01-05-2020

[Dt] YHWH est un Dieu patient

Deuteronomy 1:38-46 par : le père Alain Dumont
La génération du désert a calé au moment d’entrer en KaNa“aN par le Sud. Mais doit-elle être rejetée pour autant pour être remplacée par la suivante ? Et si, par sa mauvaise foi, cette génération devenait la bannière de la patience de YHWH ?
Transcription du texte de la vidéo : http://www.bible-tutoriel.com/message/yhwh-est-un-dieu-patient.html
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Citation : mentionner : © Père Alain Dumont, La Bible en Tutoriel, http://www.bible-tutoriel.com/ + titre de l'article
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Bonjour,

Nous terminons aujourd’hui — enfin — le ch. 1 du Deutéronome. Donc Moïse vient de rappeler la notification sans appel de YHWH lui interdisant définitivement d’entrer en KaNa“aN, ce qui prendra effet à la fin du livre. Le récit met alors brièvement en scène, au v. 38, le fameux YeHOShOu”a/Josué dont la renommée subsistera comme celui par qui ISRAËL a pu pénétrer en KaNa“aN en traversant le Jourdain pour recevoir son héritage. L’expression « Il se tient devant ta face » présente YeHOShOu”a comme serviteur et disciple de Moïse. Ce qui veut dire qu’en venant au-devant de la scène, il ne prend pas la place de Moïse ; pas plus que Moïse qui se tient « devant la face de YHWH » ne prend la place de YHWH. Mais de la même manière qu’écouter Moïse qui se tient « devant la face de YHWH », c’est écouter YHWH ; eh bien : écouter YeHOShOu”a qui se tient « devant la face de Moïse », ce sera écouter Moïse.

Puis dès le v. 39, retour à l’injonction au peuple ; et là, c’est vrai que le style surprend : qui est-ce « VOUS » à qui Moïse raconte ? On dirait qu’il s’agit de la génération de l’HoRèV, puisque Moïse reprend ici les termes du ch. 14 du livre des Nombres. Sauf qu’ils sont déjà tous morts pour laisser la place à leurs enfants qui, à ce stade, sont donc nécessairement les auditeurs du récit… Vraiment étrange !

Alors c’est encore une fois assez subtil, mais en fait, on a là la mise en œuvre de ce qu’on reconnaît en christianisme comme la « communion des saints ». En s’adressant aux enfants comme s’il apostrophait leurs parents, Moïse nous dit CHARNELLEMENT que la génération du MiDeBaR ne saurait être purement et simplement évincée sous prétexte qu’elle serait la “génération coupable”. Trop facile : « C’est nous qui entrons, donc c’est nous les meilleurs ! C’est nous que YHWH bénit, et tant pis pour les pères ! » NON ! Du reste, c’est un réflexe d’immaturité très courant… on attribue à Georges Clémenceau cette remarque : « En politique, on succède à des imbéciles et on est remplacé par des incapables. » C’est une manière de se mettre en valeur : « Moi, j’ai tout compris ! » Ça s’appelle « refaire le monde », avec nous au centre. C’est une RELECTURE, mais c’est justement pour nous éviter de tomber dans ce piège de la survalorisation inutile de soi que Moïse, précisément, prend le contrepied !

Quand elle dénonce les fautes des pères, la TORâH pose un acte de vérité qu’on ne trouve que très rarement. Le seul exemple du même genre qui me vient à l’esprit sont les demandes de pardons lancés par Jean-Paul ii pendant l’An 2000, concernant les débordements de l’Église Catholique au cours de l’histoire. Il ne s’agissait pas de dire que les agissements des anciens sont répréhensibles pour suggérer qu’on serait meilleurs aujourd’hui. Il s’agit tout au contraire d’assumer ces agissements pour, dans la mesure du possible, réparer ce qui peut l’être en étant conscient que, si nous avions été à leur place, nous n’aurions assurément pas fait mieux. C’est RELEVER ce qui a pu chuter ; c’est mettre une espérance là où une vision manichéenne susurre diaboliquement qu’on appartiendrait au clan des sages contre ceux qui appartiendraient au clan des fous. Pas de ça dans l’Église, pas de ça dans la TORâH !

Moïse a conscience que la génération du désert ne se résume pas à son refus franchir la frontière Sud de KaNa“aN — elle a tout de même suivi Moïse, traversé le YaM SouF, marché difficilement dans le désert, etc. Alors ok, elle semble avoir râlé tout du long comme le rappelle quasiment à chaque chapitre le livre des Nombres. Mais le rédacteur se sent solidaire de la génération du désert, et il veut l’entraîner avec TOUT ISRAËL dans le grand mouvement d’unification et d’élévation qu’il poursuit en rédigeant la TORâH qui est tout autant la TORâH des justes que la TORâH des pécheurs !

Mais allons plus loin. Il y a dans cette apostrophe de Moïse à la génération qui va franchir le Jourdain, la conscience d’une marque inscrite à jamais dans la chair de TOUT ISRAËL — entendons par là toutes les générations d’Israël, et qui relève de l’ordre d’un péché originel. « [Vous] n’êtes pas différents de vos pères ! », dit en substance Moïse ; « et ce n’est que par l’acquiescement de VOTRE foi que vous bénéficierez de la bénédiction qu’ils n’ont pas su faire advenir pour eux-mêmes, suite à leur REFUS. Mais si vous mettez votre FOI en YHWH qui vous donne le sol en héritage, par VOUS adviendra alors la bénédiction, et cette bénédiction rejaillira avec bonheur sur VOS PÈRES. Aujourd’hui, vos pères attendent de vous que vous fassiez advenir pour eux — car ils vivent en vous — cette bénédiction. » Et c’est là que s’avère précieuse cette manière proprement biblique de concevoir l’histoire, non pas comme une suite temporelle qui acheminerait mécaniquement du passé au présent puis du présent au futur ; mais l’histoire comme un PROJET À ACCOMPLIR. De sorte que le temps se conjugue entre ce qui, dans ce projet, est d’une part d’ores et déjà accompli, et d’autre part ce qui ne l’est pas encore. Du coup, le présent habite autant ce qui est inaccompli, c’est-à-dire ce qui est porté en germe dans chacune de nos actions ; et ce qui est déjà accompli, c’est-à-dire ce qui a déjà porté ses fruits. Ça n’est jamais exclusivement « ou passé, ou futur » ; c’est toujours en devenir, en croissance, en ALLIANCE ! MAIS c’est à condition de ne jamais oublier ses racines ! Il ne faut pas confondre avec le « progrès » : le progrès rejette ses racines ; il les oublie ; il ne les écoute pas. Donc il construit sans fondation, de sorte que quand l’inondation paraît, tout s’effondre et il ne reste rien, puisque tout a été oublié. Le PROJET d’ALLIANCE de YHWH, lui, ne bâtit rien sans fonder la moindre élévation sur les fondations profondes et solides de la MÉMOIRE. Une mémoire qui n’est pas reléguée au musée, mais une mémoire VIVANTE, qui fait vivre, qui relève, qui nourrit, qui voit grand en même temps qu’elle se met au service des générations qui suivent.

Du coup, ce qui est déjà accompli n’est pas pour autant “passé” : ça reste PRÉSENT AUJOURD’HUI puisque la génération présente en vit. Et de la même manière, ce qui n’est pas encore accompli n’est pas “futur”, mais EN TRAIN de s’accomplir AUJOURD’HUI, en germe, ; un AUJOURD’HUI auquel se rendent donc contemporaines toutes les générations, présentes, antérieures comme postérieures. Voilà ce qui fait l’ALLIANCE. Voilà ce qui fait la beauté de cette génération du désert puisque c’est en s’appuyant sur sa MÉMOIRE, sur ses plus grands moments — elle a tout de même vaincu bien des ennemis, établi les bases du sanctuaire, d’une manière ou d’une autre ; posé avec Moïse et ‘AHaRoN les fondations d’Israël qui permettront non seulement d’entrer en KaNa“aN, mais d’y célébrer YHWH comme il se doit et devenir ainsi la Nation Consacrée qui deviendra la Lumière des Nations par le Christ Jésus. Ça n’est pas rien ! Alors oui, il y a eu des moments moins glorieux, et alors ? Faut-il les effacer pour autant ? Non ! Parce que même de ces moments difficiles, YHWH peut faire sortir un BIEN ; et la génération de la fin du désert en est le signe : si elle entre sur le sol promis, ce n’est pas qu’elle est plus vertueuse que ses pères, mais c’est parce qu’elle apprend d’eux comment ne pas tomber dans les mêmes ornières ; et elle sait, cette génération présente, qu’elle tombera elle-même dans des fondrières, et alors ? Elle aura mis en évidence que les routes oublieuses de YHWH mènent à des impasses, ce qui permettra aux générations suivantes de pouvoir explorer d’autres pistes, comme celle qu’ouvre le Deutéronome par exemple. Le tout étant habité d’une GRATITUDE essentielle qui fait l’ÂME DES PEUPLES, la VIE DES PEUPLES.

Voilà donc, entre autres, ce que signifie ce paradoxal « VOUS avez répondu et VOUS m’avez dit » du v. 41. Ça paraît peut-être compliqué, parce que c’est une autre manière de penser que la nôtre. Mais en fait, c’est très concret, et c’est très opérant ! Ça élève parce que ce genre de considération rassemble ; elle n’exclut pas ; elle ne rejette pas la faute d’une génération sur une autre ; en Israël, aucune génération n’oublie ce qu’elle doit à la précédente, aussi imparfaite qu’elle ait pu être ! On pourrait dire que cette pensée est INCLUSIVE ; elle RASSEMBLE toutes les générations dans la COMMUNION des JUSTES, dans la communion des SAINTS, ce qui est le signe qu’elle est INSPIRÉE. Elle ne dit pas que tout le monde est parfait ; elle solidarise les JUSTES avec les INJUSTES dans une réalité FRATERNELLE : « Un frère appuyé sur un autre frère est une forteresse ! » (Pr 18,19). Et ce faisant, elle prépare déjà l’accomplissement que Jésus scellera dans Passion et sa Résurrection.

Voyez, ce type de pensée est en fait le signe d’une véritable vie spirituelle ; c’est-à-dire de la vie DANS L’ESPRIT, puisque l’ESPRIT, dans la Bible, est celui par qui s’opère toute communion. D’une part — dans une vision chrétienne — parce qu’il procède justement d’une communion d’amour en YHWH Lui-même, entre le Père et le Fils ; d’autre part parce que c’est par l’Esprit que peut paraître une communion de DIEU avec les hommes qui va déborder sur une communion des hommes entre eux et que porte CHARNELLEMENT discours de Moïse. Ce que Jésus ACCOMPLIRA dans le commandement définitif de la charité, qui n’est pas « nouveau » au sens où il jaillirait de rien, mais qui est « nouveau » au sens où il RENOUVELLE l’ALLIANCE enracinée dans la TORâH. En Jésus, ce sont toutes les générations d’Israël, rassemblées dans la communion de l’ALLIANCE mosaïque qui accueillent dans le même élan de communion toutes les générations païennes qui reconnaissent en Jésus le MaShiaH., le MESSIE rédempteur de YHWH. Donc qui reconnaissent en Moïse leur maître dont toute la TORâH se résume dans le commandement du Christ ; et qui rallient par la FOI la descendance d’ ‘AVeRâHâM leur père.

Et c’est ce qui fait que, vous et moi, pour recevoir ce récit, nous devons à notre tour recevoir les paroles de Moïse POUR NOUS-MÊMES ! C’est à NOUS que parle Moïse au v. 41 ; nous, pécheurs, qui nous débattons en prenant constamment des chemins de traverse alors que Jésus nous a clairement dit, dans le droit fil de Moïse : « JE SUIS la Voie, la Vérité et la Vie. » (Jn 14,6). Si on entre dans cette PENSÉE DE COMMUNION, alors nous nous rendons contemporains de la génération qui porte ces événements fondateurs du peuple d’Israël, et grâce à eux, nous apprenons, sans orgueil, à revenir à YHWH, au Père céleste. Nous apprenons à porter dans nos entrailles les générations à venir en leur préparant le terrain  sur lequel elles pourront s’élever à leur tour ; au lieu de le gaspiller, de le gâcher par nos détritus de plastique qui s’amoncellent dans le fond des océans comme le signe de l’INGRATITUDE qui refuse de marcher selon les voies de YHWH, les voies de la BÉNÉDICTION et de la VIE.

Du coup, on comprend de l’intérieur des phrases surprenantes de Jésus comme : « ‘AVeRâHâM a vu mon jour et il s’en est réjoui ! » (Jn 8,56) ; ou Paul dans l’épître aux Hébreux : « C’est dans la foi, sans avoir connu la réalisation des promesses, qu’ils sont tous morts ; mais ils les avaient vues et saluées de loin, confessant qu’ils étaient des étrangers et des voyageurs sur la terre. » (Hb 11,13). C’est aussi le sens de la bénédiction que reçoit ‘AVeRâHâM : « Je fais de toi une grande nation, Je te bénis, Je rends grand ton nom. Sois une bénédiction. » (Gn 12,2) C’est un inaccompli, qui parle de nous cette promesse trouve son accomplissement par notre FOI en Christ : « Si vous êtes au Christ, vous êtes donc la semence d’‘AVeRâHâM, héritiers selon la promesse. » (Ga 3,29)

Ce mot d’HÉRITIER est celui-là même qui est en jeu dans le récit de Moïse ; et tout comme pour Israël, certes, nous sommes héritiers, mais encore faut-il que nous nous emparions de cet héritage, ce qui ne va jamais sans combattre — ce qui ne manque pas d’en effrayer plus d’un qui veulent bien de cet héritage, mais sous la forme d’une protection, rien de plus. Du coup, appuyés sur cette bénédiction, dans ce grand peuple qu’on appelle l’église, à nous de décider librement franchir le Jourdain ! Ce qu’au demeurant il nous est donné de vivre par le Baptême, mais là, c’est une autre histoire. Mais vous voyez comment une aspérité a priori anodine du texte est lourde de bien des conséquences qui nous touchent, vous et moi, AUJOURD’HUI !

Alors si on en revient au Deutéronome, le v. 39 prend évidemment une tout autre signification : quand YHWH promet que les enfants entreront pour hériter du sol de KaNa“aN, il ne rejette donc pas la génération précédente. Simplement, ce qui était promis à brève échéance s’avère retardé à cause de la mauvaise foi de cette génération ; et c’est à nouveau une réalité qui habite toute la foi d’Israël et de l’Église : quand on parle de « hâter la venue du Christ dans la gloire », il ne s’agit pas d’accélérer le mouvement mais à tout le moins de ne pas le reporter par la mauvaise foi, c’est-à-dire par une vie qui refuse d’avancer dans la foi, l’espérance et la charité. Et là, il faut relire un passage comme la seconde lettre de Pierre : « Bien-aimés — c’est comme ça qu’un maître nomme ses disciples les plus fidèles à l’époque du Christ —, il est une seule chose que vous ne devez pas oublier : un seul jour auprès du Seigneur est comme mille ans, et mille ans sont comme un seul jour. Le Seigneur ne retarde pas sa promesse — comme certains présument un retard — mais Il patiente envers vous ? Car Il n’a pas pour dessein de perdre qui que ce soit, mais Il veut que tous parviennent à une conversion. Cependant le jour du Seigneur surgira comme un voleur. Alors les cieux passeront impétueusement, les éléments embrasés seront dissous, la terre et les œuvres qu’elle contient se trouvera dissous. Ainsi, tout cela étant dissous, avérez-vous saints dans votre conduite et fervents, vous qui attendez et qui hâtez l’avènement du Jour de Dieu… Car ce que nous attendons, selon la promesse, c’est un ciel nouveau et une terre nouvelle où réside la justice. » (2P 3,8-13) Comme me disait souvent mon défunt père spirituel, le père Paul Chapelle à qui je rends hommage, « seuls les impatients savent réellement ce qu’est la patience. » Dès lors, hâter le Jour de YHWH ne consiste pas à vouloir accélérer les affaires qui vont normalement au rythme impatient de Dieu, mais à ne pas les retarder en obligeant Dieu à regorger de patience à cause de notre mauvaise foi !

Alors fort de tout ça, terminons notre chapitre. Le récit se poursuit à partir du v. 40 par le rappel de la fin du ch. 14 du livre des Nombres — sans mention de l’arche cependant —. Ce qu’il faut entendre dans les propos de Moïse, à travers ce mouvement de troupes incapables d’écouter YHWH, c’est toute la tradition prophétique qui est derrière. Combien de rois, rapporte l’histoire biblique, n’ont-ils pas agi autrement, n’écoutant ni Isaïe, ni Jérémie dans des circonstances militairement déterminantes, et ont mené leur peuple à la ruine ? Et pourtant, nous dit le Deutéronome, la MÉMOIRE aurait dû être un lieu de discernement puisque tous les principes de FOI et leurs conséquences ont déjà été éprouvés et rapportés par la TORâH.

Du coup, évidemment, comme n’importe quel gamin qui subit le contrecoup de sa propre bêtise, Israël revient en pleurant devant YHWH, et là, c’est encore un autre principe simple qui nous est énoncé au v. 43 : celui qui n’écoute pas YHWH et lui oppose la mauvaise foi, YHWH à son tour ne l’écoute pas. Autrement dit pour l’auteur du Deutéronome, le silence de Dieu signifie à Israël sa mauvaise foi, et ce faisant, l’appelle à se convertir.

Alors qu’est-ce que ça veut dire tout ça ? En fait, vous vous souvenez, la première rédaction du Deutéronome remonte à l’époque Assyrienne ; une époque où on ne peut pas ne pas se poser la question : « Si les Assyriens ont fait de l’Israël du Nord son vassal, que fait YHWH ? » Et la réponse des prophètes revient sans appel, qui avait par ailleurs largement devancé l’invasion assyrienne avec Osée et Amos : « Vous n’écoutez pas YHWH, donc vous prenez des décisions complètement inconsidérées qui mènent le peuple à sa perte, et vous venez pleurer dans ses jupons ? Mais YHWH n’est pour rien dans ce désastre ! Maintenant que vous allez être déportés, inutile d’invoquer YHWH puisque de toute manière, vous ne L’écouterez pas. Il n’est pas silencieux : c’est à vous de déboucher les oreilles de votre cœur ! »

Et à la question : « En quoi avons-nous été infidèles ? », l’auteur du Deutéronome répond : cette infidélité est là depuis la naissance de notre peuple — dès le désert avec Moïse —, ce qui montre bien, en négatif, à quel point YHWH est patient, mais surtout à quel point il est FIDÈLE ! La mémoire rapportée dans la TORâH se souvient d’une ALLIANCE scellée avec les pères ; elle se souvient de graves soubresauts à l’intérieur même de cette Alliance, malgré quoi YHWH, loyal à la bénédiction offerte à ‘AVeRâHâM, YiTseRâQ et Ya”aQoV, ne l’a pourtant pas brisée. Pourquoi ? Parce que, comme dit saint Paul : « Si nous sommes sans foi, [Dieu] demeure fidèle ! » (2Tim 2,13) Là, on a un bel exemple du principe selon lequel le Nouveau Testament n’existe que greffé sur l’Ancien. Quand Paul écrit, ce n’est jamais de son seul fait, mais inspiré par sa connaissance de la TORâH.

Voilà en tout cas la raison théologique du séjour prolongé dans le désert, et comme par hasard, le v. 46 répond aux tout premiers versets du chapitre pour faire une inclusion. Et que nous apprend cette inclusion, pour faire bref ? Eh bien si on considère que les v. 21-25 en composent le centre, ce qui est en cause n’est nullement le sol de KaNa“aN, qui reste ce bon sol que YHWH donne à son peuple en héritage. Dans un premier temps, le peuple adhère au projet ; sauf que devant les difficultés, il refuse de mettre sa foi en YHWH qui ne répond pas à ce qu’on attendrait d’une idole protectrice. C’est donc l’épreuve de la FOI, de la PURIFICATION DE LA FOI, qui est ici mise en exergue : face à la bonté objective du don de YHWH, c’est par la FOI que le peuple est appelé à se déterminer pour avoir la vie en écoutant YHWH, le VRAI DIEU, le DIEU de la VIE. Manque de pot : au moment de choisir concrètement, la génération du désert décide de croquer le fruit de la mauvaise foi et se retrouve prisonnier du désert, exilé avant même d’être entré sur le sol promis !!!

Comment dès lors Moïse va-t-il poursuivre son récit ? C’est ce que nous verrons la prochaine fois. Je vous souhaite une bonne lecture de ce chapitre décidément fort riche.

Je vous remercie.
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