26-04-2020

[Dt] Dur dur d'être pasteur !

Deuteronomy 1:34-37 par : le père Alain Dumont
Recevoir le Don de YHWH n’est pas si simple. Il faut se sentir appartenir à une COMMUNAUTÉ de cœur. Or là, à l’époque où il aurait pu entrer en KaNa“aN par le Sud, le peuple fut tenté par la mauvaise foi. « C'est à cause de vous que YHWH s'est emporté contre moi ! » rappelle Moïse. Mais de quelle faute parle-t-il ?
Transcription du texte de la vidéo : http://www.bible-tutoriel.com/message/dur-dur-d-etre-pasteur.html
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Citation : mentionner : © Père Alain Dumont, La Bible en Tutoriel, http://www.bible-tutoriel.com/ + titre de l'article
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Bonjour,

alors contrairement à ce que je pensais, on ne va pas terminer le ch. 1 du Deutéronome aujourd’hui, parce que ça ferait une vidéo trop longue. Mais bon. Ça montre aussi que ce ch. est vraiment d’une grande richesse, et ne vous en faites pas, on ira plus vite par la suite.

Ceci dit, on se souvient que, malgré l’attention toute paternelle de YHWH qui a porté son peuple comme son fils pendant le chemin qui l’a amené aux portes Sud de KaNa“aN, au moment de se prendre en main, voilà que ce même peuple avait REFUSÉ LIBREMENT de prendre possession de l’héritage annoncé, c’est-à-dire refusé en définitive de METTRE SA FOI EN YHWH, le Dieu de la VIE. Jusqu’à invoquer l’Égypte comme un sol de bonheur !!! Et là, c’est la coupe qui avait fait déborder le vase ! Qu’Israël choisisse, c’est le lot de sa liberté, donc pas de problème en soi. Mais qu’il se mente à lui-même en déclarant l’Égypte comme bonne alors qu’elle n’a cherché qu’à l’exterminer, là, ça s’appelle littéralement de la MAUVAISE FOI. D’où la colère légitime de YHWH !

C’est ce que va rappeler Moïse à partir du v. 34. Littéralement, YHWH « écume ». La MAUVAISE FOI est vraiment ce qui le fait sortir de ses gonds ! Or quelle est la sentence ? La même que pour ‘ÂDâM, à savoir que cette génération que YHWH qualifie de « mauvaise » sera écartée du « bon sol » pourtant promis en héritage. Pourquoi ? Mais à cause des conséquences ! Un don qui n’est pas reçu comme tel sera nécessairement perverti par la convoitise : on le considérera comme un dû, comme un pur capital qu’on se contentera alors de dilapider par seul motif d’ingratitude — rappelons-nous la parabole du Fils Prodigue. Rappelons-nous que la GRATITUDE consiste à se savoir consciemment en dette, non comme un fardeau mais comme une mission : il s’agit de faire fructifier l’héritage reçu pour le transmettre à son tour de génération en génération et prendre conscience que cette dette constitue en réalité ni plus ni moins qu’une source infinie de JOIE.

Alors on a évoqué ‘ÂDâM ; pourquoi ? Parce que ce processus d’ingratitude est au cœur du péché dont le détonateur est la convoitise : Pourquoi la Genèse raconte-t-elle que ‘ÂDâM et H.aWWâH/Ève sont chassés du jardin par YHWH ? Parce que la consommation de l’Arbre de la Connaissance du Bonheur et du Malheur les a introduits dans le vortex de la convoitise et qu’il ne faut surtout pas, dans le même élan mortifère, manger de l’Arbre de la Vie par convoitise, sans quoi la VIE elle-même sera exploitée, gaspillée comme un pur objet de consommation et donc détruite. Raison pour laquelle YHWH les éloigne tous deux du jardin. C’est vécu comme une punition, mais c’est en fait un acte infini de miséricorde, dans la mesure où, sans cette décision divine, c’en était tout simplement fini de la création ! Alors on est d’accord, c’est un mythe, mais c’est en tous les cas vachement bien vu et drôlement bien raconté ! Quelle sagesse ! Il faut être soi-même passé par bien des épreuves et avoir expérimenté la miséricorde de YHWH pour pouvoir écrire des chefs-d’œuvre pareils !

Toujours est-il qu’ici, Israël refuse le don ; ok. DONC, si on a compris, il faut, par miséricorde, l’éloigner de l’héritage qu’il ne perçoit pas comme tel ; lui laisser le temps de mûrir par la marche, en espérant que la génération suivante s’ouvre, elle, à la gratitude qui est la marque d’une existence parvenue à l’âge adulte.

Qu’on le veuille ou non, c’est toujours la même histoire : une chose est de DONNER, autre chose est de RECEVOIR. Mais c’est la réception qui fait porter au don les fruits qu’il promet ! Pas de réception, pas de fruit. En tout cas pas de fruit qui demeure, comme dira Jésus ; c’est-à-dire des fruits qui bénéficient à tous, et pas seulement à quelques profiteurs.

Vraiment, cette disponibilité au DON est une donnée essentielle, et pour tout dire incontournable pour entrer dans la vie adulte, et donc dans une véritable vie SPIRITUELLE. L’ESPRIT, dans la Bible, n’est pas l’intelligence mais le lieu de la COMMUNION, que ce soit avec DIEU ou avec le PROCHAIN. Même l’ESPRIT SAINT : l’Esprit Saint naît de la COMMUNION DU PÈRE ET DU FILS, et RECEVOIR CET ESPRIT, c’est entrer dans le mystère de cette communion d’amour qui déborde sur toute notre vie, sur tous les CHOIX qui l’orientent vers son accomplissement.

Or voilà précisément ce qu’esquive cette génération. Et la question, redisons-le, n’est pas d’avoir entériné ou non tel ou tel choix. À la limite, on pourrait dire à YHWH : de quoi Te plains-Tu ? N’est-ce pas Toi qui as fait l’homme libre à Ta ressemblance ? Mais le problème n’est pas là. Le problème est qu’ISRAËL a prétendu que l’Égypte était dans le fond meilleure dans sa volonté d’extermination que le bon sol de KaNa“aN à conquérir ! C’est la MAUVAISE FOI d’ISRAËL qui fait écumer YHWH de colère et qui Le fait traiter cette génération de MAUVAISE au v. 35 ! C’est la révision perverse de la mémoire utilisée pour légitimer un choix de mort alors même que cette mémoire, relue en vérité, devrait permettre à TOUT ISRAËL de prendre son envol en montant sur les épaules de ses pères pour « aller vers soi » en vérité et aller vers le sol que YHWH lui montre.

Alors néanmoins, rappelle le v. 36, il y a eu KâLéV dont nous avait effectivement parlé Nb 14. KâLéV et YeHOShOu”a/ Josué avaient déchiré leurs vêtements en signe de deuil en disant : « Ce sol est bon, très bon ! YHWH nous donne le sol ! Ne vous révoltez pas contre YHWH, et n’ayez pas peur du peuple de ce sol ! YHWH est avec nous ! » (Nb 14,8-9) Mais non, rien n’y avait fait.

Du coup, KâLéV, lui, était entré par le sud au moment où la génération de mauvaise foi, elle, a été refoulée vers le désert. Alors pour la petite histoire, on a ici la trace d’une tradition du Sud qui se souvient de l’entrée sur le sol d’un groupe rattaché à la vénération fidèle de YHWH, sans qu’on sache grand-chose de plus. Là, voyez, on perçoit que YHWH était connu de plusieurs clans ; et tout le travail du Deutéronome est de faire en sorte que tous ces clans se rassemblent pour invoquer d’un seul cœur le Nom de YHWH.

Alors pour en revenir au récit de Moïse dans notre ch. 1 du Deutéronome, la suite s’accroche à YeHOShOu”a qui devient le personnage clef de l’entrée en KaNa“aN par l’Est, cette fois, à partir des steppes de MO’âV ; mais qui, ce faisant, ne fait que mieux mettre en exergue le fait que Moïse, lui, n’y entrera pas, comme le rappelle sèchement le v. 37 : « Contre moi aussi YHWH a fulminé à cause de vous : “Toi non plus, a-t-Il dit, tu n’y entreras pas !” » (Dt 1,37). La sentence prononcée sans raison apparente n’a évidemment pas manqué d’interroger les commentateurs, tant Juifs que chrétiens. Et sans doute est-il nécessaire de reprendre les éléments du dossier pour essayer malgré tout de comprendre.

Revenons à Nb 13 :  les explorateurs envoyés par Moïse en KaNa“aN sont revenus de leur mission. Ils décrivent un pays puissant qui enthousiasme certes KâLéV, mais qui décourage les autres : « Le sol que nous avons parcouru pour l’explorer est un sol qui mange ses habitants ! Tous les gens que nous y avons vus sont des hommes de haute taille… nous étions à nos yeux comme des sauterelles ! » (Nb 13,32-33) Là-dessus, le peuple se met en colère contre Moïse : « Pourquoi YHWH nous fait-il entrer sur ce sol pour tomber par le glaive, tandis que nos femmes et nos enfants deviendront un butin ? Ne vaudrait-il pas mieux pour nous retourner en MiTseRaYîM ? » (Nb 14,3) Et là, colère de YHWH explose : « Jusques à quand ce peuple va-t-il me mépriser ? Jusques à quand ne croiront-ils pas en Moi malgré tous les signes que j’ai opérés au milieu d’eux ? » (Nb 14,11) Du coup, intercession de Moïse : « Ne fais pas mourir ce peuple ! » avec l’argument qui décidément me plaît trop, tellement il est oriental : « Qu’est-ce qu’ils vont dire les voisins ? » : « Si tu fais mourir ce peuple comme un seul homme, les nations qui ont entendu parler de toi diront : “C’est parce que YHWH n’était pas capable de faire entrer ce peuple dans le sol qu’Il leur avait promis par serment qu’il les a immolés dans le désert !” » (Nb 14,15-16) Et là, on pourrait croire que YHWH se laisse toucher, sauf que l’affront est grave. Certes, YHWH veut faire miséricorde : il le dit, toujours en Nb 14, à partir du v. 20, mais il revient sur la gravité de la faute au v. 26 en les accusant d’être une « mauvaise communauté ». Que veut-il dire ?

La COMMUNAUTÉ, on l’a vu à propos du Lévitique, c’est l’hébreu “éDâH, qui vient soit de la racine Yâ“aD, se rassembler, soit de la racine “OuD, prendre à témoin. Or vous vous souvenez : l’hébreu ne choisit pas ; il tisse et associe tout ce qui peut l’être par analogie ; du coup, “éDâH, c’est le peuple dont le rassemblement se fait sur le partage d’un même TÉMOIGNAGE vis-à-vis de YHWH à la face des nations ; et c’est ce qu’on veut dire en traduisant par COMMUNAUTÉ. Ceci dit, pour témoigner, on a besoin de quoi, sinon de la PAROLE ? Ce qui veut dire que ce qui constitue Israël en COMMUNAUTÉ, c’est bien la PAROLE dont ce peuple est porteur, qui n’est rien d’autre que la PAROLE de YHWH reçu à travers la TORâH de Moïse. Cette PAROLE que porte Israël comme un seul CORPS communautaire.

Donc une « mauvaise communauté », ce n’est pas une « méchante communauté », mais une communauté dont le témoignage est mauvais ; une communauté de MAUVAISE FOI. Comment remédier à cela ? Et là, l’épreuve retombe sur Moïse : il faut qu’il soit un intercesseur JUSQU’AU BOUT !

Sur ces entrefaites, le livre des Nombre donne diverses prescriptions, jusqu’au ch. 20 qui raconte la mort de MiReYâM, la sœur de Moïse, et à nouveau un épisode de manque d’eau… aux conséquences dramatiques puisque c’est à l’issue de cet épisode que YHWH entérinera définitivement sa sentence : ni Moïse, ni ‘AHaRoN n’entreront sur le sol promis. ‘AHaRoN mourra d’ailleurs quelques versets plus loin dans le même chapitre. Or c’est précisément à cette décision définitive que Moïse fait allusion en Dt 1,37 : « Contre moi aussi YHWH s’est mis en colère à cause de vous : “Toi non plus tu n’y entreras pas !” » (Dt 1,37) Et là, toute la question est de comprendre pourquoi « à cause de vous ! » ?

Il faut, pour ça, relire le récit du livre des Nombre de manière un peu serrée, mais on va voir que ça vaut la peine. Le peuple arrive dans le désert de TsîN et là, le v. 1 du ch. 20 des Nombres dit : « Les Fils d’Israël, toute la COMMUNAUTÉ, arrivèrent au désert de TsîN… et le peuple s’établit à QaDèSh. » Très bien. Faites bien attention aux termes que je vous mets en majuscules.

Or voici que le récit se poursuit et raconte que la communauté n’ayant pas d’eau, elle « SE CONVOQUE contre Moïse et contre ‘AHaRoN » (Nb 20,2), du verbe QâHaL, appeler, convoquer, qui donne le substantif QaHaL, la CONVOCATION. La CONVOCATION ne constitue pas par elle-même une COMMUNAUTÉ. La CONVOCATION, c’est simplement la somme des individus qui se rassemblent, mais sans qu’il y ait cette unité de cœur qui fait proprement la COMMUNAUTÉ.

Toujours est-il que, cherchant querelle à Moïse, la COMMUNAUTÉ n’est plus préoccupée par le témoignage qu’elle est appelée à porter. Du coup, elle se délite pour n’être plus qu’une CONVOCATION, un rassemblement revendicateur… Dès lors, Moïse et ‘AHaRoN s’en dégagent, dit le v. 6, et courent se réfugier devant YHWH. Et Celui-ci de leur dire : « Prends le bâton et CONVOQUE la COMMUNAUTÉ, puis vous parlerez au rocher sous leurs yeux pour qu’il donne ses eaux… et tu feras boire la COMMUNAUTÉ et son bétail. » (Nb 20,8)

Sauf… que Moïse et ‘AHaRoN n’y croient plus… Une grande lassitude les envahit, de sorte qu’ils vont, par dépit, rassembler non pas la COMMUNAUTÉ mais seulement une CONVOCATION : « Et ils CONVOQUÈRENT, Moïse et ‘AHaRoN, la CONVOCATION devant le rocher. » (Nb 20,10). Le texte est très précis ! À sa manière, il nous dit que, découragés, Moïse et ‘AHaRoN ne croient plus que ce ramassis qu’ils ont fait monter d’Égypte puisse rendre témoignage, c’est-à-dire être cette COMMUNAUTÉ de PAROLE qu’attend YHWH. Une parole qu’il aurait suffi de prononcer FACE AU ROCHER, au nom du peuple, pour que l’eau jaillisse du rocher ; mais non : Moïse décide de le FRAPPER avec le bâton comme à RéPhiDîM, raconté dans le livre de l’Exode au ch. 17. Et le miracle se produit, comme à RéPhiDîM. Et la COMMUNAUTÉ boit, dit le v. 11.

Sauf que là, de manière inattendue, YHWH s’enflamme contre Moïse et ‘AHaRoN : « Vous n’avez pas cru en Moi pour faire éclater ma sainteté aux yeux des Fils d’Israël — c’est-à-dire par la proclamation de ma Parole —. Eh bien ! vous ne ferez pas entrer cette CONVOCATION sur le sol que Je leur ai donné » (Nb 20,12) Et c’est là qu’il faut entrer dans toute la subtilité du texte : YHWH est en train de dire que ce n’est pas en tant que simple CONVOCATION qu’Israël doit entrer : ça ne suffit pas ! Si Israël entre sur le sol promis, ce doit être en tant que COMMUNAUTÉ ! Mais pour ça, il faut que ses pasteurs l’élèvent jusque là, ce que Moïse et ‘AHaRoN vont négliger, et les conséquences seront terribles.

Dans le fond, le reproche YHWH à Moïse et ‘AHaRoN pourrait s’expliciter de la manière suivante : « À cause de vous, le peuple ne se perçoit plus comme COMMUNAUTÉ de cœur mais comme simple CONVOCATION formelle ! Moi, Je le vois toujours comme COMMUNAUTÉ, mais vous, vous ne croyez plus en lui, de sorte que lui-même ne croit plus qu’il soit capable d’être cette COMMUNAUTÉ constituée par ma Parole dont Je veux qu’il soit le témoin. Je vous ai demandé, à toi et ‘AHaRoN de le convoquer comme COMMUNAUTÉ, c’est-à-dire capable de voir et de témoigner de la puissance de ma PAROLE ; et que renaisse en eux le désir d’en être les témoins. Raison pour laquelle Je t’ai dit : “PARLE au rocher” ! Témoigne, toi, de la puissance de cette Parole dont le peuple est appelé à être le témoin ! Mais toi, tu as FRAPPÉ le rocher, simplement pour qu’advienne de l’eau, et l’eau est venue parce qu’il faut bien qu’ils boivent… Mais dès lors, à cause du doute qui vous a habités, toi et ton frère, le peuple qui vous écoute comme de vrais prophètes ne se perçoit plus QUE comme une simple CONVOCATION formelle. Ce n’est pas parce que Je l’ai renvoyé au désert qu’Israël est déchu de l’élection ! Et tu ne peux pas décider par toi-même de le rétrograder de l’État de COMMUNAUTÉ à celui de simple CONVOCATION ! Car dès lors, c’est interdire même à la génération suivante d’entrer, car Israël ne peut entrer sur le sol de la promesse qu’en tant que COMMUNAUTÉ de témoignage. Là est la mission que moi, YHWH, Je lui attribue. Tu ne peux, fut-ce par lassitude, décider du contraire ! »

Voilà la faute de Moïse… et c’est vrai qu’à son niveau, c’est grave ! Un peu comme si le pape se mettait à douter de l’Église… Que ce soit vous ou moi qui doutions, l’impact est mineur, ça ne porte pas à conséquences. Mais si c’est le Pape qui doute, c’est autre chose ! Entre lui et nous, le doute est de même nature mais les conséquences ne sont pas les mêmes au niveau de l’impact sur le peuple que constitue l’Église : n’est-elle qu’une CONVOCATION formelle d’adhérents — comme on adhère à un parti politique — ou est-elle une COMMUNAUTÉ de cœur, une communauté de témoignage à la face des nations ? Or le regard du pape sur notre COMMUNAUTÉ est ici d’une importance vitale ! C’est en ce sens qu’il est, de manière toute singulière, le vicaire du Christ. Même chose pour Moïse par rapport à la COMMUNAUTÉ D’ISRAËL. Toujours est-il que cette lassitude de Moïse à un moment où il eût dû être fort signe pour lui la fermeture des frontières. Alors ne vous en faites pas, comme dit saint Paul : de tout mal, YHWH fait sortir un bien, et ce sera le cas. Mais en attendant, Moïse prend la nouvelle comme un coup de batte en pleine figure ! Et le v. 38 d’insister : c’est donc bien YeHOShOu”a qui fera pénétrer Israël en KaNa“aN.

Alors peut-être vous dites-vous que c’est un peu trop subtil, tout ça. Mais que nenni ! Ça interroge la qualité intérieure du peuple d’Israël qui écoute le récit au moment de l’Exil, tout autant que notre appartenance à l’Église : Israël en Exil se conçoit-il comme une simple CONVOCATION ou comme une COMMUNAUTÉ DE TÉMOIGNAGE ? Et nous chrétiens qui sommes les pierres vivantes de l’Église, nous percevons-nous comme une simple CONVOCATION ou formons-nous une COMMUNAUTÉ de cœur, une COMMUNAUTÉ de TÉMOIGNAGE à la face des nations ? Parce que dans le premier cas, l’Église devra vite se convertir, sans quoi elle disparaîtra ! C’est ce qu’avait d’ailleurs demandé le pape Jean XXIII à l’occasion de Vatican II. En revanche, dans le second cas, ce que j’espère et ce qui semble être le cas aujourd’hui — comme ça l’a été à d’autres moments de renouveau dans l’Église / je pense à saint François d’Assise, à Sainte Thérèse d’Avila, à saint Ignace de loyola, à l’école française de spiritualité, etc. Dans le second cas donc, si l’Église aujourd’hui, toutes confessions confondues, se vit comme une COMMUNAUTÉ DE CŒUR, une COMMUNAUTÉ DE TÉMOIGNAGE fondée sur le roc de la Parole du Christ Jésus, alors l’avenir est grand ouvert devant elle et devant le monde ! Les inondations pourront venir et frapper la maison, elle ne sera pas ébranlée, comme dit Jésus dans la parabole de la maison fondée sur le roc. Donc j’espère que vous sentez combien le message de ce passage du Deutéronome n’est pas anodin et valait bien une vidéo à part entière.

Bon alors pour terminer en ce qui concerne Moïse, il n’est pas coupable de tout ! Parce qu’on l’a vu, le peuple était lui-même habité par la MAUVAISE FOI. Mais voilà : Moïse aurait dû espérer contre toute espérance. Et parce qu’il n’a pas été jusque là, jusqu’où YHWH voulait qu’il aille en son Nom, eh bien… il n’entrera pas sur le sol promis. C’est dur ! Mais souvenons-nous que même de cette sanction, YHWH fera germer un fruit de salut. Ouf ! On verra ça en son temps.

Alors je vous laisse sur cette question. Nous achèverons vraiment le chapitre la prochaine fois. Demandons en attendant à saint Moïse d’intercéder pour que l’Esprit Saint illumine la nature de notre attachement à l’Église du Christ Jésus : une simple CONVOCATION formelle, ou une COMMUNAUTÉ de cœur, une COMMUNAUTÉ de témoignage qui, dès lors, Nous engage à traverser le Jourdain — le baptême — pour devenir des témoins du Christ Ressuscité ? Essayons de ne pas donner une réponse purement intellectuelle, parce que je sais qu’intellectuellement, on est tous d’accord pour la seconde proposition. Mais ça ne suffit pas : la réponse se trouve dans les faits : est-ce que chaque jour, je témoigne en paroles et en charité, en union avec la COMMUNAUTÉ de l’Église, de mon appartenance CHARNELLE au Christ ? Est-ce que ce soir, je pourrai goûter la joie d’inscrire sur un papier le nom des personnes devant qui j’aurai porté ce témoignage aujourd’hui, au nom de mon Église et du Christ Jésus ? Là, je verrai si je suis de bonne foi, ou si je dois à mon tour repartir un peu au désert, pour faire une retraite, par exemple…

Quoi qu’il en soit, je vous souhaite une lecture féconde de ces quelques versets. Nous verrons la fin du chapitre la prochaine fois.

Je vous remercie.
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