23-04-2020

[Dt] Libres par la foi

Deuteronomy 1:20-33 par : le père Alain Dumont
Moïse rappelle que la génération précédente a refusé d’entrer en KaNa“aN alors que YHWH l’assurait qu’Il faisait de son peuple l’héritier de ce sol. Derrière ce refus se révèle la LIBERTÉ que YHWH a inscrite au tréfonds de l’homme, pour le meilleur et pour le pire…
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Citation : mentionner : © Père Alain Dumont, La Bible en Tutoriel, http://www.bible-tutoriel.com/ + titre de l'article
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Bonjour,

Nous poursuivons la lecture du ch. 1 du Deutéronome, et voilà que Moïse fait mémoire du départ du Mont HoRèV avec TOUT ISRAËL, non pas, on l’a vu, selon une chronique répertoriée qu’on suivrait du début à la fin, mais selon ce que Moïse — ou les rédacteurs à qui il prête sa voix — en retient de plus essentiel.

Moïse parle d’abord des ‘ÈMoRî/AmoRites, un peuple nomade redoutable dont les traces remontent à la fin du iiième millénaire avant J.-C. Il occupait principalement la Syrie et KaNa“aN, tout en étant capable de faire des incursions jusqu’en Babylonie où certains ont même fondé une dynastie au xviiie siècle. Hammourabi — dont on connaît le code de lois grâce à la fameuse stèle d’Hammourabi — en est le roi le plus connu. Ils disparaissent de la circulation mais réapparaissent dans des textes assyriens au xe siècle pour désigner les peuples qui habitent entre Palmyre et les monts de KaNa“aN à l’Est du Jourdain — la « montagne des ‘ÈMoRî » des v. 7.19 et 20. Ce sont ces ‘ÈMoRî-là dont parle Moïse.

Or à partir de là survient un thème essentiel à l’auteur du Deutéronome : « Je vous ai parlé ainsi : “Vous avez atteint le Mont des ‘ÈMoRî, que YHWH votre ‘ÈLoHîM nous donne. Vois, YHWH ton ‘ÈLoHîM a donné le sol vers ta face — c’est-à-dire pour toi —. Monte et hérites-en comme YHWH, l’ÈLoHîM de tes pères, a parlé vers toi. N’aie pas peur et ne t’effraie pas. » (Dt 1,21)

Voilà : YHWH te DONNE ce sol, donc vas-y, CONQUIERS-le ! Or rien que là, on a un principe spirituel essentiel, à savoir que ce que Dieu donne, encore faut-il mettre toute son énergie pour le RECEVOIR ! Rien à voir avec la becquée ! C’est l’exemple du MiDeBaR : YHWH dit : « Je ferai refleurir le MiDeBaR », ok, mais c’est PAR TOI, Israël ; par le service de la terre que ça se produira ! Si tu ne la travailles pas, elle restera un terrain désolé et ce sera inutile de te plaindre !

Or voyez, on a là, de manière cryptée, un principe spirituel très important au sens où les hommes — et en particulier les sédentaires — ont tendance à penser qu’à partir du moment où un besoin s’exprime dans leur prière, c’est à DIEU de bosser ; avec pour conséquence que s’Il ne répond pas à ce qu’on attend de Lui, on change de crèmerie, évidemment ! Mais non ! Ce que rappelle Moïse, c’est que TOUT est donné sous forme de semence ; et c’est À NOUS de travailler la terre pour qu’elle germe ! Même sens ici : le sol est donné, mais il reste à conquérir au sens d’une mobilisation DE SOI par GRATITUDE pour le don reçu. Rien à voir donc avec le désir prétentieux de conquérir le monde ! Il s’agit, par la FOI, de prendre sa place et de la tenir, point final. Rappelons-nous ‘AVeRâHâM à qui YHWH dit indissociablement : « Va vers toi, quitte ton sol pour aller vers le sol que je te ferai voir ! » (Gn 12,1) C’est le même message. On pourrait résumer par cette injonction : « YHWH te DONNE le sol, donc n’aie pas peur de DONNER de ta personne ! » Et on voit bien comment, dans le droit fil de ce chemin spirituel, se prépare le lit de la CHARITÉ — l’amour comme source du DON de soi — enseignée par Jésus qui mène bien ainsi la TORâH de Moïse à son accomplissement. Et par extension, on comprend mieux le sens des premières paroles du pape Jean-Paul ii depuis la loggia de Saint-Pierre de Rome : « N’ayez pas peur ! » Il ne s’agissait pas d’un propos maternant du style : « Mes petits enfants, ne craignez rien, déposez vos fardeaux et laissez-moi vous consoler », mais bien plus virilement : « RETROUSSONS LES MANCHES ! »

Alors c’est vrai qu’on peut aussi se dire que lancer une telle conquête a un côté violent, mais encore une fois, la visée d’Israël n’est pas de conquérir pour devenir les souverains du monde par la loi du plus fort, et ce ne sera jamais le cas. Il s’agit d’un sol bien déterminé — KaNa“aN en l’occurrence — qui, une fois conquis, devra servir de fondation pour l’édification INTÉRIEURE d’Israël ; autour, notamment, de l’exercice des sacrifices dans l’enceinte du Temple qui deviendra la matrice analogique de cette élévation. Si Israël oublie cet impératif d’élévation, il perdra le sol ipso-facto ! Et c’est bien ainsi que les scribes en Exil comprennent ce qui arrive à leur peuple, et qu’ils se mettent à relire leurs traditions pour revivifier son âme : « Va vers TOI ! N’aie pas peur : YHWH est ton ‘ÈLoHîM : fais en sorte de recevoir l’héritage intérieur qu’Il te destine depuis Moïse, et même depuis ‘AVeRâHâM ! »

Une dernière remarque à propos du v. 21 qui, comme au v. 8 et comme très souvent dans le Deutéronome, passe allègrement du « vous » au « tu ». Ici par exemple : « Je VOUS ai parlé ainsi : “VOUS avez atteint le Mont des ‘ÈMoRî, que YHWH votre ‘ÈLoHîM nous donne. Et puis tout à coup, on passe à la 2e personne du singulier : Vois, YHWH TON ‘ÈLoHîM a donné le sol vers TA face — c’est-à-dire pour toi —. Monte et hérites-en comme YHWH, l’ÈLoHîM de tes pères, a parlé vers toi. N’aie pas peur et ne t’effraie pas. » (Dt 1,21) En fait, il semble que le « VOUS » désigne plus le peuple ayant marché dans le désert, encore un peu disloqué pour ainsi dire ; alors que le « TU » paraît désigner le peuple appelé à s’unifier en un seul CORPS au moment d’hériter du sol, au sens où cet héritage est CONDITIONNÉ par l’UNITÉ de TOUT ISRAËL. Et là, TOUT ISRAËL prend vraiment son sens. La suite montrera a contrario que désunis, ne serait-ce qu’en deux parties, le Nord et le Sud, n’étant donc plus TOUT ISRAËL, le sol sera perdu. On voit donc de nouveau ce verset contient d’ores et déjà, de manière cryptée, toute l’interprétation des événements qui composeront l’histoire d’Israël !

Suit jusqu’au v. 33 le rappel de l’épisode des explorateurs, qu’on a entendu en Nb 13. Sauf que d’après le livre des Nombres, c’est YHWH qui a demandé qu’on les envoie, alors qu’ici, c’est le peuple qui a émis une requête à laquelle a acquiescé Moïse. Encore une fois donc, pour le même événement, plusieurs traditions. Et comme toujours, la mémoire d’Israël ne choisit pas. Ce qui ne signifie pas que l’événement soit une légende, bien au contraire ! Le fait qu’il y en ait deux témoignages convergents, bien que distincts pour une part, va dans le sens de la véracité de l’épisode ! Dit autrement, les rédacteurs n’ont pas cherché à sélectionner une version “vraie” contre une “version” fausse. On garde les deux parce que, du fait qu’elles sont deux, précisément, elles confirment l’événement. Si on n’en avait retenu qu’une seule, ou si les versions avaient été fusionnées, c’est là qu’il faudrait se méfier ; parce que ce genre de lissage est toujours le signe d’une manipulation : la fameuse “pensée unique”. Or là, on touche précisément une des raisons d’être les plus profonde du Deutéronome en tant que REPRISE finale de la TORâH : en faisant honneur à la pluralité des traditions, les faits inscrits dans la mémoire des pères s’en trouvent corroborés, et donc leur véracité authentifiée. Ça n’est pas rien !

Donc on nous raconte l’épisode, mais surtout la réaction du peuple qui, apeuré face aux statures imposantes des habitants et de leurs villes, refuse de monter pour hériter du sol promis. « Vous n’avez pas voulu ! », une expression qui reviendra plusieurs fois, comme un reproche que la suite du v. 26 confirme : « Vous n’avez pas voulu et vous avez été rebelles contre la bouche de YHWH, votre ‘ÈLoHîM ! » Première réprimande du discours qui en dit long ! C’est sûr qu’au tout début, Israël était parti avec conviction : YHWH n’était pas avare de manifestations de puissance : ébranlement du cosmos par l’écartement des eaux de la Mer des Roseaux — le YaM SOuPh —, colonne de feu la nuit et colonne de fumée le jour pour précéder la marche du peuple… C’est sûr qu’avec un tel Dieu, on avance d’autant plus volontiers qu’on se dit que rien ne pourra nous arrêter !

Sauf qu’arrivés à la frontière de KaNa“aN, à l’autre bout du désert, c’est fini ! « Maintenant, à vous de jouer ! Plus besoin de manifestations puissantes ! Avancez désormais en exerçant la FOI ! » Ah voilà ! Ceci dit c’est bien joli, mais ça veut dire quoi : « exercer la foi » ?

Eh bien, exercer la FOI, c’est exercer quotidiennement la MÉMOIRE qui pourra dès lors éclairer les pas qu’on aura à faire ; une FOI qui détermine en réalité la SORTIE DE L’ENFANCE pour entrer dans l’âge adulte, ce qui va juste à l’encontre de ce que nos idéologues occidentaux assènent avec prétention en faisant de la Foi le placébo de la science pour les marmots et les imbéciles…

Alors ici, sans doute faut-il s’expliquer : pour l’enfant, papa et maman sont des héros puissants : « Mon papa, c’est le plus fort ! ». Mais quand il s’agit de passer à l’état d’adulte, le rapport aux parents change : il s’agit de les quitter, comme dit la Genèse, non au sens de les abandonner mais de leur emboîter le pas pour vivre sa vie : « Va vers toi ! » Et pour ça, mettre à profit les fondements que leur fréquentation pendant l’enfance aura enracinés en nous. Ce sont notamment les récits écoutés de la bouche des parents et sur lesquels le futur adulte bâtira sa vie. Ces récits sont des histoires homériques, des poèmes, des musiques, des tableaux, que sais-je… dont le rôle est de nous greffer sur la trame qui constitue l’héritage de nos anciens. Mais c’est vrai : fini le temps de la toute-puissance héroïque parentale ; fini le temps où ils rattrapaient toutes nos âneries. Ils sont toujours là, CHARNELLEMENT, en nous, mais c’est en MÉMOIRE puisqu’on les a quittés !

Dit autrement, l’enfant n’entre dans l’âge adulte que dans la mesure où a été creusé en lui un socle de MÉMOIRE suffisamment profond — quel qu’il soit — pour qu’il puisse se dire : « Je peux y aller ! ». Et de ce point de vue, la TORâH, entre autres, est un réservoir magnifique ! Si, en tant que chrétien, vous ajoutez les évangiles, les fondations sont à toute épreuve. Ensuite, vous pouvez compléter par un apprentissage créatif, un apprentissage concret, voire de la philosophie ou de la littérature, que sais-je ? Mais en tout cas, la dimension HISTORIQUE de la mémoire, racinaire pour ainsi dire, ne doit surtout pas manquer, sans quoi les apprentissages seront rendus au rang de pures techniques et l’éducation au rang de seul formatage, ce qui est tout bonnement déshumanisant !

Ceci dit, et c’est le grand mystère de la liberté — son côté obscur —, mais l’enfant reste toujours capable de refuser un tel héritage. Refuser de quitter le refuge de la toute-puissance parentale et reprocher même aux parents de ne plus se conformer à de tels fantasmes ! Ce n’est pas du tout que les parents auraient raté son éducation — l’éducation n’est pas un formatage — mais il y a cette fameuse liberté qui peut certes jouer POSITIVEMENT quand elle accepte de puiser dans la MÉMOIRE pour permettre à la volonté de prendre des décisions de VIE ; mais une liberté qui peut aussi jouer NÉGATIVEMENT quand elle REFUSE de faire MÉMOIRE et engage la volonté sur des chemins exclusivement tournés sur soi, donc des chemins de MORT ! C’est ce qu’on appelle la MAUVAISE FOI. Et ça n’est pas autre chose que ce que Moïse reproche au peuple en ce début de livre : « YHWH votre ‘ÈLoHîM, qui va en face de vous, combattra pour vous, tout comme Il l’a fait en Égypte sous vos yeux. Tu l’as vu au désert : YHWH ton ‘ÈLoHîM t’a porté comme l’homme porte son fils, sur toute la route où vous êtes allés jusqu’à votre venue en ce lieu. Mais à cette parole, vous n’avez pas eu FOI en YHWH votre ‘ÈLoHîM. » (Dt 12,30-32)

Et là oui : face à la mauvaise foi du peuple, YHWH peut légitimement voir naître en Lui la colère — et pas n’importe laquelle : quand YHWH se heurte à la mauvaise foi, au sens fort du terme comme ici, Il écume ! Sauf qu’Il est DIEU ; et quand YHWH écume, ça n’est pas pour laisser courir sa colère. La colère est là pour signifier l’injustice de la réaction d’Israël, l’ingratitude du peuple qui a tout reçu pour s’engager sur le chemin de la vie, mais qui refuse et se referme sur soi comme un ado mal dégrossi ! C’est un CAPRICE en fait !

Ceci dit, comme on l’a vu avec les premiers versets du chapitre, YHWH est avant tout MISÉRICORDE. Donc Il ne désespère pas ! Ouf ! Ce qui n’empêche que les conséquences mortelles du choix de cette génération doivent être assumées ; et là, c’est pas drôle puisque du coup, Israël va devoir rester dans le MiDeBaR le temps que la génération du refus s’éteigne pour laisser place à la suivante qui, elle, réconciliée avec la MÉMOIRE des pères, puisse prendre cette fois la décision d’avancer.

Mais ça n’est pas tout ! Ce texte est d’une richesse incroyable quand on entend les analogies qu’il met en œuvre. Alors là, on va un peu jouer avec la TORâH — qui ne demande que ça — en mettant en lien non pas des rapports analytiques, scientifiques, mais ANALOGIQUES ; qui ont cette vertu d’être toujours très inspirants, donc vivants. J’ai presque envie de dire : là où l’analyse s’occupe du squelette, l’analogie, elle, se préoccupe de la chair. Et il faut les deux. Une chair sans squelette, c’est de la viande molle ; un squelette sans chair, c’est un coup de trique. Aucun pour racheter l’autre. Mais quand ils sont réunis, alors le squelette permet à la chair de se dresser, et là, c’est vivant !

Du coup, le commencement du dernier livre de la TORâH, nous renvoie analogiquement, entre autres, au commencement du premier. L’indice le plus clair de ce rapport est le « N’ayez pas peur » de YHWH qui semble répondre au « J’ai eu peur » de ‘ADâM : c’est le même verbe YâRâ‘ en hébreu ! De sorte qu’Israël est présenté ici comme le peuple en qui la peur de ‘ADâM est appelée à se résorber. Le premier péché ne consistait en rien de moins, pour ‘ADâM, que de refuser de mettre sa FOI en YHWH, avec pour conséquence non pas tant une punition qu’une MISE EN MARCHE hors du jardin — entendons par là : dans le désert. Le désert étant l’anti-jardin, en quelque sorte. Comme si Israël, aux portes du sol promis où coulent le lait et le miel, rejouait le scénario des origines ! En substance : « Monte et mange les fruits de KaNa“aN ! Ne retourne pas en Égypte, car pour mourir, tu mourras ! », dit YHWH. Mais voilà qu’Israël, face à la difficulté, refuse les fruits de vie et regarde du côté de la mort dont les fruits sont regardés comme agréables et bons à manger ! On avait déjà entendu ça, deux mois après la sortie d’Égypte : « Ah ! Il aurait mieux valu mourir de la main du Seigneur, au pays d’Égypte, quand nous étions assis près des marmites de viande, quand nous mangions du pain à satiété ! Vous nous avez fait sortir dans ce désert pour faire mourir de faim tout ce peuple assemblé ! » (Ex 16,3). Et au moment d’entrer en KaNa“aN par le Sud : « Que ne sommes-nous morts sur le sol d’Égypte ou dans ce désert ? Vraiment, il serait mieux pour nous de retourner en Égypte. » (Nb 14,2.4) Et c’est ce que Moïse rapporte au v.  27 : « Vous avez grogné dans vos tentes et vous avez dit : “C’est par haine contre nous que YHWH nous a fait sortir du sol de MiTseRaYîM pour nous livrer aux mains des ‘ÈMoRî pour nous anéantir !” » (Dt 1,27) Vous entendez la mauvaise foi ? Face à l’épreuve qui consiste à devoir désormais discerner la présence de YHWH par la foi, voilà que le pays qui donnait la MORT devient “meilleur” que le pays où sera donnée la VIE ! Le serpent de la Genèse n’est pas loin !

Dit autrement, au moment où il est arrivé par le Sud aux portes de KaNa“aN, Israël voulait rester un enfant. On l’entend dans l’interprétation qu’il se fait des « fils de ”ANâQîM » qui occupent déjà le sol, au v. 28 — rien à voir avec Star Wars attention ! —. La stature imposante de ces géants n’est en fait rien d’autre que l’image écrasante projetée sur l’adulte par l’enfant qui n’a pas encore pris sa vraie mesure ! Un enfant qui se représente évidemment YHWH de la même manière !

À ceci près que YHWH veut se soustraire à cette interprétation infantile et faire en sorte qu’ISRAEL grandisse ! Le moment est venu de se séparer de la vision d’un Dieu à l’image des fantasmes ; d’un dieu qui ne serait qu’un héros guerrier dégageant la route, comme Le présente le v. 31. Au moment d’entrer en KaNa“aN, finie la Nuée lumineuse pendant la nuit, ou la colonne de fumée pendant le jour ; finie l’omniprésence d’un dieu un peu trop ostensiblement provident ! Sauf que… ça fait peur ! « J’ai eu peur », avait dit Adam qui avait alors préféré se rassurer auprès des promesses vides du serpent ! « N’ayez pas peur ! », avait dit Moïse qui rêvait que son peuple soit devenu adulte grâce à la TORâH de l’HoRèV.

Mais non. Israël avait REFUSÉ de donner sa foi en son Dieu Rédempteur ! Avec ceci de terrible que cette décision n’impacterait pas seulement la génération du refus, mais bien TOUT ISRAËL puisque Moïse dit, en s’adressant à la nouvelle génération — celle qui est dans les steppes de MO’âV cette fois : « VOUS n’avez pas mis votre FOI en YHWH ! » (Dt 1,32) Il aurait dû dire : « Vos pères n’ont pas mis leur foi en YHWH », mais non : il dit bien : « VOUS n’avez pas mis votre Foi en YHWH !

Et là encore, à mots couverts, c’est très bien vu, parce que c’est là où Moïse coupe court au piège idéologique : l’idéologie dit toujours : « Avant, ILS se sont égarés, mais NOUS, on a tout compris ! » Ici, au contraire, la génération présente assume les choix de la précédente, et agit en conséquence au sens où, s’il le faut, on répare mais on ne se désolidarise pas. C’est donc bien TOUT ISRAËL qui, à travers la décision des pères, se sait ingrat et capable de refuser de mettre sa FOI en YHWH Sauveur. Sauf que maintenant, la maturité est au rendez-vous, et ça change tout.

Voyez, ce que Moïse raconte ici est juste fantastique ! Il est en train de nous dire — et là c’est un paradoxe pour notre Occident athée — que la LIBERTÉ se détermine PAR LA FOI ! La LIBERTÉ s’exprime à travers le CHOIX DE CELUI EN QUI JE DÉCIDE DE METTRE MA FOI. Ce peut être MOI exclusivement, et là c’est un choix de mort pour moi et pour les autres dont je fais mes esclaves ; ce peut être un autre, à discerner évidemment. Mais ultimement, quand il s’agit de la FOI en YHWH, le DIEU VIVANT, le DIEU qui, seul, donne la VIE, ça signifie que c’est bien LIBREMENT que l’homme décide de vivre ou de mourir — ce sera la conclusion du livre —, et qu’il impacte par le fait même la vie ou la mort des générations qui le suivent. Là, finie l’enfance ! Fini le « Moi d’abord » et « Après moi le déluge ! » À TOUT ISRAËL désormais de passer en mode ADULTE en se déterminant PAR LA FOI, c’est-à-dire par l’exercice de sa LIBERTÉ en faveur de YHWH, en faveur de la VIE. Et là, Israël se vit comme la semence du JUSTE Abraham qui, par sa FOI en YHWH, a impacté par le fait même l’histoire de toute sa semence. Et nous, chrétiens, nous recevons cet héritage par le Christ, ce qu’a magnifiquement compris saint Paul : « C’est selon que ‘AVeRâHâM a eu la FOI que cela lui a été compté comme justice. Comprenez que ce sont les hommes de foi qui sont fils d’‘AVeRâHâM. Et l’Écriture, prévoyant que c’est par la foi que DIEU justifie les nations, a d’avance annoncé à ‘AVeRâHâM cet évangile : toutes les nations seront bénies en toi ! De sorte que les hommes de foi sont bénis avec l’homme de FOI ‘AVeRâHâM. » (Ga 3,6-9) Une FOI qui ne consiste pas seulement à croire que DIEU existe, ce qui n’a aucun intérêt, mais une FOI qui, seule, sait LIBREMENT engager l’homme vers la VIE.

Alors je vous laisse méditer sur cette question, parce qu’elle est essentielle. On reviendra sur la colère de YHWH la prochaine fois, et nous irons jusqu’à la fin de ce premier chapitre décidément bien instructif.

Je vous remercie.

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