19-12-2014

[Gn] 25 - La fuite de Jacob

Genèse 31 par : Père Alain Dumont
Jacob est maintenant suffisamment riche, mais la jalousie de son beau-père l’oblige à fuir pour retourner sur la Terre de ses pères. Labân se lance alors à sa poursuite.
Rubrique :Jacob
Duration:11 minutes 42 secondes
Transcription du texte de la vidéo :

(Voir la vidéo : http://www.bible-tutoriel.com/la-fuite-de-jacob.html )

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Pour une citation, mentionner : © Père Alain Dumont, La Bible en Tutorielhttp://www.bible-tutoriel.com/ + titre de l'article
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Bonjour,

Donc Jacob est à présent libre, il est riche et il suscite donc la jalousie de sa belle famille. Mais grave ! Jacob voit bien que le beau-père le regarde de travers !

Alors le Seigneur intervient en sa faveur : « Retourne sur la terre de tes pères, dans ta parenté, et je serai avec toi. » Voyez : Dieu répond au vœu d Bethel : il protège Jacob qui restera un homme attaché au Seigneur à qui il a promis d’être voué s’il le bénissait, ce qui est le cas à travers ses femmes, sa descendance et, à présent, sa richesse.

Alors il convoque ses femmes et proteste de sa bonne foi : « J’ai servi votre père, et lui s’est joué de moi ! » Et là, il raconte l’histoire telle qu’il la ressent : Votre père a changé 10 fois mon salaire ! C’est-à-dire sur six ans à chaque fois que les père mettaient bas… C’est assez pénible en effet, quand on y pense ! Toujours est-il que ces bêtes, c’est DIEU qui les a données à Jacob, malgré la malhonnêteté du beau père ! Le DIEU de Bethel ! Et c’est Lui, maintenant, qui lui dit de retourner !

Et ses femmes confirment. je vous rappelle que, pour la Bible, la femme est gardienne de la sagesse. Quand Jacob vient leur dire son projet, il leur demande d’exercer leur rôle. Et voilà qu’elles dénoncent la méchanceté de leur père : il nous a vendues et il a mangé notre argent, nous n’avons plus d’héritage auprès de lui ! C’est pour cela que DIEU a transféré sa richesse sur toi : pour nous redonner à nous aussi l’argent qu’il nous a volé. Alors… Fais tout ce que DIEU t’a dit »

Voilà la Sagesse : « Fais ce que DIEU te dit ! » Aujourd’hui on dirait : “fais ce que te dicte ton cœur”, mais on a tort ! C’est ce que DIEU dit qu’il faut faire, et DIEU ne dicte pas toujours de se la fermer devant l’iniquité ! Au contraire.

Alors Jacob fait selon ce que la Sagesse l’encourage de faire : il profite de ce que Labân est parti tondre ses troupeaux à trois jours de là — rappelez-vous que la distance entre les troupeaux de Labân et ceux de Jacob est voulue par le beau-père — pour prendre la fuite.

Sur ce point, reconnaissons qu’il n’a pas encore changé : il est toujours celui qui fuit ! Mais en même temps, il retourne d’Exil, et c’est cela qu’il faut entendre.

Et où va--il : en direction de la Montagne de Galaad,— première mention de cette partie Est de la Rive du Jourdain, disons la chaîne de montagnes qui longe le Jourdain.

Si on essaie de se repérer, on a les montagnes de Judée, si on descend dans le Sud, on trouve le territoire de Edom, là où vit Esaü ; puis on remonte vers Moab, d’autre côté de la Mer Morte ; Puis on trouve le pays de Ammon — les Ammonites — et si on continue de monter au nord, on trouve la terre de Galaad à l’Est du Jourdain, avec deux frontières fluviales : le Yarmuk au Nord et le Yabboq au Sud, le Yabboq où il se passera des choses importantes au chapitre suivant.

Bref. Il faut donc trois jours pour avertir Labân du départ de Jacob. Vous voyez : cette fois, il n’a pas demandé l’autorisation du beau-père. Et on vous le note explicitement : (v. 20) « Jacob abusa l’esprit de Labân l’Araméen en ne lui annonçant pas qu’il s’enfuyait. » Pire !!! Rachel dérobe les idoles de son pères !!! Des “Teraphîm”, c’est-à-dire ces figurines de bois ou de pierre qui représentent non seulement les divinités du clan, mais qui sont aussi autant de titres de propriété ! À cette époque, on n’écrivait pas sur du papier dans ces contrées, et les documents administratifs étaient gravés dans de l’argile. On ne faisait pas de la poterie pour faire “bio” à cette époque : c’était une industrie très importante : pensez : on fabriquait de la brique, on moulait des pierres, on étanchéifiait des canaux, et on inscrivait les documents administratifs, jusqu’aux traités entre Royaumes ! On sait d’ailleurs que la Mésopotamie excellait dans la science des argiles.

Alors à taille moindre, quand on avait fait l’acquisition d’un terrain, quand on était propriétaire, on avait des “teraphîm” qui étaient la marque de propriété. Selon une tablette trouvée à Nouzi en Mésopotamie, au Sud Ouest de Ninive, on sait que la détention de ces dieux domestiques pouvait permettre à un gendre, par exemple, de convoquer un tribunal pour réclamer les biens de son beau-père décédé. Donc partir avec les Teraphîm, c’était menacer de léser les fils de Labân de leur héritage ! Ce n’était pas rien, et ça vous explique pourquoi ils n’hésitent pas à faire 7 jours de marche pour le rattraper !

MAIS DIEU intervient en songe vers Labân et lui dit : « Garde toi de parler avec Jacob en bien ou en mal ! » Eh oui, parce que ça pouvait bien se terminer par des violences incontrôlées, ces affaires là ! Peut-être pas des meurtres, mais Labân pouvait bien repartir avec tout le cheptel et laisser Jacob sans rien !!! Et là, c’est la mort assurée pour tout le clan…

Alors il rejoint son gendre, et avec quelques précautions (sans doute aussi que le groupe de Jacob était important, et Labân se disait peut-être qu’il n’aurait pas forcément la main). Alors il lui dit : « v. 26-30 »

Jacob répond : « J’ai eu peur — et il avait de quoi ! —Quant à celui qui chez qui tu trouveras tes Téraphîm, il ne vivra pas ! »

Oui, mais c’est Rachel qui les avait dérobés… alors le texte est très bien construit : on voit Labân aller dans la tente de Jacob, puis de Léa, puis des servantes… Entre temps, Rachel avait eu le temps de monter un scénario. Elle fourre les idoles dans un bât de chameau (le bât est l’appareil en bois qu’on met sur le dos des bêtes de somme pour leur faire porter des fardeaux, et sur les chameaux en l’occurrence pour fixer une selle, par exemple.)

Donc elle cache les Téraphîm sous la selle et elle s’assied dessus ! Et quand son père entre, elle dit : « Ne m’en veux pas de ne pas me lever, j’ai ce qui arrive aux femmes », c’est-à-dire qu’elle a ses règles, et elle ne peut pas trop bouger. N’oubliez pas qu’on ne plaisante pas avec ces histoires : le sang, c’est du sérieux ! Alors Labân fouille partout, et donc ne trouve rien…

Et crac, on égratigne celui qui a été plus ou moins honnête dans cette histoire en se moquant de lui : même ses filles l’on trompé, et il n’a strictement rien vu !!! Et où est-ce qu’elle a caché les Téraphîm ? Sous ses fesses ! Manière de dire que si on peut les mettre là, c’est qu’elles n’ont pas grande valeur !!! Sauf qu’en même temps, c’est aussi le signe que ces idoles, qui reviennent avec Jacob, lui colleront à la peau et colleront à la peau de tous ses descendants ! C’est justement là que, pour le coup, le bât blesse : ce bât là va blesser le peuple d’Israël pendant toute son histoire, parce que c’est difficile de lâcher ses vieux démons !

Alors au tour de Jacob de se mettre en colère contre son beau-père qui, décidément, pousse le bouchon un peu loin : « Pourquoi est-ce que tu t’acharnes comme ça contre moi ? Tu as tout palpé, tu as tout retourné et tu n’as rien trouvé ! Je t’ai servi 20 ans honnêtement, j’ai passé des heures, des jours sous le soleil, et des nuits entières dans le froid pour garder tes bêtes ! 14 ans pour tes deux filles, et 6 ans où tu as changé mon salaire plus de dix fois ! Et si le DIEU d’Abraham, Frayeur d’Isaac (on adore dans la crainte ! à Bethel, souvenez-vous : « ce lieu est terrible ! »)  n’était pas intervenu, tu m’aurais renvoyé les mains vides !!!

Alors Labân ne veut pas perdre la face : « Ok Ok ! Tout ce que je vois là, ton troupeau, tes femmes, tes enfants, tout ça est à moi ( !!!), mais bon, tranchons une alliance. Alors on lève une stèle, on amasse des pierres et on mange là ! Rappelez vous l’importance du repas, signe de paix : si je mange avec toi, c’est que nous sommes en paix. Et ils jurent par DIEU : DIEU est témoin entre toi et moi ! Qu’il juge entre nous ! Jacob fait alors un sacrifice, et hop : c’est reparti pour un repas d’alliance. une frontière est tracée : personne ne la franchira pour aller titiller l’autre. « Chacun chez soi et les bêtes seront bien gardées ! »

Ce sur quoi Labân se retire. Voilà pour la belle famille ! Ouf, ce n’était pas gagné !!!

Oui mais… maintenant, il va falloir retrouver la famille, la vraie, et le frère jumeau qui n’a pas oublié l’affront d’autrefois !!! Que va-t-il se passer ? Veut-il toujours se venger ??? Comment Jacob va-t-il faire ? Nous le verrons la prochaine fois.

Je vous remercie.