05-01-2019
[Foi 2.3_D] - L'Eucharistie (4ème partie)
par : le père Alain Dumont
Après avoir écouté la Parole de DIEU proclamée, l’assemblée manifeste sa dimension sacerdotale à travers la profession du Credo, l’énoncé de la Prière Universelle, la Prière Eucharistique et la Communion.
-----
PLAN :
– Le Credo et la Prière Universelle
– La préparation des dons
– La prière eucharistique
– L’intercession eucharistique
– La communion
– Les prières de conclusion
Duration:38 minutes 9 secondes
Tous droits réservés.Citation : mentionner : © Père Alain Dumont, La Bible en Tutoriel, http://www.bible-tutoriel.com/ + titre de l'article
______________________________________________________________
Bonjour,
Nous allons pour cette dernière vidéo sur l’Eucharistie prendre maintenant le temps de poursuivre son déroulement, pour que vous puissiez un peu vous y retrouver dans les rites auxquels vous allez participer en tant que baptisés et confirmés. Alors redisons-le : il s’agit de RITES, et non pas d’une reconstitution. Jésus ne nous a pas demandé de mimer son dernier repas, ni de le théâtraliser. Les rites orchestrent l’essentiel du repas — le pain et le vin — qu’ils réinscrivent chaque fois dans le cadre du plan du Salut en nous faisant entendre en amont la Parole de DIEU ; une Parole qui nous conduit à professer la foi de toute l’Église notre famille, et à incarner cette foi dans notre participation au repas sacrificiel de Jésus au cours duquel Il va nous attacher à Lui, nous faire entrer dans en COMMUNION avec Lui, de sorte qu’Il puisse nous élever auprès de son Père et notre Père.
Ainsi donc, après avoir écouté la Parole de DIEU la plupart du temps à partir d’un texte de l’AT, un psaume et une lettre du NT qui nous auront introduits à la proclamation de l’Évangile ; après quelques mots d’explication de la part du prêtre — ce qu’on appelait autrefois le « sermon » mais qu’on préfère aujourd’hui désigner sous le nom d’Homélie, avec un aspect normalement moins moralisateur qu’autrefois —, nous répondons en proclamant la foi de l’Église et en intercédant pour le monde contemporain dans lequel nous sommes envoyés. On va en dire quelques mots.
— — — — —
LE CREDO ET LA PRIÈRE UNIVERSELLE
Fortifiés par la Parole de DIEU, les fidèles perçoivent mieux combien leur rassemblement fraternel les constitue en un seul corps, le Corps du Christ au sens de saint Paul si vous vous souvenez ce qu’on a dit à ce propos lorsque nous avons réfléchi sur l’Église. On pourrait à tout le moins se remémorer ce court passage très inspirant en ce qui concerne notre sujet : « Le pain que nous fractionnons — le pain eucharistique — n’est-il pas une communion au Corps du Christ ? Or puisqu'il y a un seul pain, nous sommes tous un seul corps. » (1Co 10,17).
En définitive, voyez, la question du Corps du Christ est assez large ; elle est même englobante dans la mesure où il ne s’agit pas seulement de Lui associer statiquement le pain et le vin eucharistiques. Il s’agit de comprendre ce qu’opèrent ce pain et ce vin en RÉFÉRANT TOUTE NOTRE EXISTENCE AU CORPS DU CHRIST. Par ce pain et ce vin reçus en communion, nous nous comprenons comme membres du Corps du Christ qui est l’Église ; nous vivons de la Charité qui est la raison d’être de ce Corps qui nous fait goûter au bonheur d’appartenir à un peuple, qui motive en nous la recherche d’un bien commun qui nous fait travailler à nous mettre au service de nos frères et sœurs dans le monde, toujours au nom du Christ, par Lui, avec Lui et en Lui. C’est ce qu’on appelle en termes technique une « pensée analogique », qui est juste nécessaire là où la seule pensée analytique, comme celle des Lumières par exemple, reste incapable de créer des liens entre ceux qu’elle inventorie, fonctionnalise et individualise. Si vous voulez mieux comprendre ce qu’est une pensée analogique, vous pourrez visionner les premières vidéos sur le Livre du Lévitique du site de La Bible en Tutoriels.
Toujours est-il que, par le Baptême, la Confirmation et l’Eucharistie, animés par un seul Esprit, les chrétiens se perçoivent comme FRÈRES en Christ du fait de leur appartenance à ce fameux Corps du Christ « par surcroît » dont on a déjà souventefois parlé ; c’est-à-dire l’Église : « [DIEU] a tout mis sous les pieds [du Christ] et, Le plaçant souverainement au-dessus de tout, Il a fait de Lui la Tête de l’Église qui est Son Corps ; et l’Église est la Plénitude [du Christ] qui remplit tout en tout. » (Éph 1,22-23) Ça va loin ! L’Église est la Plénitude du Christ dans la mesure où elle offre au monde de pouvoir se penser en référence au Corps du Christ ; sans pour cela devoir renier les cultures propres de chaque peuple, mais pour que ceux-ci se découvrent sauvés, renouvelés et régénérés sous son autorité divine autant que fraternelle.
Et c’est ainsi que chaque Eucharistie signifie charnellement cet attachement par lequel le Christ nous élève avec Lui et nous ouvre à la plénitude de notre vocation humaine par la vie de Charité qui constitue l’âme de l’Église charnellement unie à son Époux. Une charité par laquelle peut s’opérer l’élévation de la création tout entière ; cette création qui, comme l’écrit encore saint Paul : « scrute au loin la révélation des Fils de DIEU ! » (Rm 8,19).
Quoi qu’il en soit, c’est tout ça que le peuple chrétien, rassemblé le dimanche dans les églises du monde entier, proclame à travers une des trois formules traditionnelles du CREDO que je vous mets dans la fiche Pour aller plus loin. Chacune de ces formules énonce le même contenu. Et parce que ce CREDO nous confirme dans notre mission SACERDOTALE, nous intercédons auprès du Père, au nom du Christ notre Frère, notre Go‘èL, notre Rédempteur. C’est ce qu’on appelle la PRIÈRE UNIVERSELLE. Et là, pas de pétard : c’est très clairement exprimé dans ce qu’on appelle le Missel Romain *, c’est-à-dire le livre référent de la liturgie latine : « Dans la Prière Universelle, le peuple, exerçant sa fonction sacerdotale, supplie pour tous les hommes ». (Présentation Générale du Missel Romain, PGMR n° 45).
C’est alors le moment de se préparer à communier, et pour ça, une fois la Prière Universelle terminée, on prépare l’autel en déposant sur lui le pain et le vin qui seront prochainement consacrés.
— — — — —
LA PRÉPARATION DES DONS
Le Missel dit clairement les choses : « Au commencement de la liturgie eucharistique, on apporte à l’autel les dons qui deviendront le Corps et le Sang du Christ. » Le prêtre les reçoit, les dispose soigneusement et rituellement sur l’autel.
Il est par ailleurs de tradition dans l’Église d’associer au pain et au vin divers dons concrets qui serviront à la vie de la communauté locale et au service des plus pauvres. En Occident, ces dons sont offerts sous forme d’argent — ce qu’on appelle la quête. C’est une marque de charité active, si on veut, mais qui dit bien que notre attachement au Christ n’est pas qu’un vœu pieux ! Un peu partout dans le monde d’ailleurs, on voit les fidèles apporter de la nourriture — des fruits, des légumes, etc. — que la communauté ensuite se chargera de partager. C’est le même principe.
Le prêtre dit une courte prière après la préparation des dons pour lancer l’action qui va s’ouvrir. S’ensuit ce qu’on appelle une PRÉFACE, c’est-à-dire une prière directement adressée au Père par le Christ. C’est une pièce entièrement joyeuse qui commence par l’invitation du prêtre : Élevons NOTRE cœur ! », à quoi les fidèles répondent : « nous LE tournons vers le Seigneur ». Si la formule est au singulier, c’est évidemment parce que l’assemblée n’étant qu’un seul Corps — on a suffisamment insisté sur ce point —, elle n’a donc qu’un seul cœur.
Vous entendrez que toutes les prières s’articulent en général sur le même principe : 1.– Une invocation de Dieu. 2.– une grande action de grâce admirative pour l’œuvre du Salut, souvent évoquée par tel ou tel aspect particulier du mystère de la Rédemption. Il n’y a pas de demande particulière à ce moment-là ; on est dans l’émerveillement : on fait mémoire ! C’est tellement beau, tellement grand ! Ça réjouit toute l’Église, c’est-à-dire l’Église de la terre — vous et moi — mais aussi l’Église du Ciel avec tous les saints qui chantent avec nous, et même les anges ! Du coup, allez hop : tout le monde reprend le chant des anges tiré de la vision d’Isaïe, qu’on appelle le SANCTUS, parce qu’on chante : « Saint ! Saint ! Saint est le Seigneur, le Dieu de l’Univers ! » Là encore, c’est une prière juive que la liturgie chrétienne a reprise à son compte ; s’y ajoute l’acclamation du Christ lorsqu’il entre triomphalement à Jérusalem le jour des Rameaux — une entrée qui préfigure celle, définitive à la fin des temps, dans la Jérusalem céleste * : « Béni soit celui qui vient au Nom du Seigneur ! Hosanna au plus haut des cieux ! » C’est une invocation inspirée du Ps 117 qui a été composé pour l’accueil du Messie lors de son avènement. Quant à l’acclamation Hosanna qu’on reprend plusieurs fois, elle signifie : « De grâce, sauve-nous ! », et elle est reprise par toute la création, jusqu’au « plus haut des cieux ».
L’importance de ce chant tient du fait qu’il nous fait prendre conscience que la liturgie célébrée n’est pas uniquement celle de la terre : le Ciel tout entier, avec les anges et les saints, s’y investit. L’Eucharistie est une liturgie céleste, une « divine liturgie » disent nos frères orthodoxes * qui ont une vision de la foi beaucoup plus cosmique que nous autres Occidentaux, très marqués que nous sommes par le protestantisme pour qui les saints, les anges et tout le monde céleste passent un peu au dernier rang. C’est dommage. Heureusement, la liturgie veille au grain ! Toujours est-il que peut alors commencer la Prière Eucharistique proprement dite ; la prière au cours de laquelle va avoir lieu la CONSÉCRATION du pain et du vin — c’est-à-dire que va nous être redonnée la nourriture qui alimente notre COMMUNION au sacrifice du Christ ; la nourriture qui signe d’une part la fidélité de DIEU envers ses enfants bien-aimés, et d’autre part notre attachement fidèle à toute la Personne du Fils qui nous ouvre dès ici-bas le chemin de la VRAIE VIE, comme Il l’a dit Lui-même dans l’évangile selon saint Jean : « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie. » (Jn 14,6). Et parce que cette nourriture ne « va » pas être donnée mais l’a déjà été et ne cesse de l’être depuis 2000 ans, alors cette prière est entièrement habitée de GRATITUDE, d’où son nom de PRIÈRE EUCHARISTIQUE.
— — — — —
LA PRIÈRE EUCHARISTIQUE
La Prière Eucharistique (PE) n’est pas une formule magique qu’il faudrait prononcer pour obtenir tel ou tel effet ! Les prêtres catholiques ne sont pas des chamans et ne pratiquent pas la sorcellerie. Comme son nom l’indique, la PE est une PRIÈRE, c’est-à-dire une demande par laquelle l’Église signifie sa disposition à la GRÂCE divine qui ne cesse, par le Christ Jésus, d’être offerte aux hommes qui veulent bien Le recevoir — c’est toute la tragédie que dénonce saint Jean dans le prologue de son Évangile : « [Le Verbe] est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas reçu. » (Jn 1,11). Recevoir Jésus, s’unir à Lui n’a pas d’autre but que cette pleine disponibilité à la GRÂCE transformante, comme on dit en théologie ; cette GRÂCE divinisante, si vous préférez, qui passe par la GRATITUDE de l’Église qui met en œuvre la foi charnellement transmise par ses pères.
Selon les lieux et les cultures, différentes PE ont été composées au fil de l’histoire. Alors on ne va pas donner ici dans le détail. Si la chose vous intéresse, vous pouvez toujours voir dans le livre La Messe et la Liturgie expliquées aux Cathos. Pour nous, on va juste relever l’essentiel.
D’un point de vue formel, alors que tout ce qui a précédé était vécu dans la dynamique d’un dialogue liturgique entre le prêtre et l’assemblée, dorénavant, le prêtre parle seul au nom de l’assemblée comme cette “portion” paroissiale, pour ainsi dire, de l’Église en prière.
Le prêtre commence par une invocation de l’Esprit Saint sur les dons, c’est-à-dire sur le pain et le vin. Cette invocation est primordiale parce qu’elle manifeste que sans l’Esprit Saint, aucune Eucharistie ne saurait être célébrée ! Le prêtre aurait beau prononcer les paroles de la consécration, il ne se passerait RIEN… J’aime assez la description de ce qui se passe alors, faite par le Congrès Eucharistique de Lourdes en 1981 : L’Esprit qui pénètre l’humanité du Christ donne au pain et au vin de n’avoir plus d’autre existence que celle de son corps et de son sang. Il les fait participer au mystère pascal par lequel le Seigneur devient pour toujours présent à la création entière, germe de renouveau pour l’humanité et le cosmos. » Ça dit bien cet « attachement » du pain et du vin au sacrifice du Christ dont je vous rebats les oreilles depuis un certain temps. Dans la ligne des sacrifices de la ToRaH de Moïse, l’un et l’autre participent réellement de ce sacrifice qui sauve le monde. L’action mystérieuse de l’Esprit Saint a donc pour effet d’attacher le pain et le vin posés sur l’autel aujourd’hui au sacrifice sauveur de Jésus. Ces deux éléments se trouvent comme assimilés au pain et au vin que le Christ a présentés à ses Apôtres lors du repas qui a précédé sa Passion, de sorte que comme Il les a unis à son sacrifice, Il nous y unit de la même manière à chaque Eucharistie, toujours grâce à l’action de l’Esprit Saint, c’est-à-dire dans la puissance de la Charité qui émane de la communion du Père et du Fils éternels.
Dès lors, puisque l’assemblée en prière s’est rendue disponible à la présence de l’Esprit Saint — une présence antécédente, vous vous souvenez : quand on parle d’ « envoyer » l’Esprit Saint, ou de Sa « venue », en fait Il est déjà là, antécédemment à nous ! Comme dit saint Augustin : « Tu étais déjà là, mais c’est moi qui n’y était pas ! » — Donc, puisque l’assemblée s’est rendue présente à la présence de l’Esprit pour ainsi dire, la CONSÉCRATION du pain et du vin peut avoir lieu à travers le MÉMORIAL des paroles du Christ que le prêtre va prononcer. Non pas tant comme un pur récit que comme la MÉMOIRE ritualisée des gestes et des paroles adressés à cet instant au Père par le Fils.
Comprenons bien ici qu’il ne s’agit pas de se « souvenir » des paroles du Christ. « Se souvenir » c’est laisser l’événement dans le passé ; « Faire MÉMOIRE » au contraire, c’est laisser l’événement nous rejoindre en impactant efficacement notre existence ; c’est reconnaître que l’événement est toujours VIVANT, puisqu’il donne vie encore aujourd’hui. « Faire MÉMOIRE » d’un événement, c’est donc lui offrir de poursuivre son efficience en nous, à savoir l’union des disciples à leur Maître. Tout cela par mode de GRATITUDE puisque ce que le Christ opère par son Esprit, Il n’a cessé de le faire depuis sa Passion Résurrection ! Dit autrement, nous n’invoquons pas l’Esprit comme s’Il pourrait ne pas venir, puisqu’Il est toujours DÉJÀ LÀ, et que ce que le Christ va opérer, Il l’a TOUJOURS DÉJÀ FAIT ! Quand on parle d’espérance, on ne parle pas d’espoir : l’espérance est l’assurance que ce que Jésus a fait, il le refera comme Il l’a promis jusqu’à la fin du monde présent. Donc en faisant mémoire de ses paroles au cœur de la PE, nous ne sommes pas dans l’expectative de sa présence mais dans l’assurance que ce que ces paroles ont produite à l’occasion du dernier repas avec les disciples, elle le reproduiront pour nous aujourd’hui, puisque ce sont des PAROLES VIVANTES — d’autant plus vivantes que ce sont les paroles du Christ qui est l’Auteur même de la vie — ; ce sont donc des Paroles qui DONNENT LA VIE, encore une fois en nous attachant au Sacrifice Rédempteur du Christ qui les a prononcées le premier. Ça c’est vraiment essentiel à bien comprendre.
Dans l’ordre de cette espérance, cette prière est donc déjà un acte de GRATITUDE, de reconnaissance qui renouvelle en nous cette dette d’honneur qui nous engage à poursuivre le chemin de la foi, de l’espérance et de la charité engagée par le Christ et portées par toutes les générations qui nous ont précédés. Elles ont elles-mêmes vécu cette communion eucharistique au Christ Jésus et elles nous l’ont transmise comme LE Trésor des trésors ; comme la Fontaine de la Vie à laquelle ils se sont abreuvés et qui leur a permis de faire peu à peu triompher la charité face à l’emprise d’un péché qui menace les hommes et les femmes depuis la fondation du monde. Oublier ce Trésor, le « déconstruire » comme on dit pour faire triompher l’analyse roide sur l’analogie, du pur calcul comptable sur le sens, et l’humanité retombe inexorablement dans l’agressivité, pour ainsi dire la plus “lupesque” qui soit : l’homme redevient un loup pour l’homme…
Enfin bref. Toujours est-il qu’au cœur de la PE, le prêtre va alors redire les paroles décisives par lesquelles Jésus a substantiellement attaché le pain et le vin de son dernier repas à son sacrifice. D’une part sur le pain : « Prenez et mangez en tous, ceci est mon corps livré pour vous. » ; puis sur le vin : « Prenez et buvez en tous, car ceci est la coupe de mon sang, le sang de l´Alliance nouvelle et éternelle, qui sera versé pour vous et pour la multitude en rémission des péchés. » Voilà ce qu’on appelle les PAROLES DE LA CONSÉCRATION ; des paroles DU CHRIST qui « font ce qu’elles disent », pour parler comme les philosophes ; des paroles EFFICACES prononcée au Nom du Christ, grâce auxquelles le pain et le vin CONSACRÉS sur l’autel eucharistique sont désormais pleinement et définitivement attachés au sacrifice rédempteur du Christ.
Quelque part, c’est tout, mais il n’empêche que ces paroles, dites par le prêtre en lieu et place du Christ Jésus font toute la différence ! Ce pain et ce vin consacrés à chaque Eucharistie dans la puissance de l’Esprit Saint attacheront ceux qui les partageront au sacrifice du Christ et à sa résurrection d’entre les morts pour que, dès la communion reçue, un tsunami de charité jaillissant de la Croix ! Et quand on sait que chaque dimanche, plus d’un milliard et demi de catholiques communient sur la terre, ça fait un sacré raz-de-marée de charité dans le monde entier, sur tous les continents !
Dès lors, la liturgie insiste : on fait encore mémoire du mystère abyssal qui se déploie CHARNELLEMENT non pas sous nos yeux mais EN NOUS ! On chante le mystère de la foi en s’adressant un court instant au Christ Jésus : « Nous proclamons ta mort, Seigneur Jésus ! Nous célébrons ta Résurrection ! Nous attendons ta venue dans la Gloire ! » Voilà ! Tout est là ! Ce que nous vivons à chaque Eucharistie est la promesse — on appelle ça les « prémices » — de ce qui va advenir dans la fin des temps, lorsque le Messie paraîtra dans sa Gloire et où tout sera définitivement scellé pour l’éternité.
Reste que pour l’heure, il nous faut offrir au Père ce pain et ce vin désormais consacrés, qui ne font qu’un avec l’offrande sacerdotale que le Christ fait de Lui-même sur la Croix. L’acte majeur de sa Passion a été de s’offrir au Père pour le Salut du monde ; raison pour laquelle le premier geste de l’Église après la consécration est d’offrir au Père, dans l’Esprit Saint, la « Victime sans tache » qu’est le Christ immolé pour nous auquel nous attachent le pain et le vin consacrés.
Et là, TOUS OFFRENT et S’OFFRENT au Père en communion avec leur seul Pasteur : le Christ. Il y a cette formule traditionnelle qui résume bien ce qui se passe : « Un seul consacre — le prêtre, en vertu de sa mission propre de « presbytre », vous vous souvenez —, mais TOUS OFFRENT au Père le sacrifice eucharistique. » Et si ces prières sont prononcées par le prêtre, c’est bel et bien AU NOM DE TOUTE L’ASSEMBLÉE avec laquelle lui-même s’offre à la suite du Christ.
— — — — —
L’INTERCESSION EUCHARISTIQUE
La communion n’a pas lieu immédiatement après la consécration, pour la raison qu’aucune Eucharistie n’est célébrée uniquement pour ceux qui y participent. Elle est toujours UNIVERSELLE et célébrée en union avec TOUTE l’Église, du ciel et de la terre.
Par ailleurs, une seconde invocation de l’Esprit Saint sera prononcée après le mémorial de l’institution, sur le peuple cette fois, afin que ceux qui vont communier soient sanctifiés eux aussi. Autre manière de manifester la réalité de la communion eucharistique comme la rencontre intime, nuptiale, du Corps g du Christ avec le Corps de l’Église…
C’est du cœur de cette offrande sacerdotale que l’Église intercède pour tous ceux d’entre ses enfants qui en ont besoin, dans le droit fil de l’offrande du Christ pour la multitude : « Père Saint, J’ai manifesté ton Nom aux hommes que Tu as pris dans le monde pour Me les donner. […]
Garde-les unis dans ton Nom, le Nom que Tu M’as donné, pour qu’ils soient un, comme Nous-mêmes. […]
Je ne prie pas pour que Tu les retires du monde, mais pour que Tu les gardes du Mauvais. […]
C’est pour eux que Je me sanctifie Moi-même, afin qu’ils soient, eux aussi, sanctifiés dans la vérité. Je ne prie pas seulement pour ceux qui sont là, mais encore pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi. Que tous soient un, comme Toi, Père, Tu es en Moi, et Moi en Toi. Qu’ils soient un en Nous, eux aussi, pour que le monde croie que Tu M’as envoyé. […]
Père, ceux que Tu M’as donnés, je veux que là où Je suis, ils soient eux aussi avec Moi, et qu’ils contemplent Ma gloire, celle que Tu M’as donnée parce que Tu M’as aimé de charité avant la fondation du monde. » (Jn 17,6.11.15.19-21.24)
Eh bien : cette prière du Christ — qu’on appelle précisément sa Prière Sacerdotale —, l’Église la reprend et la met en œuvre au cours de l’Eucharistie : elle intercède pour les vivants comme pour les morts ; pour les bons comme pour les méchants qui, quoi qu’il arrive, restent ses enfants. Et plutôt que de se dire qu’une fois mort, tout se joue entre chacun et le Christ — c’est d’ailleurs assez terrible comme idée, assez païenne de surcroît —, je trouve infiniment plus puissant que DIEU offre à l’Église de ne pas abandonner ses enfants qui, au moins apparemment, ont été les moins “parfaits”. Au demeurant, qui sommes-nous pour juger ? Alors il y en a certains dont la vie a été tellement rayonnante qu’on peut se dire que l’Église a plus besoin de leur intercession qu’ils n’ont besoin de la sienne, mais quoi qu’il en soit, c’est le même principe : la joie de DIEU, c’est le Salut de son PEUPLE ! Il serait tout de même étrange — et assez indéfendable — que la fraternité fondée en Christ — on appelle ça la COMMUNION DES SAINTS — disparaisse une fois franchie la porte de la mort.
Toujours est-il que l’offrande eucharistique est donc toujours vécue DANS LA COMMUNION DES SAINTS et nul ne la célèbre égoïstement pour recevoir sa « petite pilule spirituelle perso. » ! Raison pour laquelle vous entendrez toujours que l’Eucharistie est célébrée à l’intention de tel ou tel frère ou sœur, mort ou vivant, mais à tout le moins appelé comme nous tous par l’entremise de l’Église, à participer à la Rédemption acquise dans le Corps et le Sang du Christ.
La Prière Eucharistique se termine par ce qu’on appelle une « doxologie », c’est-à-dire une acclamation qui exprime la Gloire du Dieu Père, Fils et Esprit Saint. Cette Gloire n’est jamais mieux manifestée que dans l’offrande eucharistique, raison pour laquelle elle revêt ici une extrême solennité que le peuple ratifie en proclamant haut et fort : « Amen ! ».
Ici s’achève la Prière Eucharistique proprement dite et le peuple chrétien rassemblé se prépare à communier.
— — — — —
LA COMMUNION
On entre alors dans les rites de la communion avec la récitation commune du Notre Père. Nulle part ailleurs cette prière n’est plus indispensable : toute la Prière Eucharistique s’est adressée à Lui pour nous rendre disponible à notre rencontre Nuptiale avec DIEU, et la COMMUNION constitue le sommet de ce que Lui-même a « voulu » dès la fondation du monde : « Que ta volonté soit faire ! ». On n’en dira pas plus ici puisqu’on a eu toute une vidéo à propos de cette prière.
Suit le rite de la PAIX, d’autant plus important qu’il manifeste la libération du péché ! Là où le péché divise, la foi, elle, rassemble, de sorte que cette libération ne peut définitivement jamais être vécue individuellement ! Elle est par nature COMMUNAUTAIRE, donc ECCLÉSIALE ! Dit autrement, par l’unité de la foi et la paix reçues de DIEU, l’Église a pour mission de manifester la défaite du péché dans le rassemblement et l’unité des enfants de DIEU dispersés. Voilà à nouveau la Volonté du Père qu’exprimera la communion au Corps du Christ.
Après le rite de la paix, suit La fraction du pain ; tellement importante qu’elle fut l’un des premiers noms de l’Eucharistie (cf. Lc 24,30.35 ; Ac 2,42). On a suffisamment passé de temps sur cette question dans la précédente vidéo. Rappelons seulement que par cette fraction, nos frères juifs font mémoire de l’immolation de l’agneau dans le Temple.
Bon, ceci dit, vu le nombre de chrétiens rassemblés le dimanche dans les églises, on ne va pas pouvoir fractionner pour tout le monde ; ça prendrait trop de temps. C’est la raison pour laquelle on pré-découpe le pain en petits morceaux qu’on appelle des HOSTIES, du latin hostia qui signifie OFFRANDE. On a néanmoins gardé le geste de la fraction par lequel le prêtre rompt au moins la « grande hostie », en signe que tout le pain distribué en communion procède de la fraction de l’unique Pain Vivant qu’est le Christ.
Au VIIe siècle, on a accompagné ce geste par le verset de l’Agneau de Dieu extrait de l’hymne du Gloria car, si c’est du pain que nous mangeons pour communier, nous reconnaissons en lui l’Agneau véritable, celui des Noces éternelles (Ap 19,9) auxquelles nous sommes convoqués.
Dès lors, ainsi préparé, chacun peut s’avancer pour COMMUNIER. Alors redisons-le : venir communier, ce n’est pas venir prendre sa « pilule » de forces spirituelles. C’est un acte par lequel se rencontrent deux réalités semblablement sanctifiées : le fidèle qui s’avance reconnaît qu’il est membre du Corps du Christ qui est l’Église, et le pain consacré donné en nourriture n’est autre que le Christ qui se donne en son Corps. Voilà pourquoi il y a « COMMUNION » comme l’anticipation ici et maintenant de la Rencontre Nuptiale qui consommera la fin des temps.
Si cette COMMUNION est recommandée chaque dimanche, c’est parce qu’on n’est pas simplement dans l’ordre des “bonnes intentions” dont l’Enfer est pavé, comme dit l’expression ! Chaque dimanche, le Christ rassemble ses frères et sœurs pour sanctifier leur vie concrète et, peu à peu, les transformer en Lui. Dit autrement, la COMMUNION est par excellence le lieu où nous laissons la grâce du baptême croître en nous au fil du temps. Une grâce qui nous transforme de l’intérieur ; une grâce enfin qui, parce qu’elle est communion à Dieu, nous divinise, ce que saint Augustin traduisait par cette phrase : « chrétien, deviens ce que tu es : le Corps du Christ ».
— — — — —
LES PRIÈRES DE CONCLUSION
Une fois qu’on a communié, suit un temps de recueillement et, assez rapidement, la prière de conclusion. Ça peut paraître surprenant : on s’attendrait à prendre encore du temps pour savourer ce moment d’intimité avec le Christ, mais non : de la même manière que Jésus et les Apôtres se sont levés de table peu après avoir rompu le pain, partagé la coupe et chanté les psaumes ; de même, nous ne restons pas à notre place dans l’église. Tout ce qui vient d’être vécu est recueilli par une ultime prière, du même genre que la prière d’introduction et que celle sur les offrandes, comme pour relancer la dynamique de charité que contient toute la célébration eucharistique ; et c’est ainsi que se clôt l’ensemble des rites de la messe : fortifiés par cette Eucharistie, le Corps du Christ qu’est l’Église en communion avec son Seigneur et Sauveur se sent revigoré pour partir en mission d’évangélisation dans le monde.
En vue de cette mission, la bénédiction de l’envoi exprime et procure la protection de La Trinité, et le signe de la Croix nous rappelle que les dons reçus au cours de cette eucharistie restent toujours les fruits de la Mort et de la Résurrection du Christ Jésus. Pour les grandes solennités, elle est développée en trois invocations, auxquelles le peuple est invité, par trois fois, à répondre « Amen ! ».
« Ite missa est ! », proclamait le diacre à la fin de l’Eucharistie depuis le VIIe siècle, on en a parlé au tout début des vidéos sur le sacrement de l’Eucharistie.
Le tout se clôt en général par un chant final qui n’est pas obligatoire mais qui permet aux assemblées ferventes de laisser une dernière fois s’exprimer la joie et la louange pour la COMMUNION qu’elles ont vécue. La procession des enfants de chœur et du prêtre s’engage en direction de la grande porte qui s’ouvre : le peuple rejoint le monde à la suite de son Pasteur.
Voilà ! Il me semble qu’on a dit l’essentiel sur ce sacrement qui nous a pris du temps, mais qu’est-ce que vous voulez, c’est un univers tellement particulier et tellement riche de sens qu’on ne peut pas se contenter de décrire les rites sans en chercher le sens vivifiant, porté depuis Moïse et inscrit dans le cœur de DIEU depuis la fondation du monde ! Quoi qu’il en soit, il me semble que là encore, vous avez bien du grain à moudre avec votre accompagnateur.
Que le Seigneur vous garde en sa bénédiction.
Je vous remercie.
______________________________________________________________