03-02-2015

[Ex] 6 - Quand les femmes entrent en résistance

Exode 1:0 par : Père Alain Dumont
Où l'on découvre quelles sont les origines probables de Moïse, un Fils de Lévy. Et où le récit nous montre comment les femmes tiennent leur rôle de Gardiennes de la Sagesse au moment où déferle la folie meurtrière de Pharaon.
Duration:14 minutes 40 secondes
Transcription du texte de la vidéo : http://www.bible-tutoriel.com/quand-les-femmes-entrent-en-resistance.html
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Citation : mentionner : © Père Alain Dumont, La Bible en Tutoriel, http://www.bible-tutoriel.com/ + titre de l'article
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Bonjour,

Nous nous sommes arrêtés la dernière fois sur cette phrase tellement importante du v. 8, au ch. 1 de l’Exode : « Alors s’est levé sur l’Égypte un nouveau roi qui n’a rien voulu savoir de Joseph. » , et c’est avec elle que nous commençons notre lecture du livre de l’Exode. Comme on l’a déjà dit au début de cette série de vidéos sur Moïse, les sept versets qui précèdent font la jointure avec le livre de la Genèse en nous expliquant tout simplement que les fils d’Israël se sont intégrés à la vie égyptienne, d’autant mieux d’ailleurs que d’aucuns sont devenus des hommes politiques importants. C’est un peu comme aujourd’hui : un juif est un champion, si l’on peut dire, de l’intégration. Un juif français se dira d’abord français, s’engagera dans la vie publique en tant que français, tout en ayant par ailleurs un mode de vie qui le rattache à ses traditions juives. Où est le problème ? C’est exactement la même chose pour les chrétiens.

Donc on nous explique que les fils d’Israël se sont intégrés en Égypte. Or, comme ça se reproduira un certain nombre de fois dans l’histoire, c’est là précisément ce que Pharaon leur reproche, dans la crainte de ne pas pouvoir les contrôler. Le texte poursuit au v. 9 : « Le Pharaon parla ainsi à son peuple : voici que le peuple des fils d’Israël est trop nombreux et trop fort pour nous. Allons, usons de ruse avec lui de peur qu’ils ne se multiplie et qu’une guerre survenant, il ne se joigne lui aussi à ceux qui nous haïssent, qu’il ne nous combatte et ne monte hors du pays ! », c’est-à-dire qu’il prenne sa liberté. Au demeurant, c’est Pharaon qui nous apprend que les fils d’Israël sont devenus un « peuple ». Et donc, de famille, ils sont devenus une véritable entité politique.

Quoi qu’il en soit, le v. 8 met en particulier en cause le Sanctuaire funéraire d’Aménophis, Fils de Hapou, et ses Administrateurs qui enseignent une doctrine qu’ils perçoivent comme un danger. Joseph  reste celui qui fédère les fils d’Israël, sans doute comme le garant de la tradition des pères.

Alors où sont-ils ? Comment les débusquer ? Eh bien, Pharaon peut les assimiler d’abord aux artisans de El-Amarna qui sont repartis dans le Nord après la mort de AKHENATÔN. Il peut tout à fait considérer que cette population, non seulement nombreuse mais dispersée dans le pays, représente une menace doctrinale — ce sont les UBRUS, les pestiférés qui relèvent de la faute d’AKHENATÔN, n’oublions pas —, et donc une menace politique. Dès lors, le procès devient celui de tous les collaborateurs de l’hérésie d’AKHENATÔN, avec une haine croissante.

Ainsi, il est vraisemblable que dans un premier temps, les UBRUS du Nord soient ceux que le Pharaon réquisitionne pour les villes entrepôt de Pithôm et de Ramsès. Pourquoi ? Non pas tant pour bâtir la ville, comme disent les traductions, que pour apporter leur savoir-faire en ce qui relève de la PÉTRIFICATION. Je vous rappelle que nous suivons ici l’intuition du professeur Joseph Davidovits. Le verbe en hébreu dit en effet littéralement, au v.11, que le peuple « pétrifia pour Pharaon les villes d’entrepôt ». C’est-à-dire qu’ils doivent mettre leur science des enduis, mis au point par Joseph-Aménophis, au service de l’édification des grenier et du creusement des citernes.

On imagine aisément alors que les fonctionnaires du Sanctuaire de Joseph-Aménophis s’inquiètent, a fortiori lorsque Pharaon décide de mettre à mort tous les premiers-nés des désormais fameux Hébreux, qui devient sans doute un nom générique pour tous les affiliés, de près ou de loin, à Joseph-Aménophis ; entendons par là, au moins en majorité, les Fils d’Israël.

Or le Grand Administrateur de l’époque pourrait bien être “AMeRaM, le père de Moïse — son nom est livré au ch. 6, v. 20. et là, ce n’est pas uniquement de la conjecture. La tradition, notamment celle rapportée par Flavius Josèphe, le grand historien de l’Antiquité juive du Ier siècle après J.-C., nous enseigne que “AMeRaM était un haut personnage de l’Égypte.

Qu’est-ce qui nous fait dire que “AMeRaM pouvait être le Grand Administrateur du Sanctuaire mémorial de Joseph-Aménophis ? Si vous vous souvenez, je vous ai dit que l’administration du Sanctuaire avait été confiée héréditairement aux fils de HéBY, l’un des frères connus de AMENOPHIS, FILS DE HAPOU dans l’historiographie égyptienne. Or en hiéroglyphes anciens, on n’écrit pas le “L”. Quand au ”V”, il se confond avec le ”B”, comme en espagnol. Dès lors, HeBY peut très bien se transcrire en LeVy, de sorte que ceux que l’historiographie égyptienne nomme les Fils de HeBy peuvent très légitimement être en réalité ceux que la bible nomme les Fils de LéVy, un des fils de Jacob dont est issue la tribu des Lévites. Dès lors, si l’on suit cette ligne d’interprétation, quand la Bible nous dit que “AMeRaM est fils de Lévy, ça le désigne comme Fils de HeBY. Or un fils de Héby haut personnage de l’Égypte a de grandes chance d’être le Grand Administrateur du Sanctuaire. Voire même le Grand-Prêtre, puisque la charge étant héréditaire et qu’il est aussi le père de Aaron,.

Moïse — appelons-le tout de suite Moïse, puisqu’on ne connaît pas le nom que “AMeRaM lui a donné — est son fils premier-né, et lorsqu’il apprend que tous les premiers-nés des Hébreux — dont il fait partie — doivent être mis à mort, il décide de le protéger en usant du stratagème de la corbeille. Qu’ensuite on nous dise que ce récit s’inspire de la mythologie akkadienne du roi Sargon n’empêche pas l’événement d’être réel ! D’autant plus que les liens entre les deux récits sont vraiment minimes. À part la corbeille étanchéifiée par le bitume contenant Sargon bébé, et envoyée suivre le courant de l’Euphrate, le reste de ce récit du IIIe siècle avant J.-C. ne correspond à rien de ce que la Torah nous rapporte du commencement de l’histoire de Moïse.

Si notre scénario est crédible, le courant du Nil, en partant de Karnak, peut très bien avoir poussé la corbeille jusqu’à l’un des harems de Pharaon plus au nord, comme celui de Fayoum — en passant d’ailleurs par le canal construit par Joseph-Aménophis, et qui y mène directement ! Surtout si de plus, comme le dit le Talmud, Myriam, la sœur de Moïse, guide la corbeille pour l’y amener. Tout ça est loin d’être invraisemblable.

Qu’il soit ensuite recueilli par une fille de Pharaon n’est pas non plus impossible. Rappelez-vous le principe selon lequel, lorsque l’homme tombe dans les ténèbres de la folie, la femme permet de rétablir l’équilibre en tenant son rôle de gardienne de la sagesse. On l’a vu notamment à propos de Juda, en Gn 38. Or la chose vaut aussi pour les nations. Et cela peut aussi jouer de père à fille. Donc, face à la folie meurtrière de son père, la fille de Pharaon tient son rôle de Gardienne de la Sagesse : elle adopte cet enfant et l’introduit ainsi à la cour, de sorte que Pharaon ne peut plus le tuer. Et cette vision de la femme Gardienne de la sagesse vaut aussi pour les accoucheuses : face à la folie meurtrière de l’homme, les accoucheuses se positionnent en faveur de la vie ! Elle craignent DIEU, non au sens d’une peur, mais au sens de la reconnaissance de son autorité. Et donc, entre la volonté de Pharaon et celle de DIEU, elles choisissent le parti de la vie, le parti de DIEU. Et DIEU les bénit, dit le texte : au milieu même de cette vague mortifère, elle engendrent une famille ! C’est exactement ce qui s’est passé dans les ghettos pendant la dernière guerre en Europe : jamais les femmes juives n’ont cessé d’enfanter, malgré les injonctions de mort ! Voilà un peuple vigoureux ! Au milieu des ténèbres, il est un trait de lumière qui met à bas toute tentative génocidaire, par sa seule présence, par sa volonté de subsister au Nom de DIEU, et donc d’engendrer, quoi qu’il en coûte.

D’ailleurs, dans sa folie, on constate, au v. 22, que le Pharaon va jusqu’à faire exterminer tous les premiers-nés de l’Égypte, y compris des égyptiens. Pourquoi ? Parce que dans le fond, ceux qu’il appelle les hébreux sont tellement intégrés dans la masse que s’il veut les exterminer, il est obligé, dans sa folie, d’étendre son décret à toute la population… Retenez bien ça, parce que nous y reviendrons par la suite à propos de l’ange exterminateur. Et l’histoire reprendra le même thème aves Hérode le Grand dont on sait la folie paranoïaque et qui n’hésitera pas à ordonner l’infanticide de tous les premiers-nés de Bethlehem à la naissance du Christ. C’est la même histoire de délivrance, de Salut rendu nécessaire face à la démence du péché parvenu au comble du mal qu’il est capable de provoquer. Là, c’est fantastique, parce que la Bible continue de nous asséner ce message auquel plus de 3000 ans après nos sociétés modernes refusent de comprendre à travers leurs idéologies : là où menace l’infanticide, c’est-à-dire le sommet de l’œuvre des ténèbres, la naissance d’un enfant sera toujours le signe de leur défaite. Eh bien, c’est encore et toujours le même message qui est livré ici. Et nos frères juifs ne l’oublieront jamais : quoi qu’en dise la mode d’aujourd’hui, la joie d’une femme juive, ce sont sa famille et ses enfants, et elles n’en ont aucune honte ! Elles en sont fières, parce qu’elles savent que le salut de leur peuple est dans leurs entrailles ! Alors évidemment, dans une société individualiste, ça paraît complètement absurde… Sauf que ça paye sur la durée : s’il y a un peuple qui a été persécuté, jusqu’à tenter de l’exterminer, c’est bien le peuple juif… et il est toujours là, alors que les grands empires pour qui l’engendrement devenait une maladie au lieu d’être un signe de vie, ces empires se sont tous effondrés. Et celui d’aujourd’hui, l’empire de la finance, né dans les années 80 avec la hantise de s’enrichir le plus possible et le plus vite possible en entraînant les populations à consommer sans discernement et en mettant en place un eugénisme mondial, cet empire subira le même sort s’il ne se convertit pas.

Voilà ce qui est inscrit dans l’acte des accoucheuses ! Rien d’anecdotique là-dedans ! C’est un véritable acte de résistance, et il est porté par des femmes ! Gardiennes de la sagesse… Et donc tout l’Exode est marqué par cet élan, qui ne vient pas de Moïse, regardez bien ! Moïse, c’est le sauveur de son peuple, d’accord. Celui qu’on met sous les feux de la rampe, d’accord. N’empêche que les premières qu’on voit prendre le chemin de la résistance, ce sont les femmes. Et elles ont raison, parce que c’est par elles que pourra naître le sauveur choisi par DIEU, et contre lequel Pharaon entraînera l’Égypte avec lui dans sa descente aux enfers ! Et déjà, vous avez, à travers ces femmes, la figure de l’importance que prend la vierge Marie dans l’histoire du Salut, elle par qui est engendré le Christ Jésus, le Messie promis.

Bref. Vous voyez en tout cas que la saga de Moïse, telle qu’elle est racontée dans le livre de l’Exode, n’est pas sans intérêt, dès le commencement. Elle est porteur d’un sens que tout le livre va déployer.

Je vous laisse relire paisiblement tout ce chapitre 1. Nous verrons la suite la prochaine fois.

Je vous remercie.
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