11-01-2024

[Dt] D'où vient le nom du Peuple de TOUT YiSseRâ‘éL ??? (1/12)

par : Père Alain Dumont
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Au stade de notre lecture du Deutéronome (ch. 13), une question surgit : pourquoi les scribes ont-ils choisi le patronyme de YiSseRâ‘éL pour le nouveau peuple réfugié à Bethléem ? Question passionnante qui, de manière inattendue, va nous mener jusque dans la contemplation du mystère du Christ...
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Citation : mentionner : © Père Alain Dumont, La Bible en Tutoriel, http://www.bible-tutoriel.com/ + titre de l'article
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Bonjour,

J’aimerais aujourd’hui réfléchir avec vous sur une question qui surgit à ce moment si crucial de la naissance de la TORâH, et donc de la naissance du peuple de TOUT YiSseRâ‘éL, sous le règne du roi H.iZeQiYYâHOu / Ézéchias. Comme cette vidéo est plus longue que d’habitude, je vous la chapitre pour que ce soit moins massif, et je vous la distribue même en trois parties. Ceci dit, accrochez-vous bien et allez jusqu’au bout, parce que l’enjeu est crucial, y compris pour nous, chrétiens.

1. « Ne m’appelle plus “mon Bâ“aL” ! » (Os 2,16)
Jusqu’à la fin du viiie siècle, redisons-le, le peuple de TOUT YiSseRâ‘éL n’existait pas. Il y avait bien le ROYAUME de YiSseRâ‘éL, qui consistait en une sorte de fédération de clans sous la tutelle de Bâ“aL, dont YHWH faisait partie, en tant que Bâ“aL-YHWH. On va y revenir tout de suite.

Par ailleurs, notons que la plupart des sanctuaires n’étaient pas des temples de pierre : c’était ce qu’on appelle des Haut-Lieux — un peu si vous voulez comme la tente du désert dans le récit de l’Exode. Mais quoi qu’il en soit, les clans ne se percevaient pas comme un peuple spécifique ! Certains d’entre eux, répartis à divers endroits du Royaume, avaient sans doute une racine commune dont la dévotion au Bâ“aL-YHWH gardait la mémoire, mais ils n’en constituaient pas un peuple pour autant.

Enfin, tous les clans n’étaient pas équivalents. Un clan en particulier était plus prégnant que les autres : le clan de MeNaShèH, que la TORâH et les Psaumes associent volontiers au clan de ‘ÈPheRaYîM. Gardons ce point en mémoire parce qu’il a son importance : la tradition du patriarche Ya”aQoV est en effet attachée au clan de MeNaShèH qui a eu une place déterminante dans l’établissement du roman national de la Genèse.

Ceci dit, un Royaume du Nord avait bel et bien pour nom YiSseRâ‘éL depuis au moins le xiie siècle — puisque c’est sur l’antique stèle égyptienne de Méneptah datant de cette époque qu’on trouve la première mention de ce nom — Et si on en croit le professeur YOSéPh Davidovits que, personnellement, j’aime à suivre entre autres sur ce point, ce nom de YiSseRâ‘éL est la marque mémorielle de l’expulsion jusqu’à la frontière Nord de MiTseRaYîM, à la fin du xive siècle, d’une partie des scribes et des ouvriers ayant travaillé à la construction de Amarna, la capitale de ‘Akhenaton. On les appelait les IiSii-iR-iaR = ceux qui sont partis à cause de la faute, ce qui d’après le Pr. Davidovits, composerait la véritable racine du nom YiSseRâ‘éL.

Ce qui ne veut pas dire que ces IiSii-iR-iaR vénéraient YHWH, loin de là ! Jusqu’au ixe siècle, on l’a déjà évoqué, c’était le Bâ“aL qu’on adorait en KeNa“aN — Bâ“aL est un nom qui vient de l’akkadien Bēl, qui signifie “Seigneur”, ou “Maître” ; c’était donc le Bâ“aL qu’on vénérait sous divers formes, que ce soit le Bâ“aL Phénicien Melqart, dans la ville de Tyr ; ou le Bâ“aL ‘aDDiR, de Byblos ; le Bâ“aL BeRiT, à Sichem ; le Bâ“aL Pe“OR en territoire de MO’âV, etc. Et quand bien même, à partir du xe siècle, s’installent dans cette région des Haut-lieux voués à YHWH, Lui-même n’est jamais adoré que comme un Bâ“aL : le Bâ“aL-YHWH, en compétition entre autres avec le Bâ“aL Melqart phénicien auquel les premiers rois du Royaume du Nord ne voyaient aucune difficulté à faire allégeance pour des motifs géopolitiques ! C’est comme ça par exemple que ‘AH.e‘âV / Achab, dans la première moitié du ixe siècle, avait épousé sans penser à mal la fameuse ‘îZèVèL / Jézabel, une fille du roi phénicien de l’époque. Et en tant que Roi, de la lignée de “ÂMeRî, עָמְרִי qui vénérait Bâ“aL depuis le xe siècle,  ‘AH.e‘âV imposait légitimement à tout son Royaume ce Bâ“aL Melqart comme la divinité tutélaire dont il était plus ou moins le représentant devant le peuple.

C’est sous son règne que le prêtre-prophète ‘ÉliYâHOu / Élie lancera son défi contre les prêtres-prophètes de Bâ“aL que raconte le ch. 18 du premier livre des Rois : pour lui, le Bâ“aL YHWH est plus puissant que le Bâ“aL Melqart. Raison pour laquelle la reine ‘îZèVèL cherchera à le faire mettre à mort… Mais comme avec YHWH, à quelque chose malheur est toujours bon — les fameuses SECOUSSES —, ce sera l’occasion pour ‘ÉliYâHOu, raconte la Bible, de se départir de cette vision “ba“alique” de YHWH au cours son exil jusqu’au Mont H.oRéV. C’est un début. On verra ça plus en détail à propos du ch. 16 du Deutéronome.

Toujours est-il que la place de YHWH au sein du Royaume de YiSseRâ‘éL va changer, non pas dès l’époque de ‘ÉliYâHOu mais un peu plus tard, à partir de la seconde moitié du ixe siècle, lors de l’avènement du roi YéHOu‘ / Jéhu sur le trône ; une accession favorisée par le prophète ‘ÈLîShâ“ / Élisée, disciple de  ‘ÉliYâHOu. À partir de ce moment, YHWH devient le Bâ“aL tutélaire du Royaume de YiSseRâ‘éL. Dès lors, YéHOu‘ Lui fait bâtir des sanctuaires en pierre, entre autres à DâN, à la frontière Nord ; et à BéYT-’ÉL, à la frontière Sud.

Environ un siècle plus tard, alors que l’Assyrie commence radicalement à frétiller, surgit un des premiers prophètes écrivains — c’est-à-dire de ces prophètes dont les paroles ont été transcrites par les scribes, ce qui signifie qu’ils prenaient la parole dans le cadre des sanctuaires voué à YHWH — Je veux parler de HOShé“a / Osée dont la Bible fait mémoire dans le livre qui porte son nom. On est cette fois passé au viiie siècle. HOShé“a est le premier à révéler à YiSseRâ‘éL que YHWH l’a ÉLU depuis toujours et l’a choisie pour ÉPOUSE, quand bien même elle ne perçoit pas encore de différence entre YHWH et n’importe quel autre Bâ“aL. Et c’est là que retentit ce cri dont on va tout de suite comprendre la portée : « Ne m’appelle plus “Mon Bâ“aL ! » (Os 2,16). HOShé“a, de ce point de vue, est totalement dans la ligne du prophète  ‘ÉliYâHOu après sa rencontre avec YHWH au Mont H.oRéV.

Donc voilà ! YHWH N’EST PAS un Bâ“aL ! Il est un ÉPOUX autant qu’un PÈRE — rappelons-nous qu’en Orient, rien n’est jamais univoque contrairement à la culture gréco-latine — ; autrement dit, le registre de YHWH n’est en aucune manière celui d’un Être Suprême imposant ses velléités aux hommes comme à ses esclaves. Le registre de YHWH est celui de l’AMOUR ; un amour à la fois sponsal — époux/épouse — et paternel, c’est-à-dire qui pose des cadres, au sens où tout amour véritable a des règles. Et c’est là le génie des scribes deutéronomiste de l’avoir compris à la suite des prophètes, à commencer donc par HOShé“a : « J’ai aimé YiSseRâ‘éL dès son enfance ; dès MiTseRaYîM, je l’ai appelé « Mon fils ». Mais plus Je les ai appelé, plus ont éloigné leurs faces. Ils ont sacrifié aux Bâ“aLîM et encensé des statues. C’est moi qui mis à ÈPheRaYîM sur pied et l’ai pris sur mes bras ; mais ils n’ont pas compris que je prenais soin d’eux. Je les tirais dans des liens de “ÂDâM, dans des tresses d’amour. J’étais pour eux comme on lève un joug sur les bajoues ; J’étais tendu vers lui pour le nourrir. Mais il ne retournera pas sur le sol de MiTseRaYîM ; c’est AShOuR — l’Assyrie ; maintenant on voit bien à quoi le prophète fait allusion — qui deviendra son roi, car ils ont refusé de s’en retourner [vers Moi]. » (Os 11,1-5).

Vous voyez ? Quand on reprend les textes dans leur contexte, ils se révèlent lumineux ! Jusqu’au viiie siècle, donc, impossible de percevoir YHWH autrement que comme un Bâ“aL ! Et il n’est pas encore question pour les adorateurs de YHWH de se concevoir comme un peuple spécifique. Pour que les choses changent, il faudra la SECOUSSE aussi violente que nécessaire — ça évidemment, on ne peut le dire qu’après coup, parce que sur le coup, c’est une catastrophe ! Donc pour que les choses changent, il faudra la SECOUSSE de l’invasion assyrienne pour que naisse la conscience d’un peuple unique et que la véritable nature de YHWH prenne le pas sur sa conception idolâtre. Alors en attendant, le prophète a-t-il été entendu à l’époque où il prêche ? En tout cas, il l’a été par les scribes des sanctuaires qu’il haranguait, ce qui est un premier pas. Ils en ont conservé la mémoire qui s’avèrera très précieuse pour la suite.

Or voilà qu’ en 734, tel que l’avait annoncé HOShé“a, les Assyriens déferlent sur le Royaume, de sorte que tous les clans adorateurs de YHWH courent se réfugier autour de YeROuShâLaYiM et de son sanctuaire, donc dans le Royaume du Sud, dans le Royaume de YeHOuDâH !

2. Pourquoi choisir YiSseRâ‘éL comme nom pour ce nouveau peuple ?
À partir de là, on peut légitimement s’interroger : alors que les clans sont rassemblés sur le territoire de YeHOuDâH, dans le Sud, pourquoi leur choisit-on le Nom de YiSseRâ‘éL pour les constituer en peuple ? En toute logique, on aurait dû dénommer ce peuple du nom du territoire qui l’accueillait : le peuple de YeHOuDâH. D’ailleurs, à partir du milieu du vie siècle, lorsque l’Empire Perse renversera celui de Babylone, cette région recevra effectivement le nom de YeHOud MeDîNeTTâ‘, יְהוּד מְדִינְתָּא, la « Province de Judée », dont les habitants recevront le nom araméen de YeHOuDâï, à la racine du nom de : “Juif”. Or malgré tout, aujourd’hui encore, un Juif se présente d’abord comme un BéN Ya”aQoV YiSseRâ‘éL, יִשְׂרָאֵל בֵּנ יַעֲקֹ֑ב., un fils de Ya”aQoV YiSseRâ‘éL ; jamais comme un pur BéN YeHOuDâH, un pur fils de YeHOuDâH !

L’explication est à chercher dans la prédominance des traditions du Nord sur celles du Sud, et ça bien que YeROuShâLaYiM soit désormais le nœud existentiel de ce tout nouveau peuple. La raison est peut-être tout simplement que culturellement, le Royaume de YiSseRâ‘éL était beaucoup plus riche que celui du Sud, et bien plus au fait de l’immense culture mésopotamienne que n’avait pu l’être jusqu’alors le frêle Royaume de YeHOuDâH. Les scribes du Nord apportent donc avec eux des archives bien plus conséquentes que celle de YeROuShâLaYiM ! Notamment un alphabet araméen totalement assimilé provenant de l’Assyrie dont on va voir au ch. 13 toute l’influence sur la rédaction du premier noyau deutéronomiste de la TORâH. Tout ça vient du Nord ! Maintenant, si les scribes choisissent YiSseRâ‘éL comme patronyme — c’est-à-dire le nom du Royaume du NORD — plutôt que YeHOuDâH, le nom du territoire qui les accueille, c’est précisément parce que YiSseRâ‘éL n’est le patronyme d’AUCUN clan particulier… On l’a dit : YiSseRâ‘éL vient de la dénomination de IiSii-iR-IaR ; ce n’est pas un patriarche ! C’est par conséquent le meilleur nom capable de les unifier tous, sans qu’aucun d’eux ne soit tenté de faire peser son ascendant sur les autres, ou ne se sente frustré de ne pas avoir été choisi comme fédérateur !

On peut aussi imaginer par ailleurs un compromis lors des pourparlers qui ont immanquablement eu lieu pour que tout ça se mette en place. Grossièrement : d’un côté, aux Fils de LéWî de YeROuShâLaYiM la prêtrise et les sacrifices ; de l’autre, aux Fils de LéWî des autres clans, sous la houlette du clan de MeNaShèH, le plus important d’entre eux, la reconnaissance de leurs traditions et les premiers linéaments de la rédaction de la TORâH. Mais quoi qu’il en soit, une fois les réfugiés du Nord rapatriés autour de YeROuShâLaYiM, les choses ne furent pas si simples…

3. Des débuts éprouvants
H.iZeQiYYâHOu meurt en 678. Son fils MeNaShèH / Manassé lui succède sur le trône de YeHOuDâH, — attention : ce nom du roi n’a rien à voir avec celui du clan du même nom, dans le Royaume du Nord —. Or voilà que, contre toute attente, le roi MeNaShèH choisit de quitter le ligne de son père et fait allégeance à l’Assyrie qui n’a pas perdu son ascendant sur la région. Et en particulier, il encourage le culte astral mésopotamien en l’installant sur le toit du Temple de YeROuShâLaYiM ! Une abomination aux yeux des prêtres et des scribes de YHWH !

Alors bien que les rédacteurs bibliques lui en veuillent à mort, cette soumission à l’Assyrie aura des conséquence positive, puisqu’elle permettra d’assurer au peuple une période de paix de près d’un demi siècle pendant laquelle le roi MeNaShèH restaurera l’État et le royaume laissé exsangue par Sennachérib, avec un franc succès ! Mais cette soumission aura pour effet de susciter une forte opposition des scribes porteurs des traditions de YHWH qui s’étaient donné pour objectif, eux, de façonner un peuple digne de ce nom, avec YHWH pour seul ROI, avec une loi ouvrant une histoire et une destinée qui lui seraient propres. Du coup, face à MeNaShèH, ce n’était pas le moment de se diviser : les deux écoles, sacerdotale et deutéronomiste, devaient faire front, quand bien même leurs visions respectives pouvaient être formellement contrastées. Ils étaient pour ainsi dire condamnés à s’entendre et à s’écouter, fut-ce pour l’heure en sous-main pour échapper aux représailles du pouvoir. Et ils allaient mettre à profit cette période, en sourdine évidemment, pour poursuivre dans le secret leur rédaction des tout premiers chapitres de la TORâH de YHWH, sans doute à l’abri des murs du Temple.

Tout ça, voyez, mystérieusement, ça fait partie de la manière dont YHWH mène son peuple : à travers les ÉVÉNEMENTS, les SECOUSSES, YHWH l’oblige à se décaler en permanence par rapport à des projets par trop humain pour ainsi dire, menés prioritairement sur fond de manigances, de pouvoir et d’argent ; où le divin n'est relégué qu’à un rang second, de faire-valoir.  Rappelons-nous toujours : d’un point de vue biblique, si l’argent est un bon second, quand il se retrouve en première ligne, il se révèle un tyran absolu, ne tolérant aucun contrôle, aucune morale autre que le profit monté en système ! Or le point de départ de la TORâH n’est autre, précisément, que le moment où argent et pouvoir sont retirés aux élus de YHWH pour Lui redonner sa place, la PREMIÈRE place !

En ce sens, je ne sais pas si vous l’avez remarqué, mais les plus profondes démarches spirituelles ne se font jamais sur fond d’argent ou de pouvoir ! C’est au contraire au moment où tout nous échappe ; dans les moments de plus grande déréliction qu’on se réveille et qu’on grandit, ce qu’on appelle tout simplement la SAGESSE ! C’est au moment où l’impasse nous accule matériellement qu’un sursaut spirituel permet de discerner un chemin que, laissés à nous-mêmes et à nos fantasmes de toute puissance, nous n’aurions jamais su envisager jusqu’alors !

C’est ce qui se passe à ce moment crucial de la naissance du peuple de TOUT YiSseRâ‘éL ; une histoire, d’une certaine manière, dont la passion du Christ est le point d’orgue ! Si vraiment Jésus est le chemin, la vérité et la vie, c’est parce que par Lui, dans  l’ENTRE-DEUX qui le relie au Père, YHWH reste à la PREMIÈRE PLACE. Parce que c’est du cœur de cet ENTRE-DEUX que s’ouvre le chemin du Salut, et nulle part ailleurs...

Enfin, toujours est-il qu’après l’événement assyrien ; puis les bâtons dans les roues que leur met le roi MeNaShèH, les scribes comprennent ! Ils comprennent que YHWH passe et passera toujours par les SECOUSSES de l’histoire, génération après génération, pour en faire un PEUPLE VIVANT.

SUR LE COUP, ça n’a rien de drôle, on l’a dit ; mais APRÈS COUP, avec le temps ; en cultivant l’art de l’interprétation, notamment à l’école des prophètes et des sages, toutes les générations béniront YHWH dans la mesure où c’est par ces SECOUSSES qui recentrent le peuple sur l’HÉRITAGE de YHWH que TOUT YiSseRâ‘éL non seulement naît, mais, encore une fois, grandit ; c’est par ces épreuves qu’est forgée son âme de PEUPLE ÉLU à jamais ! Et quand la Vierge chante : « Désormais, toutes les générations me diront bienheureuse » (Lc 1,48), elle ne prononce pas ces mots d’elle-même ! Marie ne peut lancer cette exclamation qu’en tant qu’elle se ressent comme une fille de TOUT YiSseRâ‘éL ; qu’elle porte en elle, CHARNELLEMENT, toute cette tradition. La visite et l’annonce du Messager la SECOUE, nous dit saint Luc : « À ces mots, elle fut toute secouée ! » (Lc 1,29). Le verbe grec diatarassô, διαταράσσω, dit le retournement, l’agitation intérieure et l’inquiétude qui la traverse ; l’araméen est encore plus fort puisqu’il évoque le cœur qui s’emballe ! Proprement, elle est SECOUÉE, mais comme elle appartient, comme elle est membre du CORPS de TOUT YiSseRâ‘éL, LIÉ à YHWH, elle sait que YHWH se manifeste par de telles secousses ! Du coup, elle sait interpréter l’ÉVÉNEMENT ! Et si elle se réjouit, ce n’est pas tant pour elle-même que pour TOUT LE CORPS auquel elle appartient ; pour tout ce CORPS dont elle reçoit l’HÉRITAGE pour le transmettre aux générations qui suivent !

Alors pour en rester à l’époque du roi MeNaShèH, par après, son petit-fils, le roi Yo’ShiYYâHOu / Josias corrigera le tir, de sorte que les scribes pourront enfin lui présenter les premiers linéaments du Deutéronome comme le livre de la TORâH de YHWH. Mais en attendant, restons en à la question du choix de YiSseRâ‘éL comme nom du nouveau peuple, du peuple ÉLU : si l’on veut que ce nom, non seulement soit reçu, mais encore PERDURE, comment faire ?

Je vous propose de voir ça dans la deuxième partie de cette vidéo.

Je vous remercie.
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