegardé. Dit autrement, que j’aie une terre ou que je n’en aie pas, ce n’est pas de ça que dépend intrinsèquement l’élection. Évidemment que la terre est importante ! Évidemment qu’elle est essentielle ! Mais la terre ne conditionne pas pour autant l’identité juive, à la différence des MiTsVOT parce que les MiTsVOT et elles-seules se rattachent encore une fois au MiShKâN du désert qui, lui, ne pourra jamais être éradiqué de l’histoire par les nations comme c’est le cas aujourd’hui encore avec le Temple de Jérusalem.

En tout cas, on voit dans tout ce ch. comme un souci de consolider la volonté du peuple d’Israël à ne rien lâcher des commandements ! Les conséquences sont trop pénibles pour se le permettre, on en sait quelque chose maintenant qu’on est tenu à errer 40 ans dans le désert à cause de la trahison à la frontière. On consolide ce qui ne l’était pas encore assez, mais c’est pour franchir ensuite les fils des siècles, donc c’est loin d’être inutile ! Est-ce que ça suffira pour éviter les déconvenues ? Sûrement pas et le ch. suivant en sera la preuve, mais enfin : allez, on y croit ! Et même s’il y a des brebis galeuses dans la bergerie comme va immédiatement le montrer le ch. suivant, ça n’est pas une raison pour abandonner. Mais nous verrons ça la prochaine fois. D’ici là, je vous souhaite une bonne lecture de la fin de ce ch. 15. Je vous remercie.
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