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13-01-2015

Thème 1 - Petit résumé d'histoire de l'Égypte Antique (1/2)

par : Père Alain Dumont
Pour comprendre l'histoire de Joseph, quelques éléments de l'histoire de l'Égypte Antique.
1. Le Nil;
2. Les grandes étapes de l'histoire;
3. Les hiéroglyphes.
Duration:17 minutes 13 secondes
Document 1 : Carte d'Égypte pour repérer les principaux sites de l'Antiquité

 Carte Égypte La Bible en Tutoriels

Document 2 : Chronologie simplifée de l'histoire de l'Égypte antique jusqu'à Ramsès II

Chronologie egypte antique (1)

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Transcription du texte de la vidéo :

(Voir la vidéo : http://www.bible-tutoriel.com/petit-resume-d-histoire-de-l-egypte-antique-partie-1.html )

Tous droits réservés.

Pour une citation, mentionner : © Père Alain Dumont, La Bible en Tutorielhttp://www.bible-tutoriel.com/  + titre de l'article

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Bonjour,

À force de nous référer à l’Égypte pour tenter de comprendre qui est Joseph et quelle est son rôle capital dans le passage charnière du clan des Patriarches au Peuple des Fils d’Israël proprement dit, je me suis dit qu’il serait peut-être bon de faire le point sur nos connaissances de l’Égypte ancienne. Normalement, nous avons tous étudié cette période lorsque nous étions en 6e, du moins pour les français, mais c’est sans doute un peu loin. Et puis est-ce qu’on retient les choses quand on a cet âge-là, ça, c’est une véritable question.

Alors bien sûr, nous n’allons pas traiter de toute l’histoire de l’Égypte antique en deux fois 15 minutes ! Il est

évident que nous allons faire des raccourcis invraisemblables, mais pour ceux qui voudraient s’y replonger un peu plus, je vous conseille un petit livre de Florence Maruéjol paru dans la collection : “Pour les Nuls Junior”, L’Égypte ancienne pour les Nuls. C’est très bien fait, à la fois très clair et plein d’humour et sérieux. C’est à mon avis le meilleur ouvrage d’initiation. Vous pouvez aussi lire La Mythologie Égyptienne, de Nadine Guilhou et Janice Peyré, très intéressant aussi, plus sérieux parce que les auteurs nous plongent carrément à même les récits mythologiques. Cette fois, c’est un petit pavé, sans trop d’illustrations… Il faut aimer lire.

Mais bon, ici, nous nous contenterons de rappeler les bases.

Dans cette première vidéo, nous parlerons de trois choses : l’importance du Nil, les grandes étapes de l’histoire et puis nous dirons quelques mots sur les hiéroglyphes. Dans la seconde vidéo, nous parlerons des divinité et de la religion égyptiennes.



1er point : D’abord, l’Égypte, c’est le Nil.

Le Nil : un immense fleuve de 6700 km de long qui a deux sources principales. D’une part dans les grands Lacs du Rift africain  d’où sort le Nil Blanc ; et d’autre part les haut-plateaux éthiopiens d’où sort le Nil Bleu et le fleuve Atbara dont les crues estivales sont à l’origine des inondations qui viennent fertiliser les rives de la vallée du Nil. Le Nil Blanc et le Nil Bleu se rejoignent à Khartoum pour former le Nil proprement dit qui va se jeter dans la mer Méditerranée en formant un immense Delta luxuriant. À condition que vous ne construisiez pas un barrage à Assouan qui, depuis 1970, provoque la mort lente du fleuve et de ses berges. Mais restons dans l’Antiquité.

D’aussi loin qu’on puisse le déceler, les premières populations se sont rassemblées autour de cette bande de terre il y a 6000 ans, sans doute à cause de l’avancée du désert. C’est à cette époque que paraissent les premières traces d’agriculture et d’élevage autour du Nil qui marquent les débuts d’une civilisation : on abandonne la culture tribale nomade au profit de la sédentarisation. On a le même phénomène en Mésopotamie quelques 500 ans auparavant.

Dans ces communautés agricoles se développent, vers 3500, des chefferies de plus en plus grandes, qui vont devenir de petits royaumes, et peu à peu s’organise deux grands foyers de civilisation : la HAUTE-EGYPTE dans le Sud autour de la ville de Nekhen ; et la BASSE-EGYPTE au Nord autour de la ville de Bouto dans le Delta.

Au Nord (Basse-Égypte), la ville de BOUTO, déjà symbolisée par la couronne rouge, se plaça sous la protection de la Déesse cobra OUADJET.
– Au Sud (Haute-Égypte), la ville de NEKHEN, symbolisée par la couronne blanche, était protégée par la Déesse vautour NEKHBET. 

Donc vous voyez, dès cette période, qu’on appelle la “protohistoire” de l’Égypte, une mythologie est en place que l’avènement des Pharaons ne va pas effacer.

Vers 3400, le roi de NEKHEN part à la conquête progressive de l’ensemble de l’Égypte et on assiste à l’unification culturelle du pays. Reste à unifier le territoire économiquement : ce sera le rôle, vers 3150, du roi NARMER, originaire de Haute-Egypte, qui est considéré comme le véritable unificateur du pays. Il est le roi des deux terres, et dont il porte les deux couronnes. C’est avec ce roi que commence véritablement l’histoire de la civilisation égyptienne.

Un petit mot sur les couronnes d’Égypte : Vous voyez, sur cette palette qui représente le roi NARMER, qu’il porte la couronne du Sud, le HEDJET blanc, et celle du Nord, le DECHERET rouge. Les pharaons, lorsqu’ils régneront sur les deux terres, combineront toujours ces deux couronnes.

L’autre coiffure que vous connaissez, dès cette époque éloignée, est le NÉMÈS, c’est-à-dire le foulard blanc rayé de rouge avec un pan qui retombe de chaque côté du visage et se termine par une tresse nouée sur le dos.

C’est à partir de là que vont se succéder les dynasties, avec leur apogée et leur décadence.

– Avec NARMER naîssent la Ière puis la IIe dynasties, entre 3150 et 2700 avt J.-C. C’est la période l’époque THINITE, c’est-à-dire que les rois gouvernent depuis la ville de THINIS, près d’ABYDOS, en Haute-Égypte. On ne sait pas grand chose de cette période.

Puis naît le premier Empire, qu’on appelle l’ANCIEN EMPIRE, entre 2700 et 2200 avt J.-C. Cette période va de la IIIe à la VIe dynastie, et les figures de proue sont DJOSER, à la IIIe dynastie, et KHÉOPS, à la IVe dynastie.

Suit alors ce qu’on appelle une première « période intermédiaire », qui de la VIIe à la Xe dynastie. On qualifie d’«  intermédiaires » les trois périodes de l’histoire égyptienne comprises entre des époques impériales. Elles sont caractérisées par un émiettement du pouvoir central, des dynasties régnant en parallèle, des troubles, des famines ou encore des dominations étrangères.

Au cours de la XIe dynastie paraît le MOYEN EMPIRE, suivie de la XIIe dynastie XIIe dynasties qui débouchera vers 1780 sur la deuxième période intermédiaire qui va de la XIIIe à la XVIIe dynastie. Les HYKSOS règneront pendant cette période, jusqu’à ce qu’ils soient totalement chassés par AHMÔSIS Ier avec qui paraît le NOUVEL EMPIRE. C’est là que surgissent les grands noms comme TOUTHMOSIS III, AMÉNHOTEP II et AMÉNHOTEP III pendant la prestigieuse XVIIIe dynastie ; on peut aussi retenir les noms de SÉTHI Ier et RAMSÈS II pendant la XIXe dynastie. Et puis, pendant la XXe dynastie, un pharaon qui sera important pour nous : RAMSÈS III.

Avec la XXIe dynastie, l’Égypte connaît sa troisième Période Intermédiaire, jusqu’à la XXVe dynastie, suivie d’une lente mais inexorable période de décadence, avec la BASSE ÉPOQUE, de la XXVIe à la XXXIe dynastie, période qui connaîtra deux dominations perses avant que ne déferle Alexandre où commencera la période grecque à partir de 332 avt. J.-C. À partir de là, la langue véhiculaire devient le grec ; la langue copte est délaissée et avec elle les hiéroglyphes. Et quand Théodose décide la fermeture des dernières écoles de scribes en 391 après J.-C., quasiment toute l’Égypte est déjà chrétienne.

Voilà pour les grandes périodes de l’histoire de l’Égypte. Maintenant, disons quelques mots sur les fameux hiéroglyphes.

Les plus anciens connus à ce jour sont ceux découverts à ABYDOS, à environ 70 km au Nord-Ouest de Thèbes. Ces inscriptions remontent environ à 3250 ans avant J.-C., c’est-à-dire avant l’apparition de la première grande dynastie. C’est une époque tout à fait importante, puisque c’est vers 3300 que naît l’écriture à SUMER, en Mésopotamie avec cependant un système très différent : des caractères cunéiformes.

Il semble que les hiéroglyphes aient eu d’abord une valeur esthétique et sacrée : les plus anciens sont des formules d'offrandes et des fresques funéraires, des textes religieux, des inscriptions officielles. Les premières inscriptions sont courtes : elles désignent un souverain, une bataille, une quantité…

C’est aux environs de 2700 av. J.-C., sous le règne du Pharaon DJOSER que commencent à s'élaborer des phrases construites. On peut imaginer que cette évolution se fait sous l’égide du grand scribe IMHOTEP, pendant une période marquée par le développement des pratiques religieuses et des rites funéraires, Elles sont gravés dans l’argile ou dans la pierre, qui est signe d’éternité. De cette manière, graver les hiéroglyphes, ce n’est rien de moins que de fixer le “réel” dans l’éternité. Et c’est la raison pour laquelle on en retrouvera surtout dans les pyramides et dans les temples. Ils avaient un caractère sacré, et l’on croyait que tout ce qui était écrit pouvait reprendre vie. C’est la raison pour laquelle, bien plus tard, au cours de la XVIIIe dynastie, lorsque AKHÉNATÔN lance sa réforme religieuse avec le dieu ATHÔN, au cours de la XVIIIe dynastie, il fait marteler toutes les inscriptions du dieu AMÔN : pour que celui-ci ne resurgisse pas !

Avec le temps, on en viendra plus simplement à les peindre. Ceci dit, on parle souvent des hiéroglyphes comme de chefs d’œuvres dont on va encombrer les collections de musées, mais tout n’est pas parfait ! Je vous lis le commentaire de Florence Majuréol à ce propos : c’est assez drôle, à propos de la salle du sarcophage de THOUTMOSIS III, dans la Valée des rois :

« Sur un pilier, un peintre copie une inscription. Et blablabla, et blablabla. La peinture commence à manquer au bout du pinceau. L’artiste le plonge dans son pot et reprend sa ligne d’écriture. La tête ailleurs, il se trompe et il écrit une deuxième fois le même groupe de hiéroglyphes. Vous pensez qu’il va prendre un chiffon et effacer son erreur ? Eh bien non. Il barre d’une croix les hiéroglyphes en trop. Ni vu, ni connu. Il continue son travail. À la décharge des artistes, il faut signaler qu’il règne une chaleur étouffante dans cette près. De quoi ramollir la volonté des artistes les plus sérieux et décourager le chef d’équipe de surveiller de près ses collaborateurs… »

Bref. Comme toute langue vivante, les hiéroglyphes ont évolués et ont acquis différentes formes avec le temps. Ils ont d’abord valeur d’idéogrammes : ils représentent un personnage, ou une idée. Et puis il y a des mots qui sont difficilement représentable. Alors on va jouer avec les idéogrammes vont imaginer le rébus : par exemple, pour dire « été », « shemou » en égyptien, on va prendre l’idéogramme she, qui veut dire bassin ; et l’idéogramme mou qui veut dire eau. Mais de la même manière que pour écrire « chapeau » en rébus, vous dessinez un chat et un pot, vous oubliez ce qu’est le chat et le pot et vous lisez : « chapeau ». C’est la même chose avec les hiéroglyphes ! On oublie que she désigne le bassin et que mou désigne l’eau, et on lit phonétiquement : shemou, « été ». Voilà. Dit comme ça, c’est tout simple, mais il a fallu du temps pour comprendre. Merci Champollion !

Certains hiéroglyphes n’ont qu’une valeur déterminative : ce sont des signes « muets », en quelque sorte, qui indiquent le champ lexical auquel appartient le mot.

D’autres enfin, plus tardivement, vont acquérir une pure fonction phonétique : à un signe correspond un son formé d'une consonnes — les hiéroglyphes sont une écriture consonantique, c’est-à-dire sans voyelle —. On parle alors de l’ « alphabet hiéroglyphique ». Ils peuvent aussi signifier plusieurs consonnes, en particulier à partir de la XVIIIe dynastie, donc sous l’égide probable de AMÉNOPHIS, fils de HAPOU.


Avec ces signes, on forme donc des mots qui composent des phrases. Mais là surgit encore une subtilité inattendue pour nous : ces phrases peuvent s'écrire de haut en bas, de droite à gauche ou de gauche à droite. Alors pour connaître le sens de la lecture, on regarde les signes qui représentent un personnage ou un animal : s’ils regardent à gauche, c’est qu’il faut lire à partir de la gauche ; ou inversement, s’il regardent à droite, c’est qu’il faut lire à partir de la droite. Sauf que parfois, on oublie de le faire et on n’y comprend plus rien… C’est ainsi, par exemple, qu’on peut écrire de gauche à droite ou de droite à gauche le nom du scribe AMENOPHIS, Fils de HAPOU, mais si on ne lit pas dans le bon sens, cela donne ÇAPHENAT PANEHAKH.

Voilà pour ces quelques éléments, qui ne sont pas seulement anécdotiques. C’est là dessus que s’est forgée une immense culture dont la Bible est profondément tributaire.

Il nous reste à voir rapidement la question des dieux et de la religion trimillénaire de l’Égypte. Mais nous consacrerons à ce sujet une seconde vidéo, tant le domaine est immense.

Je vous remercie.

Pour comprendre l'histoire de Joseph, quelques éléments de l'histoire de l'Égypte Antique.
1. Le Nil;
2. Les grandes étapes de l'histoire;
3. Les hiéroglyphes.