19-12-2014

[Gn] 24 - Enfin libre !

Genèse 30 par : Père Alain Dumont
Jacob a acheté ses deux femmes par un esclavage de 14 années auprès de son beau-père Labân. Il est enfin libre, mais son beau-ère lui demande de rester.
Rubrique :Jacob
Duration:14 minutes 6 secondes
Transcription du texte de la vidéo :

(Voir la vidéo : http://www.bible-tutoriel.com/enfin-libre.html )

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Pour une citation, mentionner : © Père Alain Dumont, La Bible en Tutorielhttp://www.bible-tutoriel.com/ + titre de l'article
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Bonjour

Avant de terminer le cycle de Jacob, on va tomber maintenant dans des “petites histoires”. Mais il ne faudrait pas pour autant les mépriser.

Toutes ces histoires peuvent choquer les honnêtes gens, ceux qui pensent que des héros de la Bible devraient être lisses et sans défaut… Sauf que ça n’existe pas : il y a toujours une face sombre, et toute la question est : qu’est-ce que tu fais de cette face sombre ? Dans la vie de tous les jours ?

Ce que nous dit la Bible, c’est que tout doit pouvoir venir à la lumière. Et dans le fond, c’est ça l’honnêteté ! Les seuls qui soient honnêtes dans le texte, c’est DIEU qui met tout en lumière et c’est l’écrivain qui ne cache rien : c’est ça, être inspiré.

Être inspiré, c’est tout dire et ne rien cacher des rugosités de la vie des patriarches, sans jamais juger. Ni DIEU ni l’écrivain ne regardent les personnages de haut : ils ne sont ni meilleurs, ni pires que nous. Leurs batailles étaient rudes, et leurs succès précaires, voire dérisoires. Comme vous, comme moi. Mais c’est avec eux — avec nous — que DIEU fait l’histoire, et c’est là, dans le fond, qu’est la véritable Promesse : non pas un privilège, mais l’assurance que DIEU est fidèle, même avec les filous, surtout avec les filous, c’est-à-dire avec ceux qui ne cachent pas qu’ils le sont.

Parce que dans le fond, c’est ça le péché : non pas “magouiller”, mais cacher la magouille ! Or là, l’écrivain ne cache rien. Ce qu’il retient et qu’il veut laisser transparaître, c’est que Jacob a la niaque, c’est tout ! Et DIEU aime ceux qui ont la niaque. DIEU n’aime pas les victimaire qui se plaignent de tout et attendent tout de l’état providence. Mais une niaque qui se vit à la lumière de DIEU, et non pas simplement pour se forger une image au regard des hommes. Ce n’est pas la mafia ! « Soyez rusé comme des serpents », dit Jésus. Et s’il y en a eu un qui a eu la niaque, c’est-à-dire une volonté à toute épreuve, c’est bien lui.

Plus tard, vivant de manière transparente dans la Lumière de DIEU, Jésus est le digne Fils de Jacob ! Il est l’accomplissement parfait de la figure de Jacob.

Voilà donc que Jacob a passé 14 années d’esclavage auprès de son double beau-père : rappelez-vous qu’il a épousé Léa et Rachel dont il a eu 11 fils et une fille. C’est ce que nous raconte la première partie du ch. 30.

Tout n’est pas simple, puisque Rachel, stérile, va jalouser Léa. C’est une femme au tempérament de feu : « Donne-moi des enfants ou je meurs / sinon je suis morte ! » Parce que, dira Rachi, celui qui n’a pas d’enfant est comme un mort…

Alors Jacob s’enflamme contre Rachel : querelle de couple ! « Suis-je à la place de DIEU ? » Holà !!! Décidément, ce patriarche a encore beaucoup à apprendre… Où est l’intercesseur qui sait que sa prière a du prix aux yeux de DIEU comme Abraham ? Et de fait, elle devra se débrouiller toute seule : au v. 22, elle est seule à prier, mais DIEU entend son cri et “ouvre son sein”.

Bref, tout n’est pas simple dans la vie de ce couple à trois, et les problèmes ne viennent pas nécessairement et uniquement des beaux-parents.

Toujours est-il qu’elle enfante Joseph, et dans la dynamique de cette naissance, Jacob va voir son beau-père et lui dit : « Laisse-moi partir chez moi, dans ma terre. Donne-moi mes femmes et mes enfants ! »

Labân est le chef du clan, donc on ne va pas n’importe où comme bon nous semble. Jacob ne demande pas de salaire. Dans le fond, il a été esclave, il s’en va comme un esclave, avec pour seule richesse sa propre famille. Mais Labân sait que si ses troupeaux ont prospéré, c’est précisément grâce à Jacob. Il le sait par la magie, nous dit-on. À l’époque, ça marchait, semble-t-il… Alors il lui propose de rester, moyennant salaire cette fois ;

Alors Jacob d’enfoncer le clou : « Tu as raison, si tu as prospéré, c’est parce qu’Adonaï a béni mes pas ! Alors je ne veux rien de toi. Mon salaire sera ce que DIEU me donnera » — et je l’aiderai un peu s’il le faut…

Jacob accepte donc de rester 6 ans de plus pour se composer un cheptel tout en continuant à travailler pour son beau-père en lui gardant tous les animaux les plus beaux : les chèvres sans tâche et les moutons blancs ; toutes les chèvres mouchetées ou les agneaux noirs, moins purs, de moindre valeur marchande il les gardera pour lui. Pourquoi pas ?

Mais on voit bien qu’on n’est pas en terrain de confiance : dès qu’ils concluent le marché, Labân trie ses bêtes pour enlever toutes les bêtes mouchetées, et être sûr qu’elles ne viendront pas contaminer le troupeau qu’il confiera à Jacob ! Il confie ses troupeaux personnels à ses fils, et s’il met 3 jours de marche entre lui et son gendre, c’est qu’il prend les moyens pour que les troupeaux ne se mélangent pas ! La confiance règne !!!

Alors que voulez-vous, en face d’un tel beau père dont il sait qu’il ne peut rien attendre et dont il a tout à craindre, Jacob prend les moyens pour déjouer les desseins de Labân. Ce n’est pas malhonnête en soi, pas plus que quand on vous dit qu’il faut manger du sodium / potassium pour avoir une fille, alors qu’il vaut mieux manger du magnésium / calcium pour avoir un garçon... Ç’aurait été autre chose s’il avait fait des manipulations génétiques, mais on n’en est pas là ! Disons que c’est se rendre “disponible au miracle”, idée est très intéressante… Ce n’est pas le provoquer : on ne vous dit pas qu’il fait de la magie, non : il utilise des procédés connus de son temps, et le fait est que ça marche assez bien !

Jacob n’est pas attentiste. C’est un bosseur et il récolte le fruit de son travail. Les rabbins aiment dire qu’il ne suffit pas de prier pour s’assurer de la bénédiction de DIEU. Le plus souvent, la bénédiction est prodiguée à celui qui renonce à attendre passivement le miracle et préfère collaborer à la bénédiction par son courage, son effort et son travail personnel. Jacob a la niaque, dirait-on, aujourd’hui, et le bon DIEU aime ça. L’histoire de Jacob en est l’illustration parfaite.

Bref, il fait regarder des baguettes fraîches de peuplier, d’amandiers et de platanes, et c’était alors sensé faire que les brebis donnaient des petits bariolés… Enfin, on ne sait pas trop, mais en tout cas, au v. 40, on vous dit que Jacob s’est enrichi prodigieusement en jouant un bon tour à son beau-père. Mais en respectant les traits du contrat !!! Le talmud comptera 600 000 têtes de bétail, c’est considérable !

Et c’est le signe de la bénédiction de DIEU qui le préserve des malversations des impies. Labân est tout de même un sacré exploiteur. Mais que voulez-vous, dans l’Ancien temps, il fallait survivre, et tous les coups étaient permis pour cela. Si ça marchait, c’est que DIEU bénissait ! Or là, Labân devra apprendre que DIEU bénit son gendre, et là, la leçon sera difficile à avaler.

Bref. Toutes ces considérations, donc, pour nous permettre de bien comprendre ce que dit le récit, au-delà des faits bruts. Désormais libre donc, avec ses propres esclaves / serviteurs — remarquez qu’on les cite au milieu des animaux… c’est simplement pour dire que leur rôle était de s’occuper des bêtes, diront les rabbins ! Mais encore une fois, il ne s’agit pas de l’esclavage négrier du XVIIIe siècle !!! — désormais libre, il met à profit son esprit d’entreprise et s’enrichit. Il a la niaque, il est volontaire, il sait ce qu’il veut et prend les moyens pour cela…

Sauf que la niaque de Jacob suscite la jalousie de ses beaux-frères… La situation se tend, et il va falloir envisager de fuir ! C’est ce que nous verrons la prochaine fois.

Je vous remercie.