19-12-2014

[Gn] 21 - La Bénédiction de Jacob

Genèse 27 par : Père Alain Dumont
Rebecca contrevient au projet d’Isaac de bénir Esaü. Elle fait passer Jacob pour son frère aîné et fait advenir sur lui la bénédiction de l’Alliance.
Rubrique :Jacob
Duration:12 minutes 38 secondes
Transcription du texte de la vidéo :

(Voir la vidéo : http://www.bible-tutoriel.com/la-benediction-de-jacob.html )

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Pour une citation, mentionner : © Père Alain Dumont, La Bible en Tutorielhttp://www.bible-tutoriel.com/ + titre de l'article
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Bonjour,

Donc, vous vous souvenez, Isaac doit bénir un UNIQUE fils.

La bénédiction dit l’UNIQUE : chaque fois qu’un père bénit son enfant, il lui dit : « Tu es unique ! ». C’est la raison pour laquelle la bénédiction paternelle est tellement essentielle, et tellement féconde pour la vie d’un enfant.

Cela va évidemment susciter la jalousie. Mais cette jalousie est salutaire : c’est un défi qui m’est lancé : que veux-tu exactement ? Pour quel désir es-tu prêt à partir à l’aventure ?

Donc, Isaac veut bénir un fils, reste que, pour lui, il s’agit de Ésaü, mais voilà que la femme passe par là… Et là, on va vous montrer comment la femme est gardienne de la Sagesse. Rappelez-vous au ch. précédent : Isaac aimait Esaü, Rebecca aimait Jacob. Cela ne veut pas dire qu’elle n’aimait pas Esaü : quand le drame aura éclaté, elle refusera de perdre ses fils, l’un comme l’autre : « Perdrai-je mes deux fils en un seul jour ? », eux qui étaient venus au monde en un seul jour…

En tout cas, le récit nous dit quelque chose d’essentiel, là encore : d’accord, ce sont les Patriarches qui portent l’élection, mais il ne faudrait pas pour autant oublier les Matriarches ! Redisons-le : la femme, dans l’Alliance, est gardienne de la Sagesse. Quand DIEU fait l’homme, ce n’est jamais sans la femme : si la mémoire se souvient d’Adam, Abraham, Jacob, etc. La Bible, elle, parle par couples : Adam et Ève ; Abraham et Sarah ; Jacob et Rachel ; etc.

Ça se dégrade avec Salomon qui, lui, se prend pour lui pas moins de 700 femmes et 300 concubines… Du coup, il n’en écoute plus une seule ! Et c’est la débandade, avec le schisme qui s’en suivra.

Pour autant, cela ne veut pas dire que les Matriarches soient parfaites ! Elles sont pécheresses, comme les patriarches sont pécheur, et DIEU fait avec. Peut-être que Rebecca — et c’est ce que dira le Talmud — avait perçu qu’Esaü ne saurait pas relayer la promesse de l’Alliance. D’ailleurs, Esaü n’épouse-t-il pas des filles du pays de Canaan, qui servent d’autres dieux ? Il faut ici faire confiance à la Sagesse, dit le texte, et donc, en l’occurrence, à la femme.

Donc Rebecca se pointe à l’entrée de la tente : elle a eu l’intuition qu’il était en train de se passer des choses pas nettes…  Elle entend les propos de son mari, et elle décide de monter un scénario pour contrer le projet d’Isaac : elle va faire passer Jacob pour Esaü !!! Elle prépare le gibier comme l’aime Isaac ; elle enveloppe des bras de Jacob de peau de chèvre — n’oubliez pas que Jacob est glabre, alors que Esaü est poilu !!! Isaac étant aveugle, il lui reste les mains pour reconnaître ses interlocuteurs — ; elle lui fait enfiler des vêtements d’Esaü… Pour la voix, ce sera plus dur, mais s’il n’y a pas de suspens, l’histoire ne vaut pas le coup d’être racontée !

Et voilà que Jacob est béni !!!

Il faut lire le texte ! (v. 18-29).

Que va-t-il se passer au retour d’Esaü ?

Lisons la suite : v.30-38 !

Voilà : Cris et pleurs : c’est la Tragédie.

N’as-tu pas une autre bénédiction ? Eh non… Isaac n’est pas la source de la bénédiction. Aujourd’hui, on dirait : T’en fais pas mon p’tit gars, je te bénis aussi ! Mais non… Grand ébranlement d’Isaac qui est pris de tremblements… Il est bouleversé dans son identité de père…

Mais dès lors, la bénédiction a tranché entre les jumeaux : ils sont DEUX, différents. Ils ne sont pas UN… L’Antiquité regardait avec effroi la venue de jumeaux… Sont-ils une seule âme en deux corps ? Cela faisait peur.

Là, le choix de la mère a prévalu.

Oui mais… Jacob a contracté une dette !

S’il est élu, c’est sur le fond d’une injustice ! Et là, vous avez aussi un élément essentiel de l’élection : Israël sait que l’élection du peuple est, quelque part, une injustice. On ne se gargarise pas d’être l’élu. Et nous verrons, avec Moïse, qu’un rite va être établi pour se rappeler que le salut, la libération de l’esclavage d’Egypte, s’est faite sur le fond d’une injustice : la mort des premiers nés de l’Egypte… Ce sera le rôle de l’Agneau pascal de faire mémoire de cette injustice, comme une dette dont Israël sera éternellement redevable, du cœur même de son élection. On ne fait plus le fier, dans ces cas-là. Et n’oublions pas non plus, nous chrétiens, que nous sommes sauvés par la mort d’un innocent : c’est une injustice dont nous sommes redevables et que nous nous remémorons à chaque Triduum pascal.

Alors Esaü se prépare à assassiner son frère.

Là, la matriarche, à nouveau, va tenir son rôle de gardienne de la sagesse : elle les sépare pour, dit-elle, ne pas les perdre en un seul jour, elle qui les avait reçu en un seul jour. (27,45).

Esaü est-il maudit ? NON ! Ça, c’et le danger de l’homme contemporain qui lit tout en termes de dialectique : si tu es béni, c’est que je suis maudit… Du coup, c’est l’occasion de toutes les guerres et de toutes les revanches…

Mais non : si Jacob est béni, rappelez-vous, c’est pour que les nations le bénissent et reçoivent à leur tour les fruit de l’élection. C’était le cas d’Abraham, ce sera le cas de Jacob. Esaü sera béni, mais ce sera en bénissant Jacob. Mais là, il faudra attendre la fin de l’histoire. Entre temps, il s’en sera passé, des choses !!! qu’il nous faudra découvrir plus avant, la prochaine fois.

Je vous remercie.