05-01-2019

[Foi 2.0] - Les sacrements en général

par : le père Alain Dumont
Les sacrements sont un des piliers majeurs de la vie chrétienne. Petite synthèse générale pour commencer.
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PLAN :
– Les sacrements : entrer dans le monde de la Gratitude
– Les sacrements : signes du salut
– Qu’est-ce qu’un signe ?
– Les sacrements sont-ils nécessaires au salut ?
– Sept sacrements

Rubrique :Les sacrements
Duration:27 minutes 30 secondes
Tous droits réservés.
Citation : mentionner : © Père Alain Dumont, La Bible en Tutoriel, http://www.bible-tutoriel.com/ + titre de l'article
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LES SACREMENTS

Bonjour,

Avec les vidéos précédentes, vous en connaissez maintenant suffisamment pour être familiers du Christ Jésus et du mystère qui émane de Lui, de sorte que vous avez désormais les moyens de poursuivre la route avec des lectures spirituelles de votre choix, et de ce point de vue, ce ne sont pas les livres qui manquent. Vous pourrez voir avec votre accompagnateur ceux qui vous conviennent le mieux, selon vos sensibilités, vos intérêts, etc.

Dans cette troisième partie de notre découverte de la foi, nous allons voir les piliers charnels de la vie chrétienne, à savoir les sacrements et le cadre de notre vie dans le monde, c’est-à-dire la vie morale. Évidemment tout ça ne sera traversé qu’à grands traits, mais somme toute, ça vous donnera les pistes nécessaires pour baliser votre propre route chrétienne.

Concernant donc les sacrements, nous en avons déjà touché quelques mots par-ci par-là, mais nous allons essayer ici de faire une synthèse d’ensemble pour que les choses soient le plus clair possible.

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LES SACREMENTS : ENTRER DANS LE MONDE DE LA GRATITUDE

La foi nous enseigne que la destinée de tout homme est de participer à la Rédemption, à la rançon que Jésus Christ a payée par sa mort et sa résurrection pour nous sauver du péché. Quand on rencontre réellement le Christ Sauveur, quand on s’unit à Lui — et par Lui les uns aux autres —, on PASSE avec Lui de la mort à la VIE ; du péché à la grâce, c’est-à-dire au don de soi, à l’offrande sacerdotale de soi à l’image du Christ Jésus qui a donné toute sa VIE pour nous, de sorte que DIEU puisse conduire notre vie à son accomplissement par sa GRÂCE, gratuitement, gracieusement donc puisque “grâce” et “gratuit” sont deux mots de la même racine. D’une certaine manière, on pourrait d’ailleurs dire que là où le péché mortifère choisit l’argent comme référent premier, la vraie VIE, elle, fait le choix complètement inverse du DON, de la GRATUITÉ comme référent premier, de la GRÂCE, de la GRATITUDE — là encore, mêmes racines !

L’avantage de ce point de vue, c’est que les choses sont assez faciles à observer : dans le monde de l’argent, tout s’achète et tout se vend, de sorte qu’aucune gratitude n’est possible ! Vous achetez une baguette de pain, vous n’éprouvez pas spécialement de gratitude vis-à-vis de votre boulanger — sauf peut-être s’il est sympathique, mais ça n’est pas du même ordre. Dans le monde de l’argent, un comportement est déclaré ‘moral’ dès qu’il contribue peu ou prou au flux économique et financier. Prenez l’exemple de la vente d’armes : ça donne du travail à des milliers de personnes, dit-on en Europe ! Qu’est-ce que vous répondez à ça aujourd’hui ? Que ça en tue des milliers d’autres ? On vous regardera de haut en vous traitant d’utopiste, c’est tout. Et rien ne changera parce que ce qui importe, c’est le circuit de l’argent, pas la vie des gens… Jean-Paul II parlait à ce propos d’une « structure de péché » : la société moderne s’est construite à l’intérieur d’une carapace dans laquelle l’argent règne en maître ; un argent qui est devenu LE critère du Bien et du Mal, évidemment au profit des plus forts — qui n’oublient pas néanmoins, par stratégie, de laisser quelques miettes au reste de la population mondiale pour la maintenir dans le rêve d’un bien-être matériel pour la réalisation duquel ils vont dépenser toute leur énergie. Les maîtres mots du monde de l’argent sont : acheter, vendre, dépenser, consommer. Voilà le « Bien » de cette société « structurée » sur le péché, c’est-à-dire sur le vide charnel.

Alors évidemment, quand vous proposez un autre chemin comme celui de la GRÂCE, celui de la GRATUITÉ, du DON de soi, les tenants du pouvoir politico-médiatico-financier vous tournent en dérision et vous accusent au mieux d’idéaliste et de rêveur ! Et donc pour eux, en ce qui concerne les sacrements, ceux-ci sont juste INUTILES puisqu’ils sont GRATUITS par nature ! Pour comprendre ce qu’est un sacrement, il faut entrer avant toute chose dans le monde de la GRATITUDE. Ou plus exactement : les sacrements renouvellent le monde, ils le réenchantent non pas au sens où tout deviendrait facile mais où tout reprend sens et reprend vie. Jésus ne nous sauve pas en nous retirant du monde mais en lui redonnant sa vocation et son énergie, qui ne se reçoivent que par dans un flux de GRATITUDE.

Et pour reprendre ce que nous avons dit dans la dernière vidéo, le chrétien est celui qui choisit de se référer, de s’attacher à un autre CORPS que celui de la société, structurée, elle, sur l’argent, donc sur le péché. Non que l’argent soit mauvais en soi, mais quand il prend la place de Dieu, alors là : c’est un démon de la pire espèce ! « Nul ne peut servir deux maîtres : ou bien il haïra l’un et aimera l’autre, ou bien il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’Argent. » (Mt 6,24)

Le chrétien est donc celui qui choisit, sans compromis, de se référer au Christ et de l’Église, de sorte qu’au milieu de ce marasme argenté mortifère qui se donne de grands airs, il témoigne qu’un chemin reste toujours ouvert : celui du PASSAGE de la mort à la VIE, de l’argent à la grâce, de l’isolement à la Rencontre féconde de DIEU avec les hommes, quels qu’ils soient, aussi prisonniers de la structure du péché qu’ils soient. Par bonheur, la foi en Christ nous apprend que jamais rien n’est à ce point mort qu’il ne puisse revivre ! Ça c’est une nouvelle fantastique — pour laquelle DIEU en personne a payé le prix fort. C’est dire qu’Il nous aime, et cet amour n’a rien de rêveur ! Il est CHARNEL ! Or c’est précisément cette dimension de la CHAIR qui donne leur consistance aux sacrements.

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LES SACREMENTS : SIGNES DU SALUT

Les SACREMENTS sont les SIGNES CHARNELS de ce PASSAGE toujours possible de la mort à la vie. Qu’est-ce que vous voulez, l’homme est ainsi fait qu’il ne sait pas se contenter des idées pures… il lui faut passer par la CHAIR pour se sentir exister, et ça n’est pas la moindre marque de l’amour de DIEU que de donner toute sa gloire, tout son poids, à cette dimension. Et ça, voyez, c’est spécifiquement chrétien. Juif pour une part, mais surtout chrétien.

Toujours est-il que concernant les sacrements, on parle traditionnellement de SIGNE EFFICACES, parce qu’ils ont des EFFETS réels dans la vie de ceux qui les mettent en œuvre ; mais je préfère personnellement parler de SIGNES CHARNELS au sens où ils impactent la totalité de notre CHAIR, c’est-à-dire de notre histoire incarnée ; cette fameuse dimension CHARNELLE au sein de laquelle se vérifie ce que DIEU produit à travers ces SIGNES, à savoir notre SALUT et notre DIVINISATION. C’est un grand mystère, mais par les SACREMENTS, la VIE DIVINE manifestée en plénitude dans la personne du Christ ressuscité, est transmise à l’Église qui est son CORPS, le CORPS du Christ — vous vous souvenez : toujours cette « humanité de surcroît » de sainte Élizabeth de la Trinité — ; et dans l’Église, cette VIE DIVINE est communiquée à chacun d’entre nous. Et pour ça, pour se communiquer, cette VIE DIVINE utilise le chemin de la CHAIR sans fioriture, sans en rajouter, dans ce qu’elle a de plus humble : à savoir l’EAU versée du Baptême, l’HUILE de l’onction à la Confirmation, le PAIN et le VIN de l’Eucharistie, etc. Autant de réalités toutes simples qui, attachées à Jésus, impactent notre CHAIR de façon à ce que réellement, la CHARITÉ DIVINE fasse son œuvre en nous dans la puissance de l’Esprit Saint. « Voici le fruit de l’Esprit : la charité, [c’est-à-dire] joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi. En ces domaines, la ToRaH n’intervient pas. Ceux qui sont au Christ Jésus ont crucifié en eux la chair, avec ses passions et ses convoitises — non pas qu’ils l’aient rejetée mais parce que la Croix est le chemin de notre réconciliation avec DIEU, la chair crucifiée est la chair qui renonce au péché ; la chair habitée par l’Esprit Saint qui donne des fruits de VIE ! Et saint Paul de poursuivre en ce sens : —. Puisque l’Esprit nous fait vivre, marchons sous la conduite de l’Esprit. » (Ga 5,22-25)

Eh bien voyez : cette description de Paul ne doit pas se réduire à des valeurs morales ; c’est une question SACRAMENTELLE ! Ce que produit en nous l’Esprit — et en Lui le Père et le Fils —, Il le produit PAR LES SACREMENTS qui sont les signes “sensibles”, CHARNELS, de notre attachement au Christ Sauveur, donc de notre disponibilité au Salut GRATUIT que le Père veut opérer en chacun de ses enfants.

Alors avant d’aller plus loin, posons-nous la question : qu’est-ce qu’un SIGNE ?

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QU’EST-CE QU’UN SIGNE ?

Au sens très large, un SIGNE est une chose qui en fait connaître une autre : la fumée est le signe du feu, un parfum est le signe que la rose est épanouie, des traces sont le signe du passage d'un animal, etc. Et quel qu’il soit, le signe demande toujours à être INTERPRÉTÉ.

En un sens plus strict, un SIGNE peut être conventionnel pour traduire sensiblement une réalité psychologique : c’est la poignée de mains, l’étreinte, le cadeau offert ; mais aussi le drapeau qui flotte, un panneau de signalisation, etc. À ce niveau, le signe devient un LANGAGE, et on sent bien ici qu’on passe à un autre palier.

Mais il y en a encore un troisième : lorsque le SIGNE ouvre l’accès à une dimension SPIRITUELLE, de sorte que sans le signe, cette réalité spirituelle reste absolument méconnue et donc inaccessible. Et là, le signe devient un SYMBOLE au sens où il attache les uns aux autres ceux qui le reconnaissent. SYMBOLE non pas au sens abstrait qu’on donne habituellement à ce terme mais au sens de la racine grecque : symbolein, « tenir ensemble » — dans l’Antiquité, le symbole, symbolon, était un objet brisé en deux dont deux hôtes conservaient chacun une moitié. Imaginons alors qu’une des parties envoie à l’autre un émissaire, il suffisait que ce dernier lui présente sa part de symbolon pour se faire reconnaître en l’ajustant à l’autre part.

Du coup, ce SYMBOLE au sens fort qu’est le sacrement manifeste sensiblement notre attachement spirituel — donc CHARNEL, puisque définitivement, il n’est rien de véritablement spirituel qui ne soit en même temps CHARNEL — le sacrement, donc, manifeste sensiblement notre attachement spirituel au Christ Sauveur. Saint Augustin, au Ve siècle, donne de ce fait une très belle définition du sacrement comme d’un SIGNE VISIBLE D’UNE RÉALITÉ INVISIBLE. Une définition que complétera Saint Thomas d’Aquin — l’œuvre de St Thomas est la base de toute réelle théologie catholique digne de ce nom — Saint Thomas, donc, précise la définition de saint Augustin en précisant que le sacrement fait plus que “manifester” : il PRODUIT cet attachement au Christ ! Il l’établit, de sorte que le chrétien, par exemple par le Baptême qu’il reçoit, se trouve charnellement marqué du SIGNE qui l’ordonne tout entier au Christ ; un Christ qui fait traverser au chrétien les eaux de la mort pour renaître à la vie et à la liberté des enfants de DIEU ! Et là, on voit bien comment Jésus ne rejette pas la tradition qui l’a porté : on voit bien ici la référence à Moïse et à la ToRaH, une référence à laquelle il donne tout son poids en lui offrant son accomplissement. Ce que visait la ToRaH, voilà que le Christ vient achever, à savoir la libération intérieure, le SALUT éternel qui peut désormais s’ouvrir à la multitude des hommes.

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LES SACREMENTS SONT-ILS NÉCESSAIRES AU SALUT ?

Alors c’est vrai qu’on pourrait se dire : « Mais est-ce qu’on a vraiment besoin de ça pour être sauvés ? » Eh bien, à strictement parler, non. De ce point de vue, il faut relire le magnifique ch. 25 de l’Évangile selon saint Matthieu, qui montre bien qu’est sauvé celui qui exerce la CHARITÉ : « Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec Lui, alors Il siégera sur son trône de gloire. Toutes les nations seront rassemblées devant Lui ; Il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des boucs : Il placera les brebis à sa droite et les boucs à gauche.
Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : “Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde. Car J’avais faim, et vous M’avez donné à manger ; J’avais soif, et vous M’avez donné à boire ; J’étais un étranger, et vous M’avez accueilli ; J’étais nu, et vous M’avez habillé ; J’étais malade, et vous M’avez visité ; J’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à Moi !” Alors les justes lui répondront : “Seigneur, quand est-ce que nous T’avons vu… ? Tu avais donc faim, et nous T’avons nourri ? Tu avais soif, et nous T’avons donné à boire ? Tu étais un étranger, et nous T’avons accueilli ? Tu étais nu, et nous T’avons habillé ? Tu étais malade ou en prison… Quand sommes-nous venus jusqu’à Toi ?” Et le Roi leur répondra : “Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à Moi que vous l’avez fait.” »
(Mt 25,31-40)

Seulement il faut immédiatement ajouter que compter sur ses seules forces pour vivre pleinement ce que Jésus décrit, c’est être certes héroïque, mais surtout drôlement présomptueux ! Et le chrétien sait que lui, en tout cas, a vraiment besoin de s’attacher au Christ et à son Église, de recevoir la force du Christ en Personne, pour pouvoir vivre la CHARITÉ comme Jésus l’a vécue envers nous : parce que l’étranger, le nu, le malade et le prisonnier, c’est nous d’abord à cause du péché qui nous isole, qui nous dépouille, qui nous rend malades et nous garde en prison ! Et nous attacher au Christ n’est pas simplement encore une fois une simple question de valeurs, de belles idées ou de grands élans de générosité partagés : nous attacher au Christ nous libère concrètement, CHARNELLEMENT de ce péché qui nous oppresse pour que nous puissions trouver l’énergie et la joie d’exercer cette CHARITÉ à temps et à contretemps !

Dit autrement : de la même manière, par exemple, qu’il ne suffit pas de penser qu’on aime quelqu’un pour qu’il le devine et s’en contente ; de la même manière que tout amour passe par des GESTES de charité charnels, eh bien : notre salut, comme un acte d’amour envers DIEU, passe par des GESTES concrets, charnels ; des gestes qui sont les SIGNES sensibles qui scellent dans notre CHAIR notre attachement au Christ ; des gestes qui sont des SYMBOLES forts qui impactent toute notre vie et nous inscrivent au sein de cette formidable famille qui est l’Église du Christ : ces ACTES, ces SIGNES, ces SYMBOLES, voilà à proprement parler ce qu’on appelle les SACREMENTS, des GESTES SACRÉS si on reprend l’étymologie du mot !

Tellement SACRÉS par ailleurs qu’à travers l’Église qui les dispense, c’est LE CHRIST qui AGIT ! D’abord parce que c’est Lui qui a « institué », comme on dit, les sacrements ; mais surtout parce que personne dans l’Église n’agit en son nom propre ! Tout le monde se reçoit d’un AUTRE, je n’arrête pas de vous le dire et de vous le redire, et ça, c’est une force extraordinaire qui nous est offerte ! La force d’une communion que ne connaît pas le monde de l’argent qui, lui, ne se construit que sur la division des hommes, la sélection par la loi du plus fort ! Point n’est le cas de ceux qui ont choisi de référer leur vie au Christ ressuscité. La chose est attestée on ne peut plus clairement dès saint Paul dans sa première épître aux Corinthiens : « Quand l’un de vous dit : « Moi, j’appartiens à Paul », et un autre : « Moi, j’appartiens à Apollos », n’est-ce pas une façon d’agir tout humaine ? Mais qui donc est Apollos ? qui est Paul ? Des serviteurs par qui vous êtes devenus croyants, et qui ont agi selon les dons du Seigneur à chacun d’eux. Moi, j’ai planté, Apollos a arrosé ; mais c’est Dieu qui donnait la croissance. Donc celui qui plante n’est pas important, ni celui qui arrose ; seul importe celui qui donne la croissance : Dieu. Celui qui plante et celui qui arrose ne font qu’un, mais chacun recevra son propre salaire suivant la peine qu’il se sera donnée. Nous sommes des collaborateurs de Dieu, et vous êtes un champ que Dieu cultive, une maison que Dieu construit. Selon la grâce que Dieu m’a donnée, moi, comme un bon architecte, j’ai posé la pierre de fondation. Un autre construit dessus. Mais que chacun prenne garde à la façon dont il contribue à la construction. La pierre de fondation, personne ne peut en poser d’autre que celle qui s’y trouve : Jésus Christ. » (1Co 3,4-11)

Pour donner un exemple : ce n’est pas au nom d’un supposé « pouvoir » de prêtre que je suis habilité, entre autres, à baptiser : quand je baptise, j’agis au nom de l’Église qui est le ‘Corps par surcroît’ du Christ dans le monde d’aujourd’hui, et par moi, c’est donc LE CHRIST QUI BAPTISE ! Ça, c’est vraiment très ancien : déjà saint Augustin au Ve siècle insistait sur le fait que, quel que soit le ministre, « c’est le Christ qui baptise ». Il se référait aux paroles de Jean Baptiste : « Celui sur lequel tu verras l’Esprit descendre et demeurer sur lui, c’est Lui qui baptise dans l’Esprit Saint. » (Jn 1,33). Pour Augustin, même quand un prêtre peu recommandable baptise, c’est toujours Jésus qui baptise : « Que Pierre baptise, c’est le Christ qui baptise ; que Paul baptise, c’est le Christ qui baptise ; que Judas baptise, c’est le Christ qui baptise ! » (Tr Jo VI,7) Juste avant, il avait déjà dit dans le même sens : « Peu importe que le conduit par où l’eau passe soit en argent ou en plomb ! » (Tr Jo V,15) Et comme tel, comme ACTES DU CHRIST, il est donc tout à fait légitimement de parler d’ACTES SACRÉS, c’est-à-dire de SACREMENTS. Ce sont même des actes du CHRIST GRAND PRÊTRE : c’est par son Offrande sur l’autel de la Croix pour nos péchés et par sa Résurrection d’entre les morts qu’Il a l’autorité légitime pour TRANSMETTRE les fruits de son Offrande agréée par DIEU, et c’est par les sacrements de l’Église qu’Il opère cette transmission pour chacun de nous.

Alors terminons par une détermination toute simple, à savoir le nombre de sacrements reconnus par l’Église. Ils ne sont pas si nombreux que ça, puisqu’on n’en compte que sept ; mais ils forment un bel ensemble, remarquablement structuré, qui constitue pour ainsi dire le squelette de toute vie chrétienne ; un squelette sur lequel va pouvoir se greffer la CHAIR de cette vie, ce qui en constitue la richesse, la beauté et la chaleur, à savoir : la CHARITÉ.

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SEPT SACREMENTS

Traditionnellement donc, l’Église reconnaît donc SEPT sacrements. Alors ça varie selon les confessions chrétiennes : nos frères protestants, eux, n’en reconnaissent que deux : le Baptême et la Cène ; et encore, ils sont loin d’être d’accord entre eux sur la réalité qu’ils mettent derrière ces deux termes.

S’agissant de la foi catholique et orthodoxe, leur tradition reconnaît sept sacrements : le Baptême, la Confirmation et l’Eucharistie ; le Mariage et l’Ordre ; le sacrement de la Miséricorde et celui des Malades. Alors tout n’a pas été comptabilisé comme ça dès le départ, et il a même fallu du temps pour s’accorder sur ce qu’étaient ces sacrements puisqu’on ne s’est mis d’accord sur leur nombre qu’en 1274, au deuxième Concile de Lyon. Jusqu’alors, tout le monde était à peu près d’accord pour dire que le Baptême et l’Eucharistie en étaient bel et bien, mais est-ce que le mariage en était un ? Est-ce que le sacrement de la Miséricorde en était un ? Est-ce que l’ordination d’un prêtre, la consécration d’un moine, voire l’onction du roi à l’époque en était un ? Pas si simple ! Enfin bref, je vous fais grâce de toutes les péripéties de l’histoire, mais en tout état de cause, sachons que s’il y a bien en définitive sept sacrements, un nombre n’est pas une simple lubie mais qui correspond remarquablement à la croissance CHARNELLE, donc SPIRITUELLE de chaque homme sur terre.

Voilà donc pour des considérations générales concernant les SACREMENTS. La prochaine fois, on s’attardera au premier d’entre eux, qui constitue la porte d’entrée de toute la vie chrétienne, à savoir le Baptême. D’ici là, il me semble que vous avez pas mal de grain à moudre avec votre accompagnateur. Que le Christ Jésus vous garde en sa bénédiction.

Je vous remercie.
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