12-01-2015

[Gn] 36 - La saga de Joseph-Aménophis

par : Père Alain Dumont
Nous poursuivons notre enquête sur l’identité de Joseph dans l’historiographie égyptienne, qui lui donne le nom de Aménophis, Fils de Hapou.
Rubrique :Joseph
Duration:20 minutes 49 secondes
Transcription du texte de la vidéo :

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Bonjour.

Nous poursuivons notre enquête sur l’identité de Joseph dans l’historiographie égyptienne, qui lui donne le nom de AMÉNOPHIS, FILS DE HAPOU.

Après avoir éprouvé Joseph, puis, nous dit la biographie statuaire, après l’avoir formé dans une école de scribes aux traditions égyptiennes, AMENOPHIS II n’oublie pas les raisons pour lesquelles son père, TOUTHMÔSIS III a fait descendre Joseph en Égypte : décrypter les hiéroglyphes techniques de l’Ancien Empire.

Joseph est issu d’une famille détentrice d’un savoir-faire qui permet de fabriquer de la pâte de roche, non à l’aide d’argile mais de caliche, c’est-à-dire un dépôt durci de carbonate de calcium qui cimente ensemble d'autres matériaux comme le gravier, le sable, l’argile etc. Bref. Joseph-Aménophis sait qu’il doit trouver une terre équivalente au caliche du Mitanni, et il va sélectionner une argile rouge, avec laquelle il élabore un ciment étanche à l’eau, parfaitement adapté aux travaux de colmatage pour les citernes et les canaux.

Or cette argile rouge est précisément celle dont, d’après la mythologie ancienne, se servait le dieu KHNOUN pour façonner le corps des hommes… Donc ce dieu, d’une manière ou d’une autre, va retrouver droit de cité.

Joseph-Aménophis s’imprègne des écrits d’Imhotep, et il écrit :

« Pour moi, ces textes étaient limpides comme de l’eau de roche ! Je me suis rendu maître d’idées inaccessibles au premier abord ; j’ai mis en pleine lumière tous les passages obscurs ; on tirait de moi des renseignements dans toutes les questions qu’ils traitaient… ».

Voici le texte qu’on trouve inscrit au dos de sa statue biographique, à l’occasion de ses 80 ans, à Karnak :

« Je suis un véritable être d’élite au milieu de la masse des humains : un hommes dont l’intelligence comprend tout lorsqu’il parcourt la salle du conseil et à qui les choses les plus exceptionnelles paraisse naturelles ! »

Voici donc qu’il décrypte sans difficulté les manuscrits anciens d’IMHOTEP, et qu’il retrouve ainsi l’ancienne religion qui parlait de l’homme façonné par l’agglomération d’argile. Il adapte cette technique pour inventer de nouveaux enduits qui lui permettent d’irriguer toute l’Égypte tant et si bien que, grâce à ces citernes et ces canaux, l’Égypte va pouvoir étendre très loin du Nil ses champs à cultiver, et bientôt, elle deviendra le grenier à blé de tout le monde connu.

à la fin de son règne, AMÉNOPHIS II rétablit les relations avec Babylone et le Mitanni, sans doute sous l’impulsion de Joseph-Aménophis, de sorte que sa famille peut alors le rejoindre.

AMÉNOPHIS II pense y trouver son compte, et il a raison : il y a bien des chances pour que dans cette famille, des éléments de valeur pourront servir l’État (Cf. Gn 47,5-6) :

« Pharaon s’adressa à Joseph et lui dit : « Ton père et tes frères sont venus te rejoindre. Le pays d’Égypte est à ta disposition : installe ton père et tes frères au meilleur endroit du pays. Qu’ils habitent au pays de Goshèn, et si tu connais parmi eux des hommes de valeur, nomme-les chefs des troupeaux qui m’appartiennent. »

Son jeune frère, YOUYA, arrive avec sa famille, et notamment HEBY et NEBY, autres frères de Joseph. Une de ses nièces épouse alors un fils cadet d’AMENOPHIS II, TOUTHMOSIS, qui deviendra Pharaon à la suite du décès accidentel de son frère aîné, de sorte que Joseph-Aménophis ne deviendra rien de moins que l’oncle du Pharaon !

Et en effet, en 1407, TOUTHMOSIS IV, succède à AMENOPHIS II, et Joseph-Aménophis est nommé Scribe Royal avec le titre de CREUSEUR DE CANAUX ET DE CITERNES. Il a 30 ans. Je ne sais pas si vous vous rendez compte, mais c’est prodigieux ! Un tronçon d’irrigation porte d’ailleurs toujours le nom de BAHR YOUSSOUF aujourd’hui, le CANAL DE JOSEPH.

Il devint aussi le chef des prophètes d’HORUS KHENTII-KHATT-TII, dont le temple est dans le Delta, au Nord. Ce nom signifie : HORUS QUI PRESIDE LES DEUX YEUX, c’est-à-dire le soleil et la lune. Mais avec le temps, Horus est assimilé à RÉ, dont le nom signifie « Puissance créatrice » : on le représente comme un faucon d’or, qui représente la hauteur du ciel, surmonté d’un disque lumineux qui représente le soleil. Ce qui n’est sans doute pas un hasard, parce qu’il se pourrait bien que Joseph ait reconnu en HORUS son dieu ancestral, SHAMASH, ou EL-SHADDAÏ. Nous le reverrons, car ce n’est pas sans conséquence en ce qui concerne AKHENATON.

Le règne de TOUTHMOSIS IV est court (9 années). Il meurt en 1390.

AMENOPHIS III succède à son père : il a 12 ans. Il nomme Joseph-Aménophis SCRIBE ROYAL PERSONNEL, c’est-à-dire chef de cabinet personnel du Pharaon, donc son plus proche conseiller.

Joseph-Aménophis épouse la veuve de TOUTHMOSIS IV — c’est-à-dire sa propre nièce — et devient à 50 ans le beau-père d’Aménophis III. Cela explique assez bien comment, dans la Bible, au moment où Joseph se fait reconnaître à ses frères, il leur dit :

 

« Dieu m’a établi comme père pour Pharaon, comme maître de toute sa Maison et gouverneur de tout le pays d’Égypte ! » (Gn 45,8).

Et ce n’est pas fini ! En 1375, l’Égypte connaît des récoltes absolument exceptionnelles. Joseph-Aménophis a 62 ans. AMENOPHIS III lui demande de prendre des mesures pour conserver cette richesse, en vue des périodes moins fastes. Les greniers traditionnels ne peuvent conserver le grain sur plusieurs années. Il faut donc construire en “dur”, dans un matériau capable de maintenir l’intérieur au frais, d’absorber et échanger l’humidité ; étanche et résistant aux rongeurs, tout en étant perméable pour laisser le grain respirer… Joseph fait alors le lien entre la science profane qui lui a permis de bâtir les citernes et les formulations divines de l’Ancien Empire à propos de la pierre agglomérée comme incarnation du divin, de sorte qu’il invente un nouvel agglomérat qui lui permet de fabriquer d’énormes greniers à blé dont on dit qu’ils pouvaient conserver le grain pendant trente ans ! À cette époque, l’Égypte connaît une période de stabilité politique remarquable et devient, comme nous l’avons déjà dit, le grenier à blé de tout le monde connu…

À Memphis, Joseph-Aménophis va faire une autre découverte : un quartzite, le BIAT, la pierre que recherchait TOUTHMOSIS III dans le vieux grimoire d’IMHOTEP et qui constitue un réactif chimique qui permet la constitution de ce calcaire aggloméré d’une résistance telle qu’il a permis de construire les pyramides ! Il est alors nommé CHEF DE TOUS LES TRAVAUX, et se lance dans des réalisations monumentales comme les Colosses de Memnon, non point taillés mais moulés à la gloire du dieu RÉ, c’est-à-dire du dieu de toute l’Égypte, mais surtout LE DIEU DE AMENOPHIS, FILS DE HAPOU.

À cette époque, le jeune prince AMENHOPHIS IV n’a encore que 7 ans. Il est tout à fait probable que Joseph, qui est à la fois son précepteur et son grand-oncle par alliance, lui enseigne que le BIAT représente l’Incarnation divine de KHNOUM que Joseph-Aménophis avait associé à la divinité de son clan sémite, SHAMASH ; ce dieu que Jacob, dans la Bible, invoque du nom de EL-SHADDAÏ, qui était le dieu du Soleil et de la Justice représentés en Égypte par deux divinités : RE-ATOUM et MA’AT.

De sorte que dans l’esprit du futur roi peut très bien s’être forgée l’idée d’un dieu unique réunissant MA’AT et RE-ATOUM : ATÔN. Arrivé au pouvoir, AMENOPHIS IV réformera la religion égyptienne autour de ce dieu unique et prendra le nom d’AKHENATON, de 1352 à 1336. Joseph sera mort 4 ans avant son accession au trône, en 1356, à 81 ans. Sans doute aurait-il pu mettre un peu de sagesse chez ce jeune Pharaon qui plongea la dynastie dans une grande instabilité.

Mais là encore, la Bible nous glisse un détail remarquable : elle nous dit que Joseph mourut à 110 ans, qu’il fut embaumé et déposé dans un cercueil en Égypte. Or en 1357, Joseph-Aménophis a 80 ans et fait mouler une statue à cette occasion, qu’il est autorisé à déposer à Karnak dans le temple d’AMON. Sur cette statue, il se vante de pouvoir atteindre les 110 ans :

« J’atteins 80 ans, comblé de faveurs auprès du roi et j’accomplirai les 110 ans »

Et vous voyez là encore le glissement de la stèle sur la Bible… En réalité, il décédera un an plus tard, à 81 ans, en 1356. Pharaon lui octroie alors une faveur absolument unique : la construction d’un Temple-Mémorial funéraire sur la rive Ouest de Karnak, la cité funéraire des rois. Il est donc bien l’égal des pharaons, lui qui provenait des terres au Nord de Canaan.

Lisons ici la Bible, au terme de la saga : « Joseph mourut âgé de 110 ans. On l’embauma — sous entendu à la manière de la pétrification égyptienne : en rendant le corps comme de la pierre, grâce au basalte (je vous en ai parlé à propos de Sodome et Gomorrhe), on le rend éternel, on le fait passer dans l’ordre divin — et on le mit dans un cercueil en Égypte » (Gn 50,26)

On le déposa dans un Temple-Mémorial, c’est-à-dire une Fondation, avec un clergé assigné au culte spirituel du défunt. Le clergé de la Fondation d’Aménophis, Fils de Hapou, fut confié à un haut fonctionnaire de l’État, AMENOPHIS, FILS DE HEBY, l’un des frères d’Aménophis, fils de Hapou.

Ce Temple-Mémorial fut d’une dimension gigantesque. La momie reposait dans un Saint-des-Saints auquel on accédait en traversant divers parvis (c’est sur ce modèle que sera élaboré le Temple de Jérusalem). Sur les murs des chapelles étaient inscrits les moindres détails de sa vie, jusqu’à constituer une bibliothèque unique qu’alimentèrent par diverses chroniques les prêtres de la Fondation. Cela servirait à la formation des scribes à l’école de Aménophis, Fils de Hapou. Ainsi, son savoir sur la science de la pierre agglomérée ne serait pas perdu. C’était donc un temple royal, à cette différence que sur les parois des Temple royaux étaient rédigés les faits militaires des pharaons. Sur celles du Temple de Joseph, les fresques glorifiaient son génie scientifique, ses inventions, ses constructions et ses découvertes dans tous les domaines, y compris médicales.

En tout cas, autant d’indices semblent bien aller dans le même sens : oui, Joseph a bel et bien existé et il a marqué l’Égypte comme l’un de ses plus glorieux fils. Mais il était sémite, plus fidèle à son dieu ancestral qu’on ne saurait le croire. Alors certes, la Bible est mitigée à son égard : il reste en quelque sorte comme le Patriarche idolâtre, et quand on invoque le DIEU des pères, c’est toujours le DIEU d’Abraham, Isaac et Jacob ; jamais le Dieu de Joseph… D’autant plus, on le verra, que les tribus qui sont issues de ses fils Ephraïm et Manassé seront à l’origine de la rupture avec Juda. Nous y reviendrons.

Reste que c’est sans doute lui qui a transmis au futur Akhénaton cette révélation du Dieu unique, et nous verrons qu’en tout cela, DIEU, c’est-à-dire le DIEU des patriarches Abraham, Isaac et Jacob était loin d’être absent. Mais comme toujours, ce DIEU a l’art de passer à travers les méandres de l’histoire des hommes pour les mener, quoi qu’il en soit, sur la route du Salut ; un Salut qui allait s’ouvrir, 3000 ans plus tard, à tous les hommes en recherche de liberté, dans l’amour.

Maintenant, retournons à la Bible, reprenons l’histoire de Joseph telle qu’elle nous est comptée. Nous n’en avons pas fini avec l’historiographie égyptienne, mais nous y reviendrons en son temps pour parler de Moïse.

Je vous remercie.