10-01-2023

[Dt] Quand YHWH passe...

Deuteronomy 12:1-28:69 par : Père Alain Dumont
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Au viiie siècle avant J.-C., les Royaumes de YiSseRâ’éL et de YeHOuDâH vivent des événements dévastateurs. La fureur des Assyriens démantèle totalement le Royaume de YiSseRâ’éL dans un premier temps ; et détruit dans un second temps la plus grande partie des villes du Royaume de YeHOuDâH.
Pourtant, YeROuShâLaYiM résiste miraculeusement.   

Transcription du texte de la vidéo : 
Tous droits réservés.
Citation : mentionner : © Père Alain Dumont, La Bible en Tutoriel, http://www.bible-tutoriel.com/ + titre de l'article
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Bonjour,

Nous poursuivons notre introduction à la lecture des ch. 12 à 26 du Deutéronome. Dans la première vidéo, on a pris le temps, d’une part de bien faire la différence entre le Royaume de YiSseRâ’éL et ce que le Deutéronome nomme [Tout YiSseRâ’éL] ; et d’autre part de prendre connaissance des premiers éléments qui ont permis au peuple Juif d’émerger en tant que tel à partir du viiie siècle avant J.-C. On a évoqué le fait que ce regroupement autour de YeROuShâLaYiM de la population du Nord et du Sud était la conséquence directe de l’invasion assyrienne ; et aujourd’hui, je vous propose donc de découvrir à grands traits l’histoire de ces Assyriens, de leurs conquêtes, et on essaiera de voir au fil des vidéos de cette introduction comment, de manière assez inattendue, ils se sont révélés être l’instrument de YHWH pour que naisse la TORâH !

IV. LES ASSYRIENS

Alors pour situer les Assyriens, on va d’abord prendre quelques dates significatives de leur histoire :
• au xixe siècle avant J.-C., la Cité État de ASsûR se développe et se déploie à l’Ouest jusqu’en Cappadoce par le biais de ses comptoirs commerciaux. ASsûR pratique l’exportation d’étoffes précieuses et surtout de l’étain — nécessaire à la métallurgie du bronze qui était essentiel à l’époque et dont il tire des revenus substantiels.  
• Vers 1875, à partir du roi, Sargon Ier, l’expansion devient militaire, de sorte que le royaume de ASsûR s’étend peu à peu, dès le xviiie siècle, depuis la frontière du YamKhad dont la capitale était Alèp, à l’Ouest, jusqu’à celle du royaume de Babylone à l’Est.

Vers 1755, le royaume de ASsûR ne résiste pas à la controffensive du roi de Babylone. Le grand Hammourabi, de la dynastie Amorrite, conquiert toute la Mésopotamie et l’unifie en imposant une jurisprudence centralisée dont il se fait le gardien au nom de Shamash, le dieu-soleil akkadien qui est à l’époque le dieu de Babylone. Un des plus grands trésors de l’archéologie est la fameuse Stèle de Hammourabi, un code de lois en forme de formulaire d’Alliance — maintenant vous savez ce que ça représente —, gravé sur une pierre moulée en basalte de plus de deux mètres de haut, exposée au Louvre.

• La Babylonie régnera en maître jusqu’en 1595 ou elle laissera la place aux Hittites dont les assauts détruiront sauvagement les villes du pays, le ramenant à un état exclusivement rural. C’est la fin de la période Amorrite en Babylonie. Les Hittites seront à leur tour chassés par les Kassites dont le règne durera presque cinq siècles. Ces Kassites reconstruiront lentement le pays et imposeront l’akkadien comme langue véhiculaire sur toute la Mésopotamie. Leur prestige ne cessera de grandir et atteindra son apogée à partir de 1480.

Pour ceux que ça intéresse, je vous mets sur le site quelques vidéos de la chaîne herodote.vidéo qui offre un résumé de la naissance et de la croissance de l’Assyrie et de la Babylonie dans la Haute Antiquité. Ça dure moins de 7 minutes à chaque fois et c’est vraiment très bien fait.

• C’est à partir de 1366 que naît proprement l’Assyrie. Elle commencera vingt-cinq ans plus tard à s’imposer, de sorte que la Babylonie redevient son vassal .
• S’ensuivent des conflits incessants entre les deux régions, jusqu’en 1295 où Adad-Nirari Ier donne une nouvelle impulsion à l’Assyrie : il part en guerre sur tous les fronts, annexe tous les États vassaux et forme un empire qui va du Mitanni jusqu’à la frontière babylonienne qu’il ne parviendra pas vraiment à conquérir, mais sur laquelle il imposera une pression féroce, jusqu’à procéder à une déportation massive des Babyloniens en 1217.

Pendant les siècles suivant, l’Assyrie s’affaiblit suite à des rivalités internes, mais elle se ressaisit avec Teglath-Phalazar Ier au xie siècle avant que les assauts portés cette fois par les Araméens de SYRIE fassent de nouveau se déliter l’empire.
À partir de 1076, les Syriens vont ravager toute la Mésopotamie qui tombe dans le chaos : plus de ville, plus d’État… une désorganisation complète ! Ils s’installent durablement au fil du Tigre et de l’Euphrate, ce qui aura pour conséquence de faire disparaître l’akkadien, remplacé par la langue araméenne sur tout le territoire de la Mésopotamie.

Pendant plus d’un siècle, l’Assyrie n’est plus que l’ombre d’elle-même, jusqu’à ce que, vers l’an 900, une série de rois fous furieux reprennent les armes dans le but avéré de terroriser les populations pour les rançonner. ‘AH.e‘âV, roi de YiSseRâ’éL à cette époque, entre en coalition avec Damas et MiTseRaYîM contre Assourbanipal II. Ils vont tant bien que mal réussir à le contenir jusqu’en 841 où Salmanasar III reprend l’expansion de plus belle et ravage tout le Levant. À sa mort, en 824, l’empire renoue avec les révoltes intérieures qui entraînent la perte d’une grande partie de sa zone d’influence, en l’occurrence sur le territoire de KaNa“aN.

En 745, suite à un coup d’État, Téglath-Phalasar III restaure méthodiquement la puissance assyrienne. La conquête reprend, sauf que Téglath-Phalasar III ne se contente plus de vassaliser les pays vaincus. Il renoue avec la tradition d’annexion et de déplacement des populations que pratiquait Adad-Nirari Ier, cinq siècles auparavant. Il fait feu de tout bois et dans toutes les directions. Avec lui naît ce qu’on appelle la “guerre totale”, c’est-à-dire une guerre qui mobilise toutes les ressources de l’État et s’acharne à démanteler les pays conquis ; d’une part par la destruction de leurs structures civiles, religieuses et militaires ; d’autre part par la mise en place d’une gestion administrative centralisée et d’une propagande intense. Concrètement, les Assyriens développent à cette époque une armée sur-organisée avec infanterie, cavalerie, chars de guerre, machines de siège, etc. Ils passent maîtres dans l’art de l’attaque surprise : plus question de définir au préalable des champs de bataille comme c’était la coutume jusqu’alors entre deux nations belligérantes. Et surtout, ils sèment la terreur, rasent les sanctuaires locaux — rien de tel pour déstabiliser un peuple à cette époque — et exercent une répression cinglante pour s’assurer une domination dont la cruauté n’a d’égal que leur hargne. Leur réputation les précède partout, qu’ils utilisent comme propagande pour effrayer à l’avance les peuples qu’ils s’apprêtent à conquérir. Inutile de vous dire que quand ils pointent leur nez, les populations sont en panique !

• Une vingtaine d’années plus tard, en 727, Salmanazar V, fils de Téglath-Phalasar III, entame la campagne contre ShoMeRON / Samarie. Il annexe le Royaume de YiSseRâ’éL, mais pas celui de YeHOuDâH qui, encore insignifiant à l’époque, ne l’intéresse pas. YeHOuDâH devra néanmoins payer le tribut d’un État vassal, grâce à quoi, tant qu’il s’y tiendra, l’Assyrie le laissera relativement en paix — si on met de côté la pression culturelle et idéologique d’une puissance incroyable qu’elle exerce sur toute sa zone d’influence.

Mais ça n’est pas fini :
• en 722, le fils de Salmanazar V, Sargon II, s’empare de la capitale de ShoMeRON et là, c’est la déflagration : le pays cesse littéralement d’exister. Tous les sanctuaires sont abattus, en particulier ceux de YHWH, et le Royaume de YiSseRâ’éL devient une simple province assyrienne :
• s’ensuit la déportation en Mésopotamie d’au moins 20 % de la population, ce qui n’est pas rien : les clans du pays, essentiellement agricoles, sont démantelés — rappelons-nous : ce sont ces fameux clans que la TORâH appellera par la suite les [Rameaux] ou les [Tribus de YiSseRâ’éL] —. Rien que pour ShoMeRON, la capitale, 30 000 personnes sont déportées jusqu’en Haute Mésopotamie.
• Cependant, dans le même temps, tout une partie de la population — et non des moindres — s’enfuit, elle, pour émigrer dans le Sud, chez les cousins du Royaume de YeHOuDâH où l’on assiste à une formidable explosion démographique : « En quelques décennies — sûrement dans l’intervalle d’une génération —, Jérusalem passa de l’état de modeste ville des collines d’environ 4 ou 5 hectares à celui d’une très grande zone urbaine de 700 hectares de maisons agglutinées, d’ateliers et de bâtiments publics. En termes démographiques, la population de la ville put s’être multipliée par quinze, passant de mille à quinze mille habitants. » (Israël Finkelstein et Neil Asher Silberman, La Bible dévoilée, tr. Fr. Bayard (2002), p. 304).

C’est là où les choses commencent à se mettre en place :
• vingt ans plus tard, en 701, le fils de Sargon II, Sennachérib arrive avec ses troupes pour régler son compte au Royaume de YeHOuDâH, et là… YHWH va montrer — à condition évidemment qu’on veuille bien L’écouter — qu’Il est bel et bien aux commandes !

V. SENNACHÉRIB ET LE SIÈGE DE JÉRUSALEM

En 701, Sennachérib, nouvellement empereur de l’Assyrie, doit faire face à deux révoltes majeures : l’une à l’Est, en Babylonie, l'autre à l’Ouest, au Levant, c’est-à-dire en Phénicie et en KaNa“aN. Il décide de partir en campagne contre les coalisés de l’Ouest à laquelle s’est associé H. iZeQiYYâHOu / Ézéchias, le roi de YeHOuDâH à cette époque. Une fois sur place, Sennachérib rase à la mode assyrienne la plupart des villes fortifiées de YeHOuDâH — 46 selon ses annales —, en particulier la deuxième place forte du Royaume, la cité de LâKhîSh où on a retrouvé entre autres une immense fosse où étaient entassés pas moins de 1 500 crânes fracassés : les assauts étaient donc dignes de la réputation furieuse des Assyriens ! Évidemment, tous les sanctuaires associés à ces cités sont décimés.

Fort de son succès, Sennachérib masse alors ses troupes devant YeROuShâLaYiM et lui impose un siège. Sa détermination est telle que H.iZeQiYYâHOu, contre l’avis du prophète YeSha“eYâHOu / Isaïe, décide de se soumettre :
« H.iZeQiYYâHOu, roi de YeHOuDâH, envoya dire au roi d'Assyrie, à LâKhîSh : “J'ai fauté ! Détourne-toi de moi. Ce que tu m'imposeras, je l’apporterai.” Le roi d'Assyrie imposa à H.iZeQiYYâHOu, roi de YeHOuDâH, trois cents talents d'argent et trente talents d'or. H.iZeQiYYâHOu donna tout l’argent qui se trouve dans la Maison de YHWH et dans les trésors de la Maison du Roi. » (2R 18,14-15).

Dans ses annales — dont on a retrouvé l’enregistrement sur trois prismes d’argile hexagonaux de 38 cm de haut —, Sennachérib parle, lui, de 30 talents d’or, de 800 talents d’argent, et y ajoute les filles de H.iZeQiYYâHOu, les femmes de son harem, les chanteurs et les chanteuses du Temple… Le prix à payer est donc exorbitant ! Si on se base sur un talent avoisinant plus ou moins 50 kg, ça nous fait 1 tonne et demie d’or et 40 tonnes d’argent ! Autant dire que la vie du Palais, et avec elle toute la liturgie du Temple, est ruinée.

Or là, une question se pose : est-ce que ce tribut a été versé ? Eh bien ce n’est pas sûr. Le 2cd livre des Rois rapporte en effet un curieux ÉVÉNEMENT, au ch. 19 : un mystérieux fléau s’abat sur les troupes de Sennachérib qui va le contraindre à battre en retraite :
« Et il arriva que dans cette nuit sortit un messager de YHWH qui frappa 185 000 hommes dans le camp des Assyriens. Et voici : quand ils se levèrent, tôt le matin, tous étaient des cadavres, des morts ! SaNeH.éRîV, roi de ‘AShOuR, partit : il alla, s’en retournant, habiter Ninive. » (2R 19,35-36).

YeROuShâLaYiM est donc sauvée ! Et là, il y a pas mal d’indices qui montrent que quelque chose comme ça s’est factuellement passé. Le plus parlant d’entre eux est la fresque de la campagne du Levant que Sennachérib fait dessiner sur les murs de son palais de Ninive : il raconte en long et en large sa victoire sur LâKhîSh, mais RIEN sur YeROuShâLaYiM ! Ce qui ne peut vouloir dire qu’une seule chose : il n’a pas su prendre la capitale ! Certes, comme il l’écrit dans ses annales, il a enfermé le roi dans sa capitale comme un oiseau dans sa cage, mais c’est l’aveu en négatif qui manifeste qu’il n’a précisément pas été en mesure de s’emparer de la ville, sans quoi il s’en serait évidemment bien plus vanté que d’avoir pris LâKhîSh ! D’autre part, on peut être sûr que, rançon ou non, le fameux “Temple de SheLoMoH” aurait subi exactement le même sort que tous les autres sanctuaires du territoire. Et en tout état de cause, si la fin du ch. 19 du 2cd Livre des Rois se croit autorisé à préciser que Sennachérib mourra assassiné par ses propres fils, c’est certes 20 ans plus tard, mais le scribe suggère fortement que cet échec du siège de YeROuShâLaYiM a durablement déstabilisé le leadership de Sennachérib. En tout cas, l’oracle d’Isaïe qui est prononcé contre lui en est convaincu.

En attendant, le Temple de YeROuShâLaYiM est resté debout et c’est évidemment le point qui nous intéresse au premier chef ! Ce sanctuaire est désormais le SEUL du Royaume de YeHOuDâH — et donc de TOUT YiSseRâ’éL — à dresser encore ses colonnes et à faire fumer ses sacrifices. Or c’est là, précisément, que TOUT va se jouer pour la suite, et on va y revenir souvent dans les vidéos qui suivent ! On est ici au cœur du cœur du profond bouleversement qui va toucher le peuple Juif et qui perdure jusqu’à aujourd’hui.

On va en effet se poser la question : Pourquoi YHWH a-t-Il permis une telle violence qui a conduit, en définitive, à la destruction de tous les sanctuaires des Royaumes de YiSseRâ’éL et de YeHOuDâH, SAUF celui de YeROuShâLaYiM ? Ce sanctuaire aurait-il une aura que n’avaient pas les autres ? Mais de quelle nature ?

Par ailleurs, quel est le mode d’intervention de YHWH dans l’histoire ? Il est intervenu ici de nuit, sans fanfare ni trompette, sans feu, sans séisme… bref sans rien qui appartienne à la panoplie habituelle des idoles telles que les hommes les fantasment… Qu’est-ce que ça veut dire ? Et comment cet événement, dans son modus operandi, rejaillit-il sur l’interprétation de l’histoire de TOUT YiSseRâ’éL ?

Alors on verra plus en profondeur les conséquences de cet événement dans les prochaines vidéos, mais en attendant, ce moment est si bouleversant, si PARLANT que les scribes du Temple de YeROuShâLaYiM vont s’en emparer, en lien sans doute avec ceux de la cour royale, si tant est qu’on puisse faire une telle distinction.

Et là, on assiste à un véritable SOUFFLE d’inspiration :
• D’abord, YHWH a agit dans un TRAIT de puissance par lequel, sans coup férir, Il a rabattu sur le violent sa propre violence : Sennachérib voulait tout massacrer, et voilà que la mort qu’il avait programmée est retombée sur Lui et ses troupes.
• Puis RETRAIT de YHWH, comme pour dire à ceux qui voulaient bien entendre : « Allez ! À vous d’interpréter ce qui s’est passé, pour que ça passe, pour que quelque chose passe en vous, parle en vous, et que vous découvriez ce que vous n’imaginiez pas jusqu’alors… 

Et voilà que les scribes voient naître en eux un désir de scruter ce mystère du passage de YHWH, de son TRAIT agissant dans la nuit ; et voilà qu’ils en parlent entre eux, chacun avec sa culture, la mémoire des clans qu’il a gardée, lui et ses pères, des générations durant… Et voilà que ces scribes revisitent ces différentes mémoires à la lumière de l’ÉVÉNEMENT du Salut de YeROuShâLaYiM ; jusqu’à découvrir cette racine commune qui les unit : YHWH est intervenu de la même manière dans chacune de ces histoires ! On peut donc les tisser entre elles ! Et les scribes vont ainsi, peu à peu — il faudra quelques siècles — se mettre au travail pour permettre au peuple Juif, au nom de TOUT YiSseRâ’éL désormais, de relever la tête — non sans difficulté c’est vrai, mais précisément : ces scribes à l’écoute de l’Esprit de YHWH vont lui permettre de vaillamment traverser l’épreuve et de découvrir concrètement, charnellement, ce que signifie « être le peuple BÉNI de YHWH ».

Ceci dit, avant d’aller plus loin, il va falloir nous arrêter sur une catégorie de personnages qui vont prendre à partir de ce moment une ampleur inattendue. Ils sont assez mal connus mais on ne peut pourtant pas se contenter de les considérer vaguement de loin : je veux parler des Fils de LéWî, qui sont en fait les fameux scribes dont nous parlons depuis le début de cette vidéo. Mais bon : on fera mieux leur connaissance la prochaine fois.

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