01-02-2023

[Dt] YeROuShâLaYiM, ville où tout ensemble ne fait qu'UN

Deuteronomy 12:1-28:69 par : Père Alain Dumont
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YeROuShâLaYiM a été sauvée par YHWH, et le peuple avec la ville.
Pourquoi YHWH a-t-il donc choisi YeROuShâLaYiM et le peuple qui l’habite ?
Comment cet ÉVÉNEMENT de Salut marque-t-il le point de départ et le repère majeur de toute l’histoire sainte ?
Transcription du texte de la vidéo : 
Tous droits réservés.
Citation : mentionner : © Père Alain Dumont, La Bible en Tutoriel, http://www.bible-tutoriel.com/ + titre de l'article
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Bonjour,

Après avoir rappelé l’impact des déferlantes assyriennes sur l’histoire des Royaumes de YiSseRâ’éL et de YeHOuDâH au viiie siècle ; après avoir fait le point sur ce clan trop mal connu des Fils de LéWî — ou des LeWîYYiM comme vous préférez, c’est la même chose —, nous poursuivons notre découverte de l’ÉVÉNEMENT qui a été le point de bascule grâce auquel est né, non plus seulement le Royaume de YiSseRâ’éL qui n’était jamais qu’une fédération de clans aux traditions éparses, mais bien : le PEUPLE de YiSseRâ’éL, ce que l’école deutéronomiste nomme TOUT YiSseRâ’éL ; irréductiblement attaché à YeROuShâLaYiM que YHWH a choisie pour y rassembler son peuple et pour faire de cette ville la Lumière des nations.

IX. YeROUSHÂLAYIM ET LE PEUPLE JUIF, C'EST TOUT UN !

L’ÉVÉNEMENT du salut de YeROuShâLaYiM et de son sanctuaire est tel qu’il va rejaillir sur le passé de chaque tradition des clans qui sont venus y trouver refuge. Les scribes, les Fils de LéWî, vont donc revisiter toutes ces traditions et scruter, discerner, interpréter comment, en chacune d’elles, à travers différentes figures, différentes aventures, on retrouve en définitive le même modus operandi du SOUFFLE de YHWH. Ce faisant, cette même trame sous-jacente à tous Les récits va leur faire prendre conscience de l’unité qui relie tous les clans de YiSseRâ’éL et de YeHOuDâH ; une unité qui va prendre les traits d’une FRATERNITÉ ! Les scribes découvrent chaque rameau de YiSseRâ’éL comme autant de membres d’UN SEUL CORPS, d’une seule famille, un seul peuple ! Voilà le fameux : TOUT YiSseRâ’éL de l’école deutéronomiste.

Ce CORPS, les scribes perçoivent peu à peu qu’il est CHOISI par YHWH et donc AIMÉ de Lui, dès les patriarches AVeRâHâM, YiTseRâQ et Ya“aQoV. YHWH se révèle dès lors être le pourvoyeur d’un HÉRITAGE, de sorte que TOUT YiSseRâ’éL se découvre avoir un rapport FILIAL à YHWH qu’il reconnaît comme PÈRE ! C’est comme ça par exemple qu’on va entendre YHWH dire à Pharaon par la bouche de Moïse  : « YiSseRâ’éL est mon fils premier-né ! Laisse aller mon Fils ! » (Ex 4,22). Sauf que c’est une relecture du passé à la lumière de cette conscience filiale née à l’occasion du Salut de YeROuShâLaYiM, à partir de la fin du viiie siècle. Et ça n’a rien de déplacé ! On fait tous ça : quand un éclairage survient dans notre vie, à l’occasion d’un événement, certains épisodes passés de notre histoire prennent une tout autre coloration, et c’est une richesse que de pouvoir relire le passé ! C’est ce qui faisait dire à Françoise Sagan : « On ne sait jamais ce que le passé nous réserve ! » C’est donc comme ça que les Fils de LéWî relisent le passé des traditions rassemblées à YeROuShâLaYiM dont ils découvrent APRÈS COUP tout le potentiel que les clans dispersés ne parvenaient pas à discerner, au grand dam des prophètes d’ailleurs.

C’est cette conscience qui va s’enraciner au fil des générations dans le cœur, dans la CHAIR de ce peuple, et faire de lui un PEUPLE À PART — le peuple JUIF, le peuple ÉLU parmi toutes les nations de la terre. Un peuple qui dérange nécessairement : « Si vous êtes élus, alors nous, on est quoi ? » Mais qu’importe ! Voilà un peuple qui, grâce à un passage inattendu du SOUFFLE de YHWH par lequel le Temple de YeROuShâLaYiM se trouve SAUVÉ ; voilà un peuple, donc, qui s’ouvre à un dévoilement de YHWH qu’aucun autre peuple avant lui n’avait su entrevoir ! Un dévoilement charnellement attaché à YeROuShâLaYiM, rappelons-le, puisque c’est en sauvant la ville que, du même coup, YHWH a sauvé son peuple. Dit autrement, ce SOUFFLE qui passa dans un bruissement ténu au cours de cette nuit de printemps de l’an 701, fut le signe que :
– ET CE LIEU, הַזֶּ֑ה הַמָּק֗וֹם, HaMMâQOM HAZZÈH comme on l’appelle, est vraiment CHOISI, ÉLU par YHWH ;
– ET le peuple qui y a été rassemblé est non moins ÉLU par YHWH, dans un entre-deux irréductible : le choix de YeROuShâLaYiM et celui du peuple, c’est tout UN !

Le lien charnel entre TOUT YiSseRâ’éL et la ville sainte n’a donc rien d’arbitraire dans la conscience et la pensée juive. Raison pour laquelle, jusqu’à aujourd’hui et pour toujours, les yeux de tout Juif restent rivés sur cette ville et sur les Montées — les holocaustes — et les sacrifices qui ont été offerts sur l’Autel de son Temple ; les seuls que, manifestement, YHWH aient agréés. À partir de là, en s’y attachant par l’étude, par la prière des Psaumes, par la fidélité au ShâBaT et aux fêtes rituelles, toutes les générations puisent dans cet agrément la force de construire l’histoire de TOUT YiSseRâ’éL.

Du coup, à partir de 701, tout se met en branle ! On se met à l’écoute, on se met à relire l’histoire pour mettre en scène. Non seulement Moïse, mais aussi le roi DâWiD, par exemple, puisque c’est lui qui a été inspiré de choisir cette ville comme sa capitale ; et donc APRÈS COUP, à la lumière de l’ÉVÉNEMENT du SALUT de la ville, on interprète ce choix royal comme une ANTICIPATION de ce que YHWH signera de sa main trois cents ans plus tard.

Cet ÉVÉNEMENT jaillit sous le rège de H.iZeQiYYâHOu / Ézéchias comme une LUMIÈRE, comme une illumination spirituelle dont l’intensité ne peut être comparée qu’à celle fournie par les fourneaux de l’Autel. Par le choix explicite de ce Sanctuaire, YHWH le désigne désormais comme LE LIEU, HaMMâQOM, הַמָּק֗וֹם, où DEMEURE sa PRÉSENCE exclusive, sa SheKhiNaH, comme la désigneront plus tard les rabbins ; LE LIEU en tout cas où demeure sa LUMIÈRE, à la face de toutes les nations.

X. LA LUMIÈRE DU MONDE

Le thème de la LUMIÈRE est essentiel à la considération biblique de YeROuShâLaYiM ; il est complètement lié à celui du SOUFFLE puisque c’est par lui que les fourneaux incrustés dans les soubassements du gigantesque Autel du Temple, en consumant les sacrifices, laissent échapper une longue fumée vers le ciel durant le jour, et rayonnent d’une mystérieuse LUMIÈRE pendant la nuit. Au demeurant, ce n’est pas autre chose que cette alternance de fumée diurne et de lumière nocturne qu’évoque la fameuse colonne de feu dans le récit de l’Exode qui nous raconte que cette nuée-lumineuse accompagnait le peuple sur la route. Entendons par là : partout où le peuple s’installait pour y demeurer, il bâtissait un autel — pas nécessairement gigantesque, mais qui devait tout de même d’une part être en pierre moulée, et d’autre part comporter les tuyères d’alimentation de la fournaise. Dès lors, l’autel consumait les sacrifices en laissant échapper une nuée le jour ; et la lumière intense de la fournaise, elle, rayonnait la nuit. Et ça signifiait que YHWH était vraiment présent au milieu de son peuple !

Maintenant, cette LUMIÈRE n’est pas n’importe laquelle : en hébreu, cette LUMIÈRE se dit א֑וֹר, ‘OR — il y a d’autres termes pour désigner la lumière : ZoHaR, זֹהַר, par ex. ; ou TsaH.OuT, צַחוּת, ou NoGaH, נֹגַהּ… etc. —

‘OR, c’est la lumière d’une bougie, ou les lumières de la ville, mais c’est avant tout la LUMIÈRE vivante du Jour UN de la Création, jaillissant avant même les radiations du soleil ! « Et ‘ÈLoHîM dit : “Soit une Lumière — YeHî ‘OR — ! Et c’est une Lumière ! — WaYeHî ‘OR — ‘ÈLoHîM voit la Lumière : quel bien ! Et ‘ÈLoHîM sépare entre la Lumière de la ténèbre. Et ‘ÈLoHîM appelle la Lumière : Jour ; et Il appelle la ténèbre : Nuit. Et c’est un soir, et c’est un matin. Jour UN. » (Gn 1,5-6). Cette LUMIÈRE, c’est donc l’ÉVÉNEMENT par quoi rien de moins que toute la création commence ! C’est une Lumière de Vie que le SOUFFLE divin injecte dès ors dans le ToHOu WâVoHOu initial, de sorte que par cet ÉVÉNEMENT, par cette SECOUSSE d’ÊTRE lumineuse, tout COMMENCE ! Entendons par là  : dans la vision inspirée des scribes, à partir du viie siècle, tout commence à parler, à compter, de sorte qu’un à-venir commence à s’ouvrir !

Le rôle de la TORâH va consister dès lors à discerner l’ENTRE-DEUX qui relie analogiquement la Lumière du commencement et celle de l’Autel du Temple, puisque c’est le même mot. Comme si la lumière de l’autel était le relai de celle du commencement ; le signe que ce commencement lumineux est éternel… et de fait, à bien y réfléchir : tout commencement subsiste en tant qu’ÉVÉNEMENT fondateur d’une durée qui s’ensuit et de tous les ÉVÉNEMENTS qui vont s’y greffer au fil de l’histoire ! Dit autrement, le commencement ne disparait jamais, et ce sont ses commémorations qui rappellent au peuple qu’il se reçoit tout entier de ce commencement ; qu’il se reçoit tout entier du ‘ÈLoHîM créateur ; et donc que tout vient de ‘ÈLoHîM et tout retourne à Lui à travers la nuée des Montées et des sacrifices qui flambent sur le grand Autel : voilà le signe de la Lumière du Temple de YeROuShâLaYiM, et ça n’est pas rien.

Cette Lumière est tellement essentielle qu’on la célébrera plus tard à l’occasion de la fête de SouKOT, H.aG HaSSouKOT, חַג הַסֻּכּוֹת, en hébreu. Cette fête rappelle non seulement la route du désert des Fils de YiSseRâ’éL à travers l’habitation dans des cabanes pendant une semaine, mais tout autant leur accompagnement par la Nuée Lumineuse ! Cette Lumière, sise à YeROuShâLaYiM, est montée de MiTseRaYîM avec le peuple pour demeurer là, en CE LIEU, הַזֶּ֑ה הַמָּק֗וֹם, HaMMâQOM HAZZÈH. Et si on se demande pourquoi YHWH a choisi exclusivement ce lieu à travers les épisodes assyriens, la réponse surgit : Si la LUMIÈRE qui jaillit depuis l’Autel est de même nature que la LUMIÈRE du JOUR UN, ce ne peut être que parce que c’est de cet endroit qu’a commencé la Création ! La Création du monde a commencé LÀ, depuis le rocher du Mont Sion sur lequel est implanté le seul Sanctuaire que YHWH puisse donc agréer. Et c’est encore très logiquement que, de CE LIEU, sous l’inspiration de cette Lumière, commence l’écriture de la TORâH ! Donc vraiment, là, on est au cœur de toute l’articulation de la pensée juive !

En ce sens, le Talmud, dans la section DeRèSh ‘ÉRèTs ZouTa au n. 9, dit que durant la fête de SouKOT, le Temple est la LUMIÈRE DU MONDE ! C’est dire si YeROuShâLaYiM est au cœur de l’existence JUIVE ! Quant à la MiShNaH SouKOT au ch. 5,2-4, toujours dans le Talmud, rapporte le rite qui marquait la première nuit de la fête : on allumait quatre immenses MeNORâH, quatre gigantesques candélabres d'or devant le parvis des femmes. Chacune portait à son sommet quatre vasques d'or remplies d'huile pure produisant une lumière si brillante, dit le récit, qu’il n’y avait pas un seul quartier de YeROuShâLaYiM qui ne fut éclairé par elle.

Et ce n’est donc pas par hasard si Jésus, pendant une fête de SouKOT, crie en CE LIEU, הַזֶּ֑ה הַמָּק֗וֹם, HaMMâQOM HAZZÈH : « Moi, Je suis la Lumière du monde ; celui qui Me suit ne marchera aucunement dans la ténèbre, mais il aura la Lumière de la vie. » (Jn 8,12). Et encore au ch. 9 : « Aussi longtemps que je suis dans le monde, Je suis la lumière du monde. » (Jn 9,5). Voyez : encore un ENTRE-DEUX qui devrait parler en nous, chrétiens ! Jésus ne prêche jamais qu’à partir des ENTRE-DEUX qui le rattachent à la TORâH ; et une fois qu’on a pigé les jeux de ces ENTRE-DEUX, quelle LUMIÈRE éblouissante jaillit pour nous ! « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait des Écritures ? » (Lc 24,32).

Voilà donc, entre autres, tout ce que déclencha ce jour où YeROuShâLaYiM fut sauvée ; où les Fils de LéWî perçurent de manière toute nouvelle la nature céleste de cette LUMIÈRE et entreprirent d’écouter les paroles qu’elle leur soufflait : cette LUMIÈRE de l’Autel, et surtout le SOUFFLE qui l’alimentait par les tuyères — les fameuses « narines de YHWH » dont parlent souvent les psaumes — ; ce SOUFFLE PARLAIT au cœur des Fils de LéWî, et par eux, enflammait TOUT YiSseRâ’éL ! « Ça parlait » en eux. « Ça leur parlait », et ils trouvaient dans ces paroles de quoi vivre les danses les plus exaltées ; de quoi chanter les hymnes de gratitude les plus belles ! mais aussi de quoi affronter les pires détresses pour en ressortir grandis ! Ils y discernaient un HÉRITAGE spirituel à transmettre impérativement à leurs descendants comme l’héritage de la Bénédiction de YHWH en personne. Or quoi de mieux, pour exprimer et pour transmettre cette parole qui germait en eux, que de RACONTER ? Que de composer des RÉCITS qui allaient vivifier la mémoire collective et ainsi façonner un peuple sur des bases parfaitement originales ?

XI. UN RÉCIT ABSOLUMENT ORIGINAL

Qu’est-ce qui fait l’originalité des écrits des Fils de LéWî ? D’abord ils n’expliquent RIEN ! Rien de plus ennuyeux que les explications !

Ils n’énoncent pas non plus une série de grands et beaux principes à suivre, façon sagesse extrême-orientale ;

ils ne philosophent pas ; rien de tout ça.

Ils RACONTENT. Ils racontent parce qu’ils savent depuis la nuit des temps, depuis au moins leur ancêtre LéWî, frère du grand Joseph-Aménophis, que le RÉCIT est le meilleur véhicule de la TRANSMISSION. Tant qu’on n’a pas pigé ça, on reste dans les process et dans le fonctionnement ; dans l’administratif. Sauf que les process ne font pas vivre, ni danser, ni chanter un peuple… Ça permet l’administration d’une nation, mais ça ne fait pas VIVRE un peuple en tant que tel parce que ça ne dit rien du LIEN qui relie les hommes entre eux, d’une génération à une autre ! Ça ne dit rien de l’ENTRE-DEUX paternel, filial et en définitive fraternel qui fait l’âme d’un peuple.

Ceci dit, si on reprend tout ça, on comprend que tout bon récit part toujours d’un ÉVÉNEMENT par lequel TOUT COMMENCE : un ÉVÉNEMENT survient, toujours surprenant, de sorte qu’une DURÉE nouvelle s’enclenche, qui se superpose à toutes celles qui la précèdent et l’ont rendue possible ; une DURÉE qui devient à son tour le tarmac d’un futur ÉVÉNEMENT qui engagera une nouvelle DURÉE, etc.

Or à quoi reconnaît-on des ÉVÉNEMENTS dans une existence ? Précisément aux SECOUSSES qu’ils provoquent et qui ponctuent l’histoire comme autant de COMMENCEMENTS, de RECOMMENCEMENTS, de relances de l’existence sur un mode toujours déconcertant SUR LE COUP ; avant de se transformer en une occasion de se dépasser, de se mettre en marche APRÈS COUP — en tout cas pour ceux qui ont appris à interpréter ces ÉVÉNEMENTS en ayant consenti à se faire les héritiers de l’enseignement de leurs pères —. Mais quoi qu’il en soit, après un ÉVÉNEMENT, quel qu’il soit — joyeux ou pénible —, une chose est sûre : rien n’est plus jamais comme avant ; le passé S’ÉCLAIRE d’une manière nouvelle et un à-venir s’ouvre là où l’on croyait être installé dans son confort, ou là où l’on pensait que tout était foutu… « Il y avait un homme riche dont le sol avait bien rapporté. Il dit : “Que vais-je faire ? Car je n’ai rien où ramasser mes fruits.” Puis il dit : “Voici ce que je vais faire : je vais démolir mes greniers, j’en construirai de plus grands et j’y ramasserai tout mon froment et mes biens. Alors je dirai à mon âme : Mon âme, tu as là de nombreux biens, pour de nombreuses années. Repose-toi, mange, bois, fais la fête !” Mais Dieu lui dit : “Sot : cette nuit, on va te redemander ton âme. Et ce que tu as préparé, qui l’aura ?” Ainsi en est-il pour celui qui thésaurise pour lui-même, au lieu de s’enrichir en vue de Dieu. » (Lc 12,16-21).

Alors concrètement, revenons à ce moment où tout a commencé, à L’ÉVÉNEMENT de l’écrasement mystérieux  par le SOUFFLE de YHWH des forces assyriennes qui assiègent YeROuShâLaYiM en ce printemps de en l’an 701. SUR LE COUP, ça a été effroyablement bouleversant — pour les Assyriens, bien entendu, qui en ont fait ce qu’ils on pu ; mais tout autant pour les habitants de YeROuShâLaYiM ! Sauf que pour eux, APRÈS COUP, ça s’est mis à parler au cœur ! Ça s’est mis à questionner : « QUI EST YHWH ? On croyait le connaître, mais là, c’est comme s’il fallait tout reprendre, non pas à zéro, mais repartir sur des bases complètement originales. Mais comment faire ? »

Eh bien, comme on l’a déjà dit souvent, on fait MÉMOIRE ; on se met à écouter les RÉCITS traditionnels de chaque clan ; des traditions que les Fils de LéWî qui vivaient en leur sein avait la charge de porter. Et là, à nouveau, c’est l’étonnement : chaque clan rapporte que lui aussi, dans son histoire, a connu des secousses jusqu’à croire, SUR LE COUP, que tout était foutu… pour s’apercevoir APRÈS COUP qu’un SOUFFLE, une LUMIÈRE les avait traversés ; leur avait ouvert un à-venir au moment même où tout, pourtant, semblait condamné.

C’est comme ça par exemple qu’une tradition lévitique, sans doute attachée au sanctuaire de ShîLoH — entre autres, parce que cette tradition a aussi laissé des traces dans le Sud de YeHOuDâH et dans les environs de ShoMeROM, selon les différentes vagues d’immigrés — ; donc voilà qu’une tradition lévitique, d’autant plus fiable qu’elle est plusieurs fois confirmée, rapporte la mémoire d’une période où les Fils de Ya“aQoV, esclaves en MiTseRaYîM, purent monter se réfugier à la frontière Nord de l’empire pour échapper à l’extermination… Cette tradition parle d’un Pharaon vaincu par YHWH par l’intermédiaire d’un certain Moïse au cours d’une nuit, là aussi, où YHWH, sans utiliser les armes, a retourné contre le roi de MiTseRaYîM ses pulsions génocidaires… Forcément, ça fait écho à la lumière de l’ÉVÉNEMENT du Salut de YeROuShâLaYiM ! « Or au milieu de la nuit, YHWH frappa tout premier-né du sol de MiTseRaYîM, depuis le premier-né de Pharaon assis sur son trône jusqu’au premier-né du captif qui est dans la citerne, et tout premier-né du bétail. Pharaon se leva la nuit, lui et tous ses serviteurs et tout MiTseRaYîM. Et ce fut une grande clameur en MiTseRaYîM car il n’y avait pas une maison où n’y eût un mort ! » (Ex 12,29-30). On reconnaît le mode opératoire de YHWH ; mais en attendant, quelle SECOUSSE !

Alors redisons-le : AVANT, cette tradition n’était qu’une tradition parmi d’autres, qui ne concernait que les clans qui la portaient ; mais maintenant, à partir de l’ÉVÉNEMENT du Salut de YeROuShâLaYiM, la ville où tout ensemble ne fait qu’un, comme dit le Psaume, les scribes revisitent cette nuit en MiTseRaYîM pour y reconnaître un point d’appui, une ressource et donc une bénédiction que pourra désormais venir revisiter TOUT YiSseRâ’éL comme appartenant à son RÉCIT FONDATEUR !

Alors on pourrait pointer plusieurs autres traditions allant dans le même sens, mais il y en a tout de même une, particulièrement parlante, sur laquelle il convient de s’arrêter comme s’y arrêtèrent nos scribes : la conversion du prophète ‘ÉliYâHOu / Élie.

XII. LA CONVERSION DE ‘ÉliYâHOu

Certains Fils de LéWî, sans doute gardiens de la mémoire du clan de MeNaShèH — qui se dit “Fils du patriarche YOSéPh” avec le clan de ‘ÈPheRaYîM — ; certains Fils de LéWî, donc, rapportent à YeROuShâLaYiM l’histoire d’un de ses prophètes, ‘ÉliYâHOu / Élie dont on a déjà parlé dans la vidéo précédente. Rappelons-nous : ‘ÉliYâHOu était lui-même un Fils de LéWî résidant au sein du clan de MeNaShèH ; il était donc prêtre, et un prophète zélé de surcroît, dont on a vu qu’il n’hésitait pas à braver les prophètes de Bâ“aL au nom de YHWH dans des guérillas meurtrières. Ça avait le don d’exaspérer le roi ‘AH.e‘âV et sa femme ‘ÎZèVèL qui le poursuivaient pour le mettre à mort ! Le seul salut pour ‘ÉliYâHOu, dit cette tradition, fut de fuir vers le Sud, par-delà le Royaume de YeHOuDâH, jusqu’au Mont H.oRéV dans le désert de PaRâN.

Et là, blotti dans une grotte, voilà que le prophète entend une voix dans un SOUFFLE qui passe : la MèMeRaH, ou le Verbe de YHWH, appelez-le comme vous voulez. Et voilà que « ça » commence à parler en lui : « ‘ÉliYâHOu marcha quarante jours et quarante nuits jusqu’à la montagne de ‘ÈLoHîM, le H.oRéV. Là, il entra dans la grotte et y passa la nuit. Et voici sur lui le Verbe de YHWH : “Que fais-tu là, ‘ÉliYâHOu ?” — “Je brûle, je brûle pour YHWH, le ‘ÈLoHîM TseVâ‘OT — Rassembleur — parce que les Fils de YiSseRâ’éL — ‘ÉliYâHOu parle ici des habitants du Royaume du Nord et de leurs chefs — ont abandonné ton Alliance. Ils ont cassé tes autels — comme quoi il y avait bien plusieurs sanctuaires dédiés à YHWH répartis sur tout le territoire à l’époque. Par ailleurs, les prêtres de Bâ“aL étaient eux-mêmes prêts à en découdre jusqu’à la mort pour faire prévaloir leur culte ! Et de fait : — ils ont tué tes Prophètes — c’est-à-dire les prêtres de tes sanctuaires — par l’épée. Je reste moi seul ; et ils cherchent mon âme pour la prendre — ils, c’est-à-dire ‘îZèVèL et les tenants du culte de Bâ“aL. Or c’est là que la suite devient vraiment parlante : — Il dit — c’est-à-dire YHWH dit — : “Sors. Tiens-toi sur la montagne, face à YHWH !” Et voici : YHWH passe — j’adore cette expression ! Le propre de YHWH, précisément, c’est de PASSER ! Et là, soit ça passe, comme ici ; soit ça casse, comme pour les troupes de Sennachérib ! Mais quoi qu’il en soit : YHWH, c’est le SOUFFLE qui PASSE ! Mais attention : pas n’importe quel SOUFFLE !!! —. Un souffle grand et fort ébranle les montagnes, brise les rochers face à YHWH. YHWH n’est pas dans le souffle — en tout cas il n’est pas dans ce genre de souffle là —. Et après le souffle, un séisme. YHWH n’est pas dans le séisme. — on voit bien comment le fantasme d’une toute-puissance idolâtre est en train d’être battu en brèche — Après le séisme, un feu. YHWH n’est pas dans le feu. — en tout cas, Il n’était pas dans ce feu-là ! Sans doute là où ‘ÉliYâHOu l’aurait attendu, puisqu’il est coutumier des feux des autels… Seulement YHWH n’est jamais là où on voudrait l’enfermer… sans quoi, on tombe dans l’idolâtrie la plus ordinaire qui soit ! — Après le feu, une voix, dans un silence ténu. Or dès que ‘ÉliYâHOu L’entendit, il se voila la face de son manteau, sortit et se tint à l’entrée de la grotte. Et voici : une voix — donc un souffle, mais d’une autre nature que celui qui passait dans la tempête — lui parvient qui dit — à l’intérieur du prophète ; ce silence ténu, contre toute attente, ça lui parle ! Et il entend à l’intérieur de lui —  : “Que fais-tu là, ‘ÉliYâHOu ?” » (1R 19,8-13). Bonne question !

Là, ‘ÉliYâHOu vit un véritable ÉVÉNEMENT que les scribes vont faire jouer avec celui du Salut de YeROuShâLaYiM, puisque les Assyriens ont bel et bien eux-mêmes « cherché l’âme de YiSseRâ’éL pour la prendre » ! Et c’est cet ENTRE-DEUX, encore et toujours, qui va  leur parler ! YHWH fait sortir son peuple de l’esclavage de l’idolâtrie ! Là encore, ça n’est pas rien, et il faudra bien du chemin pour que cette libération donne des fruits de liberté INTÉRIEURE. Ce sera même un travail à reprendre à chaque génération, comme pour les chrétiens d’ailleurs.

Alors pardon de faire sans cesse ces allez-venues, mais c’est ça, l’ENTRE-DEUX ! Et c’est d’autant plus essentiel qu’on est au cœur de tout exercice spirituel, que ce soit pour des Juifs ou des chrétiens ! Pourquoi ? Mais parce que c’est à partir du moment où l’on sait entrer dans le jeu des ENTRE-DEUX qu’on commence à faire l’expérience de la BÉNÉDICTION, et donc de la LIBERTÉ véritable : c’est dans le jeu des ENTRE-DEUX qu’on trouve les appuis dont on a besoin pour envisager  beaucoup plus agilement les SECOUSSES de l’histoire : on sait qu’elles vont venir, certaines violentes, d’autres jubilatoires ; mais si on sait rester attaché à l’HÉRITAGE des pères qui eux aussi ont connu de ces SECOUSSES qu’ils ont vécues à la lumière de ce que leur avaient appris leurs propres pères, etc. Alors ces SECOUSSES, loin de nous anéantir, ne feront que renforcer notre désir d’en découdre et de rester debout dans l’adversité ! Bref : d’être LIBRES ! Et où tout ça s’apprend-il ? Par l’étude de la TORâH écrite, mais aussi orale dont l’enseignement du Christ fait partie ; par la prière et par une vie rituelle assumée qui fait passer cet héritage dans la CHAIR, de ShâBaT en ShâBaT — de dimanche en dimanche pour nous chrétiens — et à l’occasion des fêtes comme autant de commémorations qui nous rappellent les racines des COMMENCEMENTS qui subsistent à chaque instant, qui soutienne chaque instant de nos existences, de l’existence du CORPS spirituel que nous formons tous, dans les ENTRE-DEUX qui nous relient les uns aux autres et, ultimement, qui nous relient à YHWH comme notre PÈRE ! Quand tout un peuple sait jouer le jeu de ces ENTRE-DEUX, c’est pour lui LA ressource phénoménale où puiser un courage et une espérance qui ne font qu’attiser la soif de vivre, dans une LIBERTÉ à toute épreuve !

Alors encore une fois, rien n’est jamais acquis ! L’épreuve qu’on traverse, au moment où on la traverse, est toujours la plus pénible, la plus déstabilisante de toutes… mais il n’empêche : ce LIEN, cette ALLIANCE nous maintient dans ces ENTRE-DEUX ; il fait du peuple auquel on appartient un seul CORPS traversé par le SOUFFLE de YHWH en inscrivant dans ce CORPS la LUMIÈRE même de YHWH ! Jamais là où on penserait qu’Il serait — on verra ça dans la prochaine vidéo — ; Jamais là où on penserait qu’il soufflerait… Mais ça, Jésus lui-même nous a avertis : « Le Souffle souffle où Il veut, et tu entends sa voix — Ah tiens ! comme ÉliYâHOu ! — Mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va. Ainsi en est-il de tout homme qui a été engendré du Souffle. » (Jn 3,8). Là, on a un exemple magnifique d’ENTRE-DEUX : Jésus ne se réfère ni plus ni moins qu’à l’expérience de ÉliYâHOu… et c’est drôlement parlant une fois qu’on a compris !

Cela dit, tout ça pose et repose la question : QUI EST YHWH ? Quel est donc le mystère inscrit dans ces quatre lettres Yod, Hé, WaW, Hé qui livrent Son nom ? On essaiera d’en entrevoir quelques aspects la prochaine fois.

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Je vous remercie.
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