05-11-2014

[Gn] 5 - Dieu le bouclier d'Abraham

Genèse 15 par : Père Alain Dumont
"Abraham eut la foi et cela lui fut compté comme justice" (Gn 15,6), ou comment Abraham devient le père des croyants.
Rubrique :Abraham
Duration:14 minutes 54 secondes
Transcription du texte de la vidéo :

(Voir la vidéo : http://www.bible-tutoriel.com/dieu-le-bouclier-d-abraham.html )

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Pour une citation, mentionner : © Père Alain Dumont, La Bible en Tutorielhttp://www.bible-tutoriel.com/ + titre de l'article

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Bonjour,

Gn 13-14 nous a raconté l’histoire d’Abram comme celle d’un JUGE — le Juge de Mambré — allant secourir LOT, l’ancêtre des Moabites, en Jordanie actuelle. Aussi l’ancêtre des AMMONITES.

Mais surtout, nous avons vu qu’au retour de cette campagne, Abraham est béni par Melkhisedeq, le roi prêtre de Shalem, c.-à-d. traditionnellement de JÉRUSALEM qui devient la VILLE PHARE, irréformable, de la bénédiction de tous les enfants d’Abraham. Une bénédiction des Nations qui passe par Jérusalem ! C’est très fort, parce que le rassemblement de toutes les Nations à Jérusalem, signe de leur entrée dans l’élection, sera en réalité un rassemblement pour bénir Abraham, afin d’entrer dans l’élection selon la promesse.

Ce que le chrétiens font en suivant le Christ, par le Christ. Le Christ Jésus assume la bénédiction d’Abraham, non pour faire disparaître Abraham, mais pour exalter sa figure au contraire et permettre aux Nations d’entrer dans l’élection, dans l’UNIQUE élection : « le salut vient des juifs » dira Jésus à la Samaritaine ! Comment peut-on être chrétien et antisémite ? Incompréhensible ! C’est scier la branche sur laquelle on est assis en espérant que ce soit le tronc qui s’effondre !

Bref.

Nous retrouverons LOT un peu plus loin.

Pour l’instant, le récit se concentre sur Abram et va nous faire entrer dans une réalité qui découle de l’élection : la fameuse ALLIANCE dont on nous rebat les oreilles sans qu’on sache en général de quoi on parle…

Pour comprendre l’ALLIANCE, il faut se laisser enseigner par Gn 15, qui arrive là et pas avant, parce que sans l’élection préalable et l’établissement de la relation d’Abram avec les nations, on risque de susciter une espèce de jalousie malsaine du même type de Caïn et Abel : Pourquoi lui et pas moi ? On connaît les conséquences, qui ont été les mêmes vis-à-vis du Christ Jésus — là on pourrait dire que les juifs de l’époque ont eu peur de perdre l’élection —, mais qui ont encore été les mêmes vis-à-vis de la Shoah — là, les nations ont décidé qu’il était insupportable qu’un petit peuple soit élu au détriment de la race supposée supérieure ! Il faut avoir le courage de le dire.

Voilà que DIEU parle à Abram dans une VISION. Autant Abram avec LOT était un juge, c’est-à-dire un héros sauveur, autant à présent Abram est un prophète ! C’est la manière deutéronomiste de présenter les héros : ils sont tous prophètes, c’est-à-dire qu’ils œuvrent et parlent de la part de DIEU dans le monde. On aura la même chose pour Moïse, Samuel, Saül, David.

Le PROPHÈTE est un VOYANT. Ce qui est étrange, c’est d’ailleurs que « La parole advient à Abram dans une vision » Écouter, c’est voir ! Obéir, c’est voir en profondeur ! Enlevez l’Écoute, et vous ne voyez plus que l’extérieur des choses, le superficiel…

Première parole de la vision : « Ne crains pas, Abram : je suis ton bouclier ! » Les visions ne sont pas confortables ! Toujours une épreuve, parce que voir DIEU, c’est mourir ! Isaïe vivra terriblement ses visions, pour ne rien dire d’Ézéchiel qui en était proprement tétanisé ! L’expression est toujours l’introduction d’une grande révélation. On la retrouve adressée à tout le peuple à la fin de l’Exil (Is 43) ; on le retrouve dans l’annonce de Gabriel à Marie : « Ne crains pas, tu as trouvé grâce auprès de DIEU » (Lc 1,30).

« Ta récompense sera très grande » : oui, mais laquelle ? demande Abram. À quoi sert d’avoir une récompense très grande si je n’ai pas d’héritier ? Tout va passer à mon serviteur Damas Eliézer !

À nouveau, le Seigneur fait regarder Abram le ciel et lui promet une descendance aussi nombreuse que les étoiles dans le ciel. Soit dit en passant : le songe a lieu la nuit… encore un lieu dangereux de mort…

Alors survient un verset essentiel : le v. 6 : « ABRAM A EU FOI EN DIEU ET CELA LUI A ÉTÉ COMPTÉ COMME JUSTICE. » L’obéissance vaut mieux que tous les sacrifices ! dira Samuel à Saül. L’obéissance fait entrer dans la véritable foi qui est une écoute ! Dès que vous dites : « Oui mais… », cela veut dire que vous voulez garder la main ! Or si vraiment DIEU est un bouclier, vous pouvez le suivre sans crainte. Vous devez le suivre, LIBREMENT, sans crainte. On n’aime pas trop ça aujourd’hui. Tant pis pour ceux qui veulent rester des adolescents qui prétendent qu’ils sont libres tout en restant manger et dormir chez papa maman : avoir la foi, c’est prendre des risques ! Ceux qui veulent être maternés n’ont qu’à se faire bouddhistes pour se fondre dans le Grand Tout, la Terre-Mère, la Matrice, Gaïa, ce qu’ils veulent. Mais ils ne connaîtront jamais la puissance de l’élection où l’homme, plutôt que de disparaître, se trouve au contraire en se dépassant, mais il se trouve en se saisissant de la main de DIEU.

On peut dire que LÀ, Abram devient vraiment le PÈRE des croyants. Il prend un risque, et tous ceux qui seront engendrés par lui devront prendre le risque de la FOI. Ce verset reviendra régulièrement, jusque dans saint Paul, ou saint Jacques. (Ro 4,3.9.22 ; Ga 3,6 ; Jc 2,23 / Is 41,8… Le prophète Habacuc dira : LE JUSTE VIVRA PAR SA FOI (Hab 2,4). Comme un naufragé, diront les rabbins, qui aperçoit un tronc flottant sur l’eau près de la rive : il saisit le tronc, et non les branches ! Abram saisit DIEU par la FOI qui est OBÉISSANCE. Toute la Torah ne sera donnée que pour permettre de saisir ce tronc, comme un Arbre de VIE. La TORAH, voilà la récompense d’Abram ! Voilà en réalité sa vraie TERRE. Mais il ne saurait y avoir de TORAH sans une histoire d’engendrements, car la TORAH n’est pas un trésor qu’on garde dans un coffre-fort, mais un livre où l’homme se découvre en ALLIANCE avec DIEU, une ALLIANCE exigeante, une ALLIANCE virile, qui va de l’avant, non point pour combattre à l’extérieur, mais pour combattre le combat de la VIE, le combat intérieur. Le combat de l’AMITIÉ !

C’est ce que va dire Isaïe, en reprenant cet épisode pour dire à Israël qu’il est le fruit, la descendance d’une amitié spirituelle qui s’enracine tout entière sur ce moment ou Abram obéit à DIEU : Is 41,8-10.

Suit alors une titulature divine : « Je suis le Seigneur qui t’ai fait sortir d’OUR des Chaldéens pour te donner cette terre en possession. » Même Abram est « sorti » des Nations, comme d’un esclavage : « Je suis le Seigneur qui t’ai fais sortir de la terre d’Égypte », une « terre d’esclavage »… Comme si Israël était tombé de OUR en EGYPTE comme on tombe de CHARYBDE en SILLA. Mais DIEU est son bouclier. Il le manifeste comme Abram qui est allé sortir LOT de son emprisonnement : DIEU est un DIEU qui FAIT SORTIR, qui met en marche, quitte pour cela à déstabiliser ceux qui mettent leur foi en LUI.